Fyctia
Fausse Utopie
Je plisse les yeux, éblouis par toutes ces étincelles d’or.
- Noooon ! Entends-je au loin de Léon, qui semble s’éloigner à travers ce monde lumineux qui me transporte…
Je sens mon corps partir. Une faiblesse soudaine me heurte. De lourds vertiges font tourner ma tête. Je n’arrive plus à tenir debout : je m’écrase donc sur le sol. Mes membres tremblent tant la faiblesse est immense… Ma respiration est courte… Difficile…
Je ferme les yeux et m’allongent. Une chaleur réconfortante m’entoure de ses bras lumineux. Je me laisse bercer par cette magnifique et tendre lueur. Tout semble déjà mieux. Tout va enfin changer. Mon utopie sera enfin réelle.
***
Je me réveille. Il fait sombre. Très sombre. Je n’arrive même pas à cerner les détails des pierres qui constituent le mur. Je me frotte la douloureuse tête, cligne plusieurs fois des yeux comme si de la poussière s’y était incrustée et tente de me lever. Je tombe une fois. Mes jambes sont faibles et tremblantes. Je me rassoie et prend un petit temps pour les étirer afin de les réveiller. Je constate de même que j’ai très faim et soif. Je retente de me lever. Je tombe une deuxième fois. Il faut bien que j’arrive à me mettre debout un jour ou l'autre ! Je soupire alors un bon coup, prend un grand élan puis arrive enfin à aboutir à mon premier but. J’en profite pour étirer le reste de mon corps, engourdit à cause de je ne sais quelle raison.
Je regarde par la fenêtre : le ciel est gris. Mais pas d’un gris digne d’un temps pluvieux. Non. Gris, presque noir, comme s’il n’y avait pas de soleil mais plutôt une lune omniprésente. C’est très étrange… Je m’attendais à me retrouver dans un monde fort ensoleillé, recouvert de beautés colorées et de natures d’une grande pureté. Ne tirons pas de conclusion trop hâtive… Peut-être que l’extérieur est merveilleux, en toute réalité, peut-être sommes-nous encore la nuit ! Il faut que j’aille voir cela, que je contemple un éventuel nouveau paysage.
Je fais un pas en avant. Quelque chose craque sous mon pied. Curieuse, je baisse mon regard.
Oh mon Dieu…
Un squelette humain !
De désagréables frissons traversent tout mon corps. Je sens également des vertiges dominer mon esprit. Ma vision se trouble légèrement. Je me sens très mal à l’aise face à cette image morbide… Tant pis ! Peu importe mon état ! Il faut que je rencontre ce nouveau monde.
Je prends alors un grand souffle puis continue à avancer, tentant d’ignorer ce squelette allongé sur le sol. Mais une peur m’envahit lorsque j’accède au couloir. Ce dernier est encore plus sombre que la pièce du grimoire. Seulement quelques flambeaux sont allumés : mais ces derniers ne font pas un feu orange ou jaune, comme cela se fait normalement, mais un feu violet qui n’éclaire que peu les environs. Je marche donc doucement à travers ce mystérieux corridor. Le silence est si grand, si angoissant, que j’entends mon cœur battre à vive allure contre ma poitrine. Je tremble de plus en plus. Je scrute les moins recoins qui m’entourent, appréhendant une quelconque et horrible apparition ; car, il faut le dire, cet endroit est parfait pour être une cachette des plus sombres créatures.
Au bout de longues minutes, j’atteins enfin les escaliers pour monter au rez-de-chaussée. Tandis qu’une exhalaison de lumières blanches devrait dompter le haut de ces marches, un éclairage presque rouge se dessine sur le sol abîmé. Voilà qui est de plus en plus angoissant…
Je sors des escaliers, timidement, appréhendant encore une apparition soudaine d’une quelconque créature.
En face de moi se dresse une fenêtre à moitié détruite. Je fonce vers cette dernière, beaucoup trop curieuse de voir ce que l’extérieur me réserve : peut-être est-il moins affolant que cette lumière et ce sombre couloir ? Je le souhaite…
J’arrive auprès de l’ouverture.
Ô… Seigneur…
L’extérieur est encore plus effrayant que l’intérieur… Le paysage semble être dévasté par une immense vague de flammes : tout est brûlé, anéanti en cendre. Quelques restes d’arbres se laissent mourir par le manque d’eau et de soleil. La nature a complètement disparu. Et beaucoup d’habitations lointaines aussi. Par ailleurs, il n’y a pas de signe d’une quelconque forme de vie. Tout est vide, noir, sombre. Une brise glaciale souffle sur les lieux.
Ce n’est pas du tout ce que je souhaitais… Ce n’est pas l’utopie dont je rêvais ! Ce que je voulais, c’était un monde merveilleux où j’aurais été une princesse comblée, errant à travers une forêt prospérant de belles fleurs et des merveilles primitives. Un monde où j’aurais pu aimer l’homme que j’aurais souhaité, un homme dont mon cœur en serait tombé fou amoureux, un homme qui m’aurait considéré comme sa grande splendeur. Un monde où les lois ne seraient pas strictes et trop religieuses…
Je suis tombée dans un monde qui est pire que celui que j’avais…
Pourquoi ? Pourquoi ça… ? On m’avait dit que ce grimoire ensorcelé nous permettrait d’accéder à nos rêves… Etait-ce un mensonge… ?
Je me laisse tomber au sol, totalement désespérée. Je me mets à sangloter, à pleurer de grosses gouttes. Qu’est-ce-que j’ai fait… ? Comment repartir en arrière ? Je veux revenir à mon ancien monde… Peu importe si je dois épouser le prince Léon, au moins, là-bas, il y avait de la nature… D’ailleurs, où sont-ils… ?
Je suis totalement prise par la peine. Mon cœur bat douloureusement. Qu’est-ce-que j’ai fait… ? Je ne suis qu’une idiote, une trop niaise pour avoir cru que j’aurais pu accéder à un monde meilleur que celui que j’avais…
Tandis que je me laissais tomber dans un terrible sanglot, je lève tout à coup la tête : j’entends des pas. Des pas rapides, sûrs, fermes. Ils s’approchent de moi. J’ai peur… Qui cela peut bien être… ? Je prie pour que ce soit mes parents, ou bien Léon ou encore mon valet…
Mon cœur bat de plus en plus vite quand les pas se rapprochent…
Je suis pétrifiée. Glacée. Affolée. Ce ne sont ni mes parents, ni Léon, ni mon valet, ni ma femme de chambre. Ce n’est pas une personne que je connais. C’est un individu fort effrayant…
1 commentaire
CindyBerville
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Il y a 9 ans