Fyctia
30-Mettre en lumière (3)
Voyant Sarah glisser son pendentif dans son sac à dos, l’enseignant se lève d’un bond, paniqué.
— Que faites-vous !? s’exclame-t-il. Vous ne pouvez pas emporter cet objet avec vous !
— Pourquoi pas ?
— J’ai besoin de lui pour pratiquer mon art.
— Et ainsi chercher à me corrompre une fois de plus ? Non merci ! Apprenez à vivre comme ceux que vous qualifiez de minables, cela vous ramènera les pieds sur terre. Si vous tentez quoique ce soit contre moi, je le pulvérise. Suis-je assez claire pour vous ?
Estomaqué par la détermination farouche de l’adolescente, l’homme l’observe, immobile. Il comprend qu’il l’a sous-estimé. Certes, elle ne saisit pas encore dans quoi elle met les pieds, mais elle apprend vite ! Dans très peu de temps, lorsqu’elle aura assimilé les méandres complexes de l’univers de la magie, elle deviendra puissante.
Peut-être même la plus puissante de tous.
Dans l’esprit calculateur de l’homme, cela ne veut dire qu’une chose : il doit choisir son camp.
Être l’ennemi d’une grande sorcière n’est pas envisageable. Surtout lorsqu’elle possède sa source de pouvoir. Un seul choix se présente donc et il ne souhaite pas voir passer sa chance. Déterminé, il s’avance ainsi en direction de Sarah et étend son bras d’un geste sec, interceptant la pointe du coupe-papier qu’elle tient toujours.
La douleur est saisissante lorsque l’objet cisaille sa paume, mais aucun son ne s’échappe de sa gorge. À la place, il se concentre sur l’énergie qui l’habite et profite de la proximité de son pendentif pour faire appel à sa magie. L’objet brille alors de mille feux à l’intérieur du sac de l’adolescente. Profitant de l’effet de surprise, le professeur prend la parole avant que Sarah ne puisse agir.
— Moi, Adrien Spellman, grand mage blanc, fait appel à la mère Lumière comme témoin pour cette promesse d’allégeance à Sarah ci-présente. Je lui jure d’être l’outil de sa volonté, et ce jusqu’à ce que la mort me libère.
Figée par une force invisible, Sarah assiste à l’étrange discours qui a pour effet de faire chauffer le médaillon serti dans sa poitrine. Consciente de la force qui entoure cette étonnante promesse, elle en reconnaît la sincérité. Néanmoins, un combat intérieur débute en elle.
« Cet homme cherche juste à récupérer son pendentif. Il trahira sa promesse et tu regretteras de lui avoir accordé ta confiance. », suggère son côté sombre.
« Un mage ne trahira pas une promesse faite à l’essence même de sa magie. Tu auras besoin d’une personne de confiance à tes cotés. Même Ava ne s’est pas commise à une telle promesse à ton égard. », continue sa conscience.
« Seule, tu n’iras nulle part. Tu dois apprendre à utiliser ta force mentale. La personnalité humaine n’est jamais unique. Chacun traîne une part de noirceur plus ou moins importante. », complète une nouvelle voix dans son esprit.
Perdue parmi ces pensées plus ou moins opposées, Sarah tente de choisir son chemin. Certes, l’idée de conserver le pendentif lui apparaît comme un choix sécuritaire, mais d’autres viendront la pourchasser en réalisant cet affront. Si, au contraire, elle lui remet, rien ne lui dit qu’il ne trouvera pas un moyen de l’atteindre. Évidemment, s’il dit vrai, sa présence serait un atout indéniable, lui qui semble connaître cet univers tout nouveau pour elle.
Que faire ?
Devant l’adolescente, Adrien reste immobile, faisant pression sur la blessure qu’il s’est infligé. Son regard gris est posé sur elle, avide d’une réplique, mais il n’insiste pas plus. Après un moment à réfléchir, Sarah glisse la main dans son sac et en retire le papier, ressentant la chaleur qui s’en dégage. Inquiète, elle décide néanmoins de tester une hypothèse qui vient de naître dans son esprit.
Lentement, elle déplie la feuille et expose la petite pyramide. D’une main tremblante, elle pose ensuite ses doigts sur l’objet. Celui-ci brille alors intensément, comme s’il s’opposait à son toucher, mais aucune douleur ne survient. Rassurée, elle décide donc de prendre l’objet dans sa paume pour l’analyser sous le regard ahuri de son propriétaire.
— Comment est-ce possible !? s’exclame celui-ci. Ces pendentifs ne peuvent être manipulés par des adeptes d’une magie opposée à la leur ! Pardonnez mon audace, mais je doute que votre allégeance soit envers la mère Lumière.
— Je n’ai aucune allégeance. Comme vous vous en doutez, j’ai été en contact avec la magie noire, mais je n’en suis pas une adepte. J’essaie simplement de trouver ma route.
— Et cette ombre qui m’a attaqué tout à l’heure, comment avez-vous fait ?
— Je n’en ai pas la moindre idée. Je crains ces choses depuis mon enfance et aujourd’hui elles se révèlent à moi sous un nouveau jour. Puis-je vous demandez quelque chose ?
— Je vous ai promis mon support inconditionnel, alors oui.
— Avez-vous connu une certaine Samantha Black ?
— Évidemment. La communauté toute entière la connaît ! Elle était sur le point de découvrir une nouvelle manière de puiser dans l’essence de la magie. Elle a toutefois disparue subitement sans laisser aucune trace.
— Elle n’est pas disparue, elle a été assassinée. Inutile de douter de mon affirmation puisqu’elle était ma grand-mère.
— Attendez, vous êtes sa descendante !? Elle n’avait pourtant aucun enfant actif dans la communauté magique.
— Ma mère ne pratiquait pas la magie. En fait, elle a toujours détesté sa mère pour une raison qui m’échappait. Je comprends à présent qu’elle voulait me tenir éloignée de cet univers.
— Cette information change tout ! D’autres personnes sont-elles au courant de vos liens familiaux ?
— Je suis orpheline depuis mes dix ans, donc rares sont les personnes qui connaissent mes racines.
— Je vous suggère de les cacher à tout le monde. Certaines personnes seraient prêtes à tout pour mettre la main sur les connaissances de votre famille !
— Comme vous par exemple ? ose lancer Sarah sur un ton méfiant.
— Je ne savais rien sur vous jusqu’ici, donc ce n’était pas mon intention. Toutefois, je reconnais l’existence d’une tentation. Même des adeptes de la magie blanche seraient prêts à mettre de côté leur principes pour obtenir plus de puissance. Zadriel en est un bon exemple malheureusement.
— Pourquoi dites-vous cela ? Qu’a-t-il fait pour mériter une telle réputation ?
— Il a utilisé sa magie contre sa fratrie, voilà ce qu’il a fait.
— Dans quel objectif ?
— Prouver sa supériorité, tout simplement.
— Ne croyez-vous pas qu’il avait une raison plus profonde ? Peut-être a-t-il été menacé ?
— Je l’aurais su.
— Comment pouvez-vous en être aussi certain ?
— Si je vous dis que son nom complet est Zadriel Spellman, cela vous éclaire ?
— C’est votre fils !?
— Mon petit-fils en fait, mais c’est tout comme.
Devant l’air étonné de Sarah, l’homme s’empresse de compléter.
— Je sais, je vous parais relativement jeune, mais je foule cette terre depuis plus d’un siècle. La magie, lorsque pratiquée sans exagération, procure certains avantages.
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Lyaure
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Sylvie Marchal
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La Plume d'Ellen
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