Fyctia
29-Mettre en lumière (2)
Se rappelant la réaction d’Ava vis-à-vis de son médaillon, Sarah hésite à saisir celui du professeur. Le coupe-papier toujours à la main, Sarah en glisse donc la pointe le long de son cou et intercepte la chaîne qu’elle retire lentement. Alors que la lame glisse sur la peau tendre de l’homme, de folles images apparaissent dans sa tête.
Un simple petit coup et cet arrogant personnage ne pourra plus lui faire de mal.
« Personne ne vous a vu entrer ici, profites-en pour te débarrasser de ce minable ! », lui suggère la partie sombre de sa conscience.
« Un meurtre n’est pas une bonne façon de passer inaperçue, tentes plutôt d’en apprendre plus sur lui. », propose son autre moitié.
Confuse, l’adolescente hésite un moment, la petite pyramide étincelante oscillant au bout de sa fine chaîne toujours pendue sur la lame tendue devant elle. Hypnotisée par l’objet, elle ne remarque pas immédiatement les mouvements de l’homme toujours étendu à quelques pas d’elle. Toutefois, lorsque ce dernier se lève, elle se prépare au pire. Dans l’obscurité maintenant maîtresse de la pièce, les symboles redeviennent clair dans son esprit.
Seulement quelques mots et cet endroit sera la tombe de son ennemi.
Sur le visage de l’homme, toute confiance a disparue. Ses traits sont distordus par la peur et la frayeur est évidente dans ses yeux hagards. Ses mains sont maintenant tendues devant lui et elles tremblent sans aucune retenue.
— Je vous en prie, attendez ! lance-t-il d’une voix paniquée. Je ne vous veux aucun mal.
— Pourquoi avoir tenté de vous introduire dans mon esprit dans ce cas ? répond Sarah d’un ton dur.
— Pour comprendre cette force qui vous anime. Je vous croyais adepte de la magie noire et donc dangereuse pour nous tous. Ce que vous venez de me faire démontre toutefois que je me trompe sur votre sujet.
— Pourquoi cette soudaine prise de conscience ? À ce que je sache, je n’ai rien fait de mal jusqu’ici avant de devoir simplement me défendre contre votre intrusion.
— Pardonnez-moi de devoir vous le dire aussi sec, mais vous ne savez clairement pas grand-chose de la magie. Lorsque vous étiez avec ce garçon, j’ai senti ce désir en vous de lui faire du mal suite à ses propos. Entre adeptes de la magie, nous ressentons ce genre de chose.
— Ceci n’explique pas la méthode employée. Vous avez tenté de vous introduire dans mon esprit !
— Je reconnais mon erreur, mais j’étais certain que vous représentiez un risque pour nous.
— De quel « nous » êtes vous en train de parler ? Je n’ai rien fait de mal à quiconque ici. Depuis mon arrivée hier, je ne cesse de me faire harceler par une bande d’idiots. Je n’ai fait que répliquer à leur attaque avec des mots, sans plus.
— Je me fiche du sort de ces imbéciles. Mes craintes concernent ma grande famille, pas ces minables.
— Votre discours me dégoûte, monsieur le professeur. Cette arrogance envers les étudiants, aussi méchants soient-ils avec moi, est inacceptable. Qu’est-ce qui vous permet de vous croire supérieur à eux ?
— Regardez en vous et dites-moi que vous ne vous sentez pas plus grande qu’eux. Ce que vous venez de me faire subir me montre à quel point une grande puissance vous habite. En un claquement de doigts, vous pourriez sans doute les détruire sans qu’ils sachent ce qui leur arrive.
— Et alors ? Je ne me sens aucunement supérieure à eux pour autant. Au contraire, je serais encore plus minable qu’eux si je devais abuser de ma force sur eux. Sachez que je n’ai même pas besoin de cette magie pour leur faire regretter leurs actions. Vous n’avez clairement pas lu mon dossier si vous en doutez !
— Dans ce cas, auriez-vous l’obligeance de me redonner mon pendentif ?
— Vous me prenez pour une idiote !? Je suis peut-être ignare dans le domaine, mais j’ai compris que ces pendentifs sont nécessaires à la manipulation de votre magie. J’ose croire que sans cet objet, vous ne représenterez plus une menace pour moi.
À la vue du visage déconfit de l’enseignant, Sarah sait qu’elle vient de toucher une corde sensible. Sur sa poitrine, le médaillon dégage alors une douce chaleur qui lui confirme une fois de plus son hypothèse. Avec un sourire sadique, l’adolescente laisse donc tomber le pendentif pyramidal sur le sol et pose la semelle de sa chaussure sur le fragile artefact, provoquant un hoquet d’horreur de l’homme encore au sol.
— Non ! Ne faites pas ça ! hurle-t-il à plein poumons. Si vous le détruisez, la magie me consumera en quelques secondes et vous aurez ma mort sur la conscience. Sans parler des conséquences légales pour vous s’être responsable de la mort d’un de vos enseignants !
— Et qu’est-ce qui vous dit que cela m’inquiète ? J’ai déjà eu de nombreux démêlés avec la justice et je me suis toujours tirée d’affaire. Aujourd’hui n’est qu’une journée parmi tant d’autres pour moi.
— Je vous en supplie, réfléchissez avant de prendre un chemin qui vous mènera à votre perte. Je ne suis pas seul ici, mes amis vous pourchasserons sans relâche si vous m’éliminer.
— Je suppose que vous parlez de Zadriel ?
La surprise sur les traits du professeur se mélange très mal avec la peur qui déforme déjà son visage. Fière de l’effet de ses paroles, Sarah l’observe avec un air triomphant alors qu’il tente de s’éloigner d’elle, butant contre la bibliothèque.
— Comment connaissez-vous ce nom !? balbutie avec peine l’homme visiblement terrifié.
— Je l’ai rencontré ce matin et il m’a aidé. Lui au moins a été gentil avec moi et il a pourtant été témoin de la noirceur qui habite mon esprit. Vous pouvez le remercier, il a évité un carnage qui allait avoir lieu.
— Croyez-moi, Zadriel n’a rien d’un ange. Il a été chassé de notre famille il y a longtemps déjà pour des gestes horribles envers sa propre fratrie. Ce que je vous ai fait n’est rien comparativement à ce dont il est capable pour atteindre ses fins.
Accablée par les propos de l’homme, Sarah applique une pression grandissante sur le pendentif. Elle ne s’interrompt que lorsqu’un crissement se fait entendre, provoquant un hoquet d’horreur chez le professeur.
— Arrêtez, je vous en prie. Je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider à sortir vivante de cette situation qui échappe à votre entendement. Vous semblez unique et je crois que plusieurs personnes convoitent ce pouvoir qui vous habite. Sans une aide judicieuse, vous êtes perdue.
— J’ai déjà une personne de confiance pour m’aider. Elle au moins n’a pas essayé de corrompre mon esprit et elle ne cherche pas à m’étourdir avec des propos troublants sur toutes les personnes que je rencontre. Je consens à vous épargner, mais je refuse de croire en vos propos incohérents. Évitez de croiser ma route et tout ira pour le mieux pour nous deux !
Sur ces mots, Sarah saisit un papier sur le bureau du professeur et le dépose sur le pendentif avant de le chiffonner en boule serrée. Elle glisse ensuite le tout dans son sac sous le regard ahuri du professeur.
À suivre...
11 commentaires
Lyaure
-
Il y a 2 ans
cedemro
-
Il y a 2 ans
Sylvie Marchal
-
Il y a 2 ans
cedemro
-
Il y a 2 ans
La Plume d'Ellen
-
Il y a 2 ans
cedemro
-
Il y a 2 ans
Hell-vixen
-
Il y a 2 ans
cedemro
-
Il y a 2 ans
Jess Swann
-
Il y a 2 ans
cedemro
-
Il y a 2 ans