Jeanne F. LA MULE ET LE HERISSON CHINE 8

CHINE 8

Je retire ma main de la sienne, que je trouve plutôt douce, et commence à partir en arrière vers la porte. Je suis intimidée tout à coup.


- Heu, et bien, à ce soir alors.


Il me sourit, un peu moqueur et hoche la tête.


- Oui, à ce soir.


J'ouvre la porte et m'apprête à partir quand il me rappelle.


- Attendez. Tenez, ma carte, il y a mon numéro personnel dessus. Si vous vous perdez, appelez-moi, et j'accours.


Je prends la carte, gênée. Ses manières sont d'un autre temps, mais elles me plaisent énormément. J'ai l'impression d'être unique à ses yeux. Ce type est vraiment étrange et moi je suis en train de le devenir.


- Merci. Je dois y aller si je veux avoir tout fini pour ce soir.


Je lui fais un petit signe de la main et me précipite hors de son bureau. J'ai les joues en feu et je suis redevenue l'adolescente innocente et naïve que j'étais avant. Cette sensation est étrange, mais agréable malgré tout.


Je remonte dans la suite pour récupérer la carte de crédit et une veste. Pendant que je me prépare pour sortir, on frappe à la porte.


- Madame, vous avez demandé le service pressing ?


Et bien, c'est du rapide.


- Oui, je vous apporte les affaires à repasser. Elles sont propres, mais froissées, il parait.


Je me précipite dans la chambre et récupère les affaires de "petite nouille". Voilà, une tâche de barrée sur ma liste, maintenant les courses.


Je sors de l’hôtel et je suis submergé par cette frénésie ambiante. Il y a beaucoup de monde, mais l’épicerie se situe dans un quartier un plus calme. « L’épicurien » est le paradis du chic et du cher. Tout est hors de prix, et j’ai énormément de scrupule à acheter un paquet de pâte le triple de son prix en France. Mais, puisque petite nouille, veut du français, et bien qu’il en paie le prix. Je passe un temps infini à convertir le dollar de Hongkong en euro, mais cela vaut le coup, car voir la note de monsieur, exploser pour quelques minables course. Je garde bien précieusement le ticket et ressors satisfaite de mes achats. En rentrant, je flâne et je reste en admiration devant les vitrines de luxe. Mon téléphone se met à sonner, je décroche en soupirant. « Petite nouille » à besoin de moi ?


- Vous êtes où ?


C’est un maniaque, il me pose souvent cette question, comme si je pouvais m’évaporer dans les airs.


- Je fais vos courses.


- Très bien, je viens de vous envoyer par mail, la première réunion, vous pouvez m’en faire un résumé, cela suffira. Vous êtes dehors ?


- Oui, je fais vos courses.


- Vous n’avez pas appelé Ralph ?


L’image du grincheux psychopathe me vient en tête.


- Non, je me suis débrouillée toute seule, comme une grande.


- Appelez Ralph, qu’il vienne vous chercher, vous allez vous perdre.


Merci, pour la confiance.


- Non, pas la peine, je rentre à l’hôtel en ce moment même. J’ai un plan, je ne me perdrais pas.


- Vous savez lire un plan ?


- Mais, c’est que monsieur est de mauvaise humeur ce matin ! Il me vexerait presque.


- Oui, je sais lire un plan. Et de plus, Alban, m’a tout expliquer et tout noter sur la carte, je ne peux pas me perdre.


Silence radio au bout du fil.


- Alban, c’est qui celui-là ?


- Le directeur de l’hôtel. D’ailleurs il est charmant ce monsieur. Il m’a beaucoup aidé ce matin.


- Alban, le directeur de l’hôtel vous a aidé ?


Monsieur est dur de l'oreille ce matin ?


- Oui, il m’a aidé à trouver une épicerie et d’autres choses très intéressantes.


- Quelles choses intéressantes ?


- Vous êtes de la police ?


Je l’entends grogner au bout du téléphone, il marmonne.


- Quoi ? Je n’ai rien compris à ce que vous me dites.


Re-marmonnage, puis enfin une phrase intelligible.


- On en reparlera tout à l’heure pendant le repas. Au fait, je vous veux en robe et talon. Si je vous vois arriver avec un jean et la reine des neiges sur les seins, je vous déshabille sur place.


Je déteste quand il fait cela. Il ne demande pas, il ordonne, et attend qu’on lui obéisse. Donc je prends ma voix la plus diplomatique que j’ai à mon répertoire.


- J’aimerais vous rappeler qu’avant d’être votre assistante, j’étais votre technicienne de surface personnelle, et que par conséquent, ma tenue vestimentaire se résumait à ce ridicule uniforme gris et blanc que vous me forciez à porter.


- Et cela veut dire quoi ?


- Cela veut dire, Monsieur, que je n’ai que des jeans et tee-shirts, et point de robe ni fanfreluche et encore moins de talons équilles.


- Vous êtes une femme ou quoi ? Toutes les femmes ont des robes et des dessous sexy !


- Non-monsieur, je n’ai pas de robes. Et au sujet de mes dessous, permettez-moi de garder le mystère quant à cette facette de ma personne.


Un petit silence se fait entendre.


- Vous portez des dessous sexy sous vos jeans ?


Cette conversation ne rime à rien et commence à me mettre mal à l’aise.


- Cela ne vous regarde pas. La seule chose que vous devez savoir, c’est que je n’ai pas de robes et par conséquent je porterais ce que j’ai sur le dos que cela vous plaise ou non.


- Allez vous acheter des robes et des talons. Les clients aiment avoir une belle femme en face d’eux.

Euh, il me considère comme une belle femme ?


- Une belle femme ? Vous me faites un compliment ?


- Bien sûr que non ! je suis persuadé que certains hommes doivent aimer les petites maigrichonnes à chevelure de lionne comme vous. Vous n’êtes absolument pas mon style de femme. Par contre, vous êtes parfaites pour les repas d’affaires, alors arrêter de discuter et allez vous habiller.


Cela m’aurait étonné qu’il soit aimable plus de deux secondes celui-là.


- Bien, chef. Quel budget m’accordez-vous pour mes tenues de travail ?


Il râle de plus belle.


- Vous croyez que j’ai le temps de parler chiffons avec vous ? Vous prenez ce que vous voulez. Je m’en fiche.


- Bien, comme il vous plaira, son altesse Sérénissime.


Grognements incompréhensibles, puis sa voix claque comme un glaçon sur la paroi d’un verre de mojito.


- Vous êtes pénible. Prenez ce que vous voulez, et je vous interdis de me donner des surnoms débiles.


Oups, s’il connaissait son véritable surnom, je pense qu’il me tordrait le cou. Croisons les doigts pour qu’il ne le découvre jamais.


Le bip de mon téléphone m'indique qu'il vient encore de me raccrocher au nez. Ce type n'a aucune éducation. Je soupire et me résous à trouver un magasin pour m'acheter des vêtements dignes de "petite nouille".


Je repère la chose de l'autre côte de la rue, et après plusieurs essayages menaient tambour pattant, je rentre à la suite chargée comme une mule. Je range en vitesse et passe me changer pour ce fameux repas. J'enfile une petite robe à fleurs noire et rouge, des talons rouges, puis je me coiffe et me maquille soigneusement.

Opération transformation en parfaite assistante effectuée. Je ne suis finalement pas si mal que cela déguisée en véritable femme. Je souris au miroir, me tourne, pour admirer mes courbes de face, profil et de dos.


La porte sonne et me fait sursauter, je regarde l'heure et c'est d'un pas trainant que je vais ouvrir.

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6 commentaires

FeizaBabouche

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Il y a 6 ans

Mdrrr c'est marrant de te retrouver avec un langage très soutenu sans pour autant rendre cela lourd et lointain ^^ C'est même très drôle. Hâte de lire la suittte

molly reagan

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Il y a 6 ans

Merci a petite nouille d'avoir rendu mon insomnie meilleure!!

Caro Handon

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Il y a 7 ans

Ravie d’avoir pris du temps pr retrouver petite nouille (c’est étrange dit comme ça ^^). J’adore toujours autant :D

Catherine kakine

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Il y a 7 ans

Je pense qu'il va en avoir la mâchoire qui tombe MDR

Jeanne F.

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Il y a 7 ans

Je crois, qu'il va nous faire un petit caprice, ou bien il la séquestre. je ne sais pas encore.

WadeWilla

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Il y a 7 ans

Hâte de voir la réaction de petite nouille par rapport à la robe, et quand il saura pour le rendez-vous. J'adore
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