Fyctia
LA CHINE 7
Bon, ce n'est pas tout, s'apitoyer sur son sort ne réglera pas le problème de la liste de choses à faire.
Premièrement, m'habiller, puis, direction l'accueil de l'hôtel.
Un jean et un tee-shirt plus tard, j'ai devant moi une femme et des centaines de bagages, qui me donne envie de tout exploser. Cela fait dix bonnes minutes, qu'elle disserte sur, je ne sais trop quoi, avec mon réceptionniste. Elle parle, et reparle devant ce brave homme, qui hoche la tête, le regard dans le vide. Je m'impatiente et regarde ma montre. L'heure tourne et je n'ai pas rayé une seule ligne de cette satanée liste de travaux. Je souffle, tape du pied, et lève les yeux au ciel. Le réceptionniste le remarque et me lance un regard désolé, puis, il reprend avec cette cliente de malheur. Je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent, mais je sais une chose, cette femme est une plaie ambulante. Ma liste toujours en main, je me demande si je ne devrais pas taper sur l'épaule de cette chipie pour lui dire qu'elle nous gonfle terriblement, et que ses problèmes elle peut les régler ailleurs et surtout me rendre mon réceptionniste.
- Madame, puis-je vous aider ?
Je sursaute et me retourne. Un homme en costume me fait face. Il est très élégant et me sourit aimablement. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je lui montre ma liste, et lui explique rapidement.
- Oui, je pense que vous pouvez m'aider. Je m'appelle Agathe, je suis l'assistance de monsieur Victor Taner, suite 504.
À l'évocation de monsieur "petite nouille", l'homme sourit franchement et hoche la tête.
- Ho, Monsieur Taner, oui, bien sûr. Que puis-je pour votre service ?
- Eh bien ; dans un premier temps, avez-vous un service pressing, ou bien un fer à repasser à me prêter ?
Il me fixe un peu étonné.
- Nous avons un service pressing effectivement, vous voulez que je fasse monter quelqu'un ?
- Heu, oui, s'il vous plait. Par contre, il me faudrait au moins un costume pour ce soir. Je sais que je vous prends aux dépourvues, mais ce serait gentil à vous de bien vouloir accéder à ma demande.
De nouveau ce sourire, puis, il incline la tête.
- Ce sera fait, ne vous inquiétez pas. Autre chose peut-être ?
Je le trouve très sympathique ce type.
- Merci. Mais, vous vous appelez comment ?
- Je suis Alban Gauvin, le directeur de l'hôtel.
Je suis surprise. Un directeur d'hôtel qui vient faire le travail de réceptionniste, ce n'est pas banal.
- Ho ! Et bien, je suis enchantée, votre hôtel est magnifique, tout simplement superbe, propre et bien tenu.
- Merci, Mademoiselle.
Il me regarde étonner.
- Je suis sincère.
- Mais je vous crois, mademoiselle.
Je lui souris un peu gênée.
- Vous pourriez m'indiquer une épicerie occidentale s'il vous plait ?
Il réfléchit, puis redevient sérieux.
- Le restaurant de l'hôtel ne vous convient pas ?
Oups. La gaffe.
- Je suppose qu'il me conviendrait, parfaitement, mais j'ai un patron un peu bizarre, il aime bien me faire cuisiner de temps en temps. Mais rassurez-vous, je ne manquerais pas de venir manger dans votre restaurant avant la fin de mon séjour ici. Je suis sûre que ce sera parfait.
Voilà, brossage de poils effectué, car il me sourit de nouveau.
- Il y a une épicerie fine à quelques pâtés de maison d'ici. Venez avec moi, je vais vous donner un plan. Ou bien, voulez-vous une voiture pour vous y conduire ?
Je secoue la main, un sourire aux lèvres.
- Non, c'est gentil, mais je veux marcher. Je ne connais pas Hongkong et j'aimerais pouvoir visiter la ville. Même, si ce n'est que quelques pâtés de maisons.
Avec sa main, il m'indique une porte près de l'ascenseur.
- Si vous voulez venir avec moi, je vais vous indiquer le chemin.
Il est drôlement sympathique et plutôt beau garçon aussi. Avec lui, j'ai l'impression d'être une princesse, ou une carafe en cristal de baccara, enfin, un truc fragile et précieux. Je le suis un peu intimidée, mais sereine.
Dans son bureau, il farfouille dans ses tiroirs, en sort une carte, la déplie devant moi, puis vient se coller à moi, un stylo rouge à la main.
- Bien ! nous sommes ici.
Il fait un gros point rouge sur la carte, puis me regarde. Je hoche la tête.
- OK.
Il reporte son attention sur ladite carte et continue à tracer en pointillé, le chemin pour aller à l'épicerie.
- Vous devez tourner à droite, puis tout droit, traverser ici, et prendre à gauche et deux rues plus loin, vous êtes arrivée. La boutique a une façade noire et s'appelle "l'épicurien", vous ne pouvez pas la manquer.
Je suis son doigt sur la carte, et hoche la tête.
- OK, j'ai compris. Ce n'est pas loin.
- Non, effectivement.
Je reporte mon attention sur lui et remarque qu'il me fixe un peu trop longtemps, le regard interrogateur.
Je récupère la carte et me recule un peu.
- Merci beaucoup pour le renseignement, et pour la carte. Je vous la ramène dès que j'ai fini.
- Non, gardez là, j'en ai d'autres, ne vous inquiétez pas.
Je lui souris, et lui trouve un charme certain. Cela change de l'autre babouin qui me sert de patron.
- Une dernière chose. Où trouve-t-on du thé de qualité dans cette ville ? C'est pour un cadeau.
Il plisse ses beaux yeux bleus, se pince les lèvres et me souris, un peu incertain.
- Je connais un endroit où l'on trouve du thé exceptionnel, mais ce n'est pas un endroit pour vous.
Ha ! une boutique de thé n'est pas pour moi ? Je le regarde un peu perdu.
- Pourquoi ?
- Que faites-vous ce soir ?
Il me prend un peu au dépourvu.
- Heu, rien, je crois.
- Alors, laissez-moi vous y amener. Je pourrais vous prendre à dix-neuf heures par exemple, et vous servir de chevalier servant ?
Je pense qu'à cet instant, je dois avoir la tête d'un poisson farci. Il me fait la cour, façon mille neuf cent où je me trompe ?
- Vous voulez sortir avec moi ce soir ?
Il me sourit, incertain et un brin gêné.
- Oui, j'aimerais beaucoup passer un peu de temps avec vous.
J'ouvre la bouche, étonnée. Est-ce que j'ai envie de passer du temps avec lui ? En fait, je n'étais pas venu à la base pour me faire draguer, mais contre toute attente ce type plein de bonnes manières et attentionné me rassure. Je n'ai pas peur avec lui, en fait. Et je pense que j'aimerais sortir avec lui. Et c'est d'une petite voix que je lui réponds.
- D'accord, pour ce soir dix-neuf heures.
Son sourire s'élargit et il me prend la main pour la serrer.
- J'en suis ravie. Donc à ce soir, je passerais vous prendre.
Je suis sur un petit nuage, mon cœur va s'envoler d'allégresse. Je me vois moi, dans une petite robe à fleurs ouvrant la porte, et lui, devant moi, ses cheveux noirs en arrière et le regard bleu pétillant et heureux de me voir apparaitre. Puis, derrière lui, l'ascenseur qui s'ouvre et "petite nouille" avec son caractère de chien en cavale, arrive, le regard bouillant de rage. Mince, il ne faut pas qu'il soit au courant, et c'est presque en criant que je lui réponds.
- Non ! je serais en bas à l'accueil, pas la peine que vous montiez.
4 commentaires
FeizaBabouche
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Il y a 6 ans
Catherine kakine
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Il y a 7 ans
Anna montale
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Il y a 7 ans
WadeWilla
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Il y a 7 ans