Jeanne F. LA MULE ET LE HERISSON PROMOTION (1)

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Une sonnerie qui me fait sursauter, une fois, deux fois. Mais qui m'appelle à quatre heures du matin ? Peut-être une urgence, maman ou bien papa. Je me précipite et prends mon téléphone, sur l'écran, un nom "petite nouille" et mince, mon patron ! Mais qu'est-ce qu'il lui prend à celui-là de m'appeler à cette heure ? Il ne dort pas ? Je décroche de mauvaise humeur.


- Oui ?


- Putain, mais vous foutez quoi ?


Il ne parle pas, il hurle.


- Je dors !


- Je vous appelle et vous dormez ? Mais ce n'est pas possible. Bon on s'en fou de toute façon. Rappliquez, je suis à l'hôtel du centre chambre 335, ramenez-vous avec des tenailles ou des pinces, enfin des trucs pour couper du fer, de quoi m'habiller aussi. Venez avec Ralph, il doit être en bas de l'immeuble.



Mon cerveau encore embué de sommeil a du mal à analyser la situation.


- Mais pourquoi, vous ne l'appeler pas directement Ralph ?


Ralph me fait un peu peur, c'est son garde du corps et il me regarde toujours d'un œil méchant et pas très avenant.


- Parce que je ne peux pas, espèce de gourde.


- Ho Ho, on se calme, les insultes vous vous les gardez, sinon je démissionne vite fait bien fait !



Sa voix est étouffée, comme lointaine. Je ne saisis pas bien la situation.


- OK, on se calme, mais faite vite, c'est une urgence !


À contrecœur, je me redresse complètement et tout en levant les yeux au ciel je souffle.


- OK, j'arrive, mais je vous préviens, ce n'est pas gratuit, je vous compte ces heures en double.


Je l'entends qui grommelle des insultes dans sa barbe.


- Comme vous voulez, mais faites vite.


Je raccroche avant qu'il ne m'incendie une fois de plus. Puis je me traine à la salle de bain pour récupérer mon jean et un tee-shirt à l'effigie de la reine des neiges, cadeaux de ma petite nièce. Je n'ai pas le temps de me maquiller, j'attache, juste mes cheveux en queue de cheval.


Bon, maintenant, mission pince coupante ou je ne sais trop quoi.


Je sors de mon appartement pour passer dans celui de monsieur mitraillette à ordre.


Je suis persuadée qu'il n'a pas ce genre de matériel ici. Monsieur n'est absolument pas bricoleur. Dans la buanderie je fouille et trouve de simples pinces coupantes.


Je vais demander à Léni, le réceptionniste, s'il n'y aura pas cela dans l'immeuble.


En me dirigeant vers le dressing de monsieur, j'appelle la réception.


- Oui, ma beauté, matinale ce matin !


- Salut, Léni. Comment va mon étudiant préféré ?


- Toujours bien, quand il entend ta voix.


Je pouffe, de plaisir. Chaque fois que nous nous croisons, nous nous amusons à ce petit jeu de séduction.


- Léni, est-ce que tu aurais des tenailles quelque part, dans ta trousse à outils ?


- Des tenailles ? C'est sexuel ?


Je rigole une nouvelle fois.


- Mais non, monsieur, "petite nouille" veut des tenailles pour couper du fer.


- À quatre heures du matin ?


- Oui, ne me demande pas pourquoi, je n’en sais pas plus ! Est-ce que tu en as ?


Pendant que je décroche un costume et une chemise, je sens Léni réfléchir.


- Je pense pouvoir te trouver ça. Passe à la réception d'ici cinq minutes et je te donnerais ça.


- OK, merci, Léni, tu me sauves la vie !


- Mais de rien, ma belle, pour toi, je décrocherais la lune.


- Moi aussi Léni, je t'aime à la folie. À tout à l'heure.


Je raccroche un sourire aux lèvres. Lui parler me donne toujours la pêche.


Je prends un sac, y dépose une paire de chaussures, un caleçon, des chaussettes et la pince coupante.


Je me chausse et descends à la réception récupérer les tenailles.


Léni me les tend avec des gestes cérémonieux.


- Pour ma belle, des tenailles. En espérant, que vous en ferez bon usage, gente dame.


Je lui rends son sourire, et prends les tenailles.


- Merci bel inconnu. Votre cadeau me va droit au cœur et ne vous en faites pas, je vais en faire bon usage. Peut-être vais-je découper une petite nouille en morceau avec.

Il se met à rire.


- Et bien bonne découpe Mademoiselle.


Je le salue de la tête et prends l'ascenseur pour récupérer ma voiture. Direction, l'hôtel du centre.


Mais qu'est-ce qu'il fiche là-bas ?


Arrivée sur place je me gare et cherche des yeux le quatre quatre du cerbère. Je le repère de l'autre côté de la rue. Je traverse, et tout en m'approchant, la vitre teintée descend, et un Ralph bougon apparait. Il a les sourcils froncés et fixe mes tenailles.


- Qu'est-ce que vous faites ici vous ?


Toujours, aussi aimable, celui-là.


- Monsieur Rochester a besoin de vous et il a besoin de ces tenailles. Il faut que nous alliions chambre 335.


Il me regarde surpris.


- Comment cela, il a besoin de moi, et il ne m'a pas appelé ?


Je hausse les épaules.


- Je ne sais pas, il m'a appelé il y a une demi-heure pour que je vienne lui apporter tout cela et venir vous chercher.


Je le vois sauter hors du véhicule en position d'attaque. Je me recule prudemment. Ce type a une case en moins.


- Il doit y avoir un problème, suivez-moi. Restez bien derrière moi s'il vous plait.


Je hoche la tête, il ne faut pas le contrarier quand il est dans cet état. Donc je le suis, le sac dans une main et les tenailles dans l'autre.


Dans le hall d'entrée, nous nous dirigeons directement vers l'ascenseur sous les yeux exorbités du réceptionniste qui commence à tendre la main vers le téléphone, sûrement pour avertir le vigile.


- Mission de sécurité, ne vous inquiétez pas, je gère la situation !


Ralph, une main levée en direction du réceptionniste stoppe net l'élan de celui-ci.


Je le suis, et entre dans l'ascenseur. Je me sens à l'étroit dans cette boite, avec monsieur pas de neurone.


- Qu'est-ce qu'il vous a dit exactement ?


Je sursaute au son de sa voix.


- Ben, ce que je vous ai dit, de rappliquer avec des tenailles et des vêtements, c'est tout. Il m'a hurlé dessus, mais à part cela rien d'autre.


Ralph, prend son téléphone, le regard inquiet.


- Mince, sur messagerie, il ne me répond pas !


- Qui cela ?


Il me lance un regard désespéré en roulant des yeux.


- Et bien le boss. Il faut suivre un peu là !


Il reprend son téléphone, la mine sombre.


- Ce n'est pas normal !


Je le vois ouvrir son veston et prendre un pistolet.


Il me fait quoi ? J'écarquille les yeux et me recule au fond de l'ascenseur, les yeux fixés sur sa pétrolette.


- Mais, qu'est-ce qu'il vous prend ? Vous allez tuer quelqu'un avec ce truc !


Il ne m'entend même pas, les portes s'ouvrent et il se jette hors de l'ascenseur, je le suis tant bien que mal, mes tenailles en main.


Je le vois frapper à la porte 335, une fois, deux fois, puis il se recule et comme dans les films, se jette, épaule la première sur la malheureuse porte qui s'écroule sous son poids.


J'ouvre la bouche de stupeur, et me précipite à sa suite. Je vous le dis, ce type est fou. J'enjambe la pauvre porte à terre et me retrouve dans une suite d'enfer. Le décor est somptueux, crème et bleu pâle. Un canapé, une télé immense, un bar digne des plus grands restaurants et plus loin une terrasse immense.


- Ici ! je suis ici ! ...... Putain, vous en avez mis du temps !

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12 commentaires

Dilva

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Il y a 6 ans

J'aime bien la dimension loufoque qui s'en dégage!

Amelia & Nine

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Il y a 7 ans

Je profite de ma pause déjeuner pour commencer ma lecture :)

FeizaBabouche

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Il y a 7 ans

Je paries qu'il en fait des tonnes pour rien lol

Catherine kakine

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Il y a 7 ans

Et bien ma foi c'est une belle introduction qui nous emmène déjà à supposer pleins de chose

WadeWilla

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Il y a 7 ans

J'adore ! Hâte de voir dans quelle situation il se trouve

Sophie Toddie

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Il y a 7 ans

On démarre dans le vif de l’action, j’adore ! Je suis curieuse de voir à quoi vont servir ces tenailles... :)

Jeanne F.

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Il y a 7 ans

Je ne suis pas sûre, dans les hôtels ont doit en voir de toute les couleurs.

Caro Handon

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Il y a 7 ans

Eh bien, c'est une situation pour le moins cocasse :)

Jeanne F.

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Il y a 7 ans

J'espère, c'est une histoire un peu loufoque que je vous prépare.

Laureline Maumelat

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Il y a 7 ans

Ahh, excellent toujours ce sens de la répartie de fou ! On visualise déjà le tableau, ça promet !
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