Fyctia

Julia

Ce n’est pas possible !! J’attends encore un peu et…

Elle reprend le cours de la conversation, mais juste pour me quitter poliment en m’informant l’arrivée d’une de ses amies. Je n’y crois absolument pas.

Elle m’a planté là, ma colère monte. Je ne comprends rien ! Ça n’avait pas l’air de la déranger que je sois lesbienne au début de notre conversation ! Et là, un mur ! Elle voulait juste assouvir une curiosité malsaine ou quoi ?! Du coup je me mets à ranger l’appart pour passer cette colère qui m’emporte. Elle doit penser que je suis une désaxée, une pédophile et qu’on ne devrait pas confier ses enfants à des gens comme moi ! Et dire que ça existe des gens qui pensent ça ! elle n’a même pas le courage de le dire ! Elle invente un prétexte bidon ! Ça me rend folle !

Cela fait déjà deux heures que je travaille sur la préparation de mes cours. Mais très vite mes pensées se tournent vers cette discussion avec Dali et mon humeur s’obscurcit, mon visage se ferme. De toute façon, les sites de rencontres, c’est vraiment une belle connerie !

Et je me remets au travail pour noyer toutes pensées négatives et inutiles…

Quand je regarde l’heure, il est 18h30, je terminerai demain soir les derniers préparatifs pour mardi.

Puis j'appelle ma mère. Je la laisse me parler des nouvelles du quartier. Elle n’a pas trop d’amies, même si je l’incite à aller dans des associations pour sortir de chez elle.

A peine j’ai raccroché avec ma mère, je décide d’appeler Céline. Il faut que je parle à quelqu’un, Céline me semble la meilleure personne. Elle est toujours de bons conseils.

Je lui raconte ma déception des sites et surtout de la réaction de Dali, des à priori. Celle-ci se montre plus modérée et compréhensible que moi. Elle m’explique que ce que je crois n’est peut-être pas la réalité. Que Dali n’est sans doute pas outrée par ma révélation et qu’elle avait sans doute à faire. C’est juste mal tombé.

Après ce coup de fil, je suis plus apaisée. Dans la soirée je me connecte sur le site. Je vois un message de Dali qui s’excuse, et qui m’explique que si j’ai eu l’impression qu’elle était choquée, ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, elle apprécie nos conversations et elle serait peinée de ne plus parler avec moi. Ça me soulage.

Je suis stupéfaite ! Je ne m’attendais pas du tout à ça… Je refusais d’espérer quoi que ce soit de peur d’être déçue… Je souris. En plus elle s’est rendu compte que j’étais fâchée !

je lui réponds que son message me soulage et que je pensais vraiment qu'elle était choquée.

Arrive 22h30, je baille. Je suis fatiguée et demain nouvelle semaine commence !! Le sommeil me gagne rapidement… pour une fois, je ne vais pas cogiter pendant une heure…

CLARA

Je décide d'envoyer un message à Julia/Sonia, j'ai senti son agacement.

« Coucou Sonia,

Pardon de t’avoir quitté comme ça, mais ne pense pas que ta révélation m’ait choqué. Pas du tout. De plus j’aime beaucoup parler avec toi. Et je n’ai rien contre les lesbiennes. Je m’excuse si j’ai pu te blesser, mais ce n’était pas mon intention. J’espère que tu reprendras contact avec moi, ce serait trop bête d’arrêter de se parler !

Bisous, Dali »

Il est 16 heures et Alex ne revient qu’à 21 heures, que vais-je bien pouvoir faire de moi jusqu’à ce qu’elle arrive et me change les idées en me racontant tout ce qu’elle a fait avec son père ?

Je prends le plaid et me couche sur le divan, j’espère retrouver un peu de sérénité dans une sieste, mais en vain. Je ferme mes yeux, ma tête, elle continue de cogiter. Je la revois, son sourire éclatant, son regard cristallin, une façon particulière de mettre ses cheveux derrière son oreille. Je reste prostrée, mes yeux fixent le plafond, je suis encore troublée par notre discussion. Je me lève et regarde par la fenêtre, il fait beau, nous sommes en septembre. C’est encore un peu l’été. Il faut que je bouge, je vais aller courir, ça me changera les idées. Il y a un parc près de chez moi, on peut courir tranquille.

Munie de mon portable et de mes clés. Je sors, je sens la tiède chaleur du soleil sur mon visage.

Je mets mes oreillettes et la musique démarre, j’entame mes premiers pas de course. Vider ma tête, ne plus penser et me concentrer sur mes pas sur le bitume. J’arrive au parc, je prends le petit chemin pour continuer ma course, je me sens mieux, le sport m’a toujours fait un bien fou.

Après cette sortie sportive, j’ai faim. Je mange sur le bar de la cuisine en regardant la télé.

Après avoir débarrasser, je prends mon roman.

C’est un roman de Guillaume Musso, la fille de papier, j’ai déjà lu les deux premiers chapitres, et je suis pressée de m’y remettre. L’histoire est intéressante, ce que j’ai lu donne envie de connaître la suite.

Je suis au début du troisième chapitre quand mon portable se met à sonner.

— Allo, un peu inquiète, je ne suis jamais rassurée quand je reçois un coup de fil et qu’Alex n’est pas avec moi.

— Allo, maman !

— C’est toi ma chérie

— Oui c'est moi, papa m'a dit de te dire que l'on arriverait à l'heure, ca roule bien.

— Super, je t'attends de pieds fermes, tu m'as manquée !

— Toi heu ... aussi , dit-elle en riant.

– Ah bon je préfère ca, à tout à l’heure, bisous.

– Bisous maman.

Je me remets à mon roman, mais j’ai du mal à me concentrer sur les mots. Mon esprit navigue et je me remets à penser à Sonia/Julia. Si elle répond à mon message, comment vais-je faire pour gérer nos discussions ? Je ne peux décemment pas reparler avec elle dans ces conditions… ce serait mal honnête de ma part, déjà de devoir la voir tous les jours à l’école … Et j’y pensais plus mais y a cette sortie. J’ai promis à Alex que j’y participerai !

Ce serait tellement simple si, elle était « il », je ne poserais pas autant de questions, je serais heureuse de le(la) voir demain. Cette attirance me fait peur. J'ai une boule au milieu de l'estomac.

Quand j’entends la voiture s’arrêter devant l’entrée, je reprends un peu de contenance et me dirige vers la porte afin d’accueillir Alex. Je suis heureuse qu’elle rentre enfin, elle va me divertir et me changer les idées.

— coucou maman, c’est nous !

Il était 21H05, Marc emboîte le pas à notre fille, il est rayonnant. Il me dépose un bisou sur ma joue et me dit :

— Voilà, je te ramène notre fille saine et sauve !

— Ca c’est bien passé, alors ce week-end tous les deux.

— oui, mes parents étaient enchantés de la voir, ils l’ont gâtée tu verras entre les fringues, les bonbons…

Je me retourne vers Alex :

— alors tu t’es bien amusé avec papa ?

— Oh oui, j’ai fait le parcours le plus difficile en accro branche, c’était génial et puis ….

Elle continue à m’expliquer toute son épopée au parc d’attraction. Marc est parti après avoir bu un café en ma compagnie.