Fyctia
Chapitre 15
JULIA
Je suis rentrée défaite, un peu ivre aussi. Même si ma soirée a été bonne, la rencontre inopinée avec Clara m’a un peu déboussolée. Je me suis endormie en pensant à elle. Les étoiles dansent dans ses yeux, et les souvenirs se mêlent à l’obscurité de la nuit. Je revois Clara, sa silhouette gracieuse, son sourire énigmatique. Les mots échangés, les regards furtifs – tout cela tourbillonne dans l’espace de mes pensées. Je ferme les yeux, laissant le rêve de Clara m’emporter vers des horizons inconnus.
je ne voulais pas me réveiller j’étais si bien mais ma courte nuit était terminée.
Assise devant mon ordinateur, les doigts effleurant les touches du clavier, je me plonge dans le message que m’avait laissé Dali. Elle ne savait pas encore que cette simple interaction allait bouleverser nos vies.
Dali est sortie hier soir, Je lui réponds que son message m’a ravi et que moi aussi j’étais absente hier soir. Et le temps que j’écrive, comme une coïncidence, je vois un petit « coucou » s’afficher. Nous commençons à échanger sur nos soirées respectives. Je lui raconte donc ma surprise de revoir la femme qui hante mes pensées pendant cette sortie. Qu’elle était accompagnée d’un homme, et que j’étais très déçue. Dali essaye de me remonter le moral : que l’évidence n’est peut-être pas la vérité, et que cet homme n’est sans doute qu’un ami. Mon histoire à l’air vraiment de l’intriguée. Quand je lui dis l’avoir vue le jeudi à mon travail et que je sentais son regard sur moi, comme si elle me déshabillait du regard. Qu’elle m’a encore fixée pendant la soirée. Et qu’elle semblait gênée, troublée lors de notre discussion.
Elle me pose des questions auxquelles j’hésite à répondre :
Clara - Tu l’as rencontrée à ton travail ? Mais elle bosse avec toi cette femme ?
Ça m’ennuie qu’elle me pose des questions sur Clara et pas sur les faits ou sur son attitude. mais elle insiste :
Clara - Mais c’est qui cette femme alors ? Puisque tu la rencontres à ton travail, … ?
Que faire ? Je comprends sa curiosité mais je n’ai pas envie de commettre d’impair… Je vois qu’elle pianote sur son clavier alors j’attends… Peut-être va-t-elle me poser des questions qui m’arrangeront davantage ! Et ce qu’elle écrit me presque fait rire :
Clara - Tu ne travailles quand même pas dans les services secrets pour que tu ne veuilles pas me dire dans quel cadre tu la rencontres ? lol ! Puisque ce n’est pas une de tes collègues, qui est-ce ?
Je lui fais comprendre que je préfère ne pas trop parler de mon travail. Mais elle insiste en parlant de confiance et surtout à qui le raconterait-elle, puisqu’elle ne me connait pas réellement. C’est vrai, je ne risque rien, après tout.
Julia - Eh bien, c’est une femme qui vient chercher sa fille à l’école…
Je n’ai pas le temps de continuer qu’elle m’a déjà écrit.
Clara - Tu es instit ??
Julia - Oui, ça ne te choque pas que je sois lesbienne et instit ??
Je sens un nœud me tordre l’estomac. Elle va penser que je suis une désaxée voir même une pédophile !!
Clara - Ben non ! Et tu as quel niveau de classe ?
Ouf, question étrange, quel rapport le niveau ? je lui précise quand même et j’attends sa nouvelle question. Mais rien… En fait elle est choquée ?! Non, ce n’est pas possible !! J’attends encore un peu et…
Elle reprend le cours de la conversation, mais juste pour la quitter poliment en m’informant l’arrivée d’une de ses amies. Je n’y crois absolument pas.
***********************
Clara
Le coup de fil de Marie me sort de ma léthargie après une nuit agitée, pleine de rêves et de pensées envahissantes qui ont perturbés mon sommeil. Elle voulait en savoir plus sur mon attitude étrange d’hier. Pourquoi je n’avais pas laissé sa chance à Paul ?
— Alors ma belle, tu n’as pas craqué sur le beau mec, mais qu’est-ce qu’il te faut, Brad Pitt ?
Si je savais seulement ce dont j’ai besoin ?
— je ne sais plus où j’en suis. Je ne suis pas prête, je crois.
— Pas prête, arrête tes conneries, allez ça fait combien de temps que t’as pas serré quelqu’un dans tes bras ? Je te pose la question mais je le sais. Depuis Marc.
- Ça ne te regarde pas, d’abord ! Et je ne suis pas comme toi. Il me faut un coup de cœur, du sentimental. Je suis vieux jeu sans doute.
Tout en parlant, je me ballade dans le salon, en gesticulant, toujours dans mes explications. Mes yeux se posent alors sur l’ordinateur, Sonia vient de se connecter. Donc j’expédie Marie avec une excuse bateau mais elle n’est pas dupe et me fait promettre d’en reparler bientôt. Je raccroche après lui avoir promis une discussion franche.
C’est étrange comme on devient accro. Nos échanges étaient devenus importants, je ne savais pas vraiment pourquoi ? Légers au début, des banalités échangées comme des sourires dans un café, puis au fil des semaines, ils étaient devenue plus intimes. On parlait de tout et de rien, de la pluie qui martelait les fenêtres, des étoiles qui scintillaient et de nos vies, de nos rêves, de nos peurs.
Aujourd’hui, Julia se confie sur sa soirée et l’étrange rencontre avec cette femme qui l’attire énormément. Elle me dévoile ses espoirs et ses doutes. Cette conversation m’intéresse énormément. Son attirance pour cette femme dont elle pensait que rien ne les rapprocherait. Parce qu’elle était divorcée donc forcément hétéro. Et pourtant tous les signes qu’elle lançait contredisaient cette version. J’ai l’impression de vivre la même chose à l’envers.
Si Julia voit cette femme dans le cadre de son travail mais que cette personne n’y travaille pas, qui est-elle ? Julia hésite à me répondre puis elle se livre enfin, après que j’ai un peu forcé les choses en insistant lourdement. Les mots s’étalent sur l’écran, je les observe, les lis. Sa dulcinée est la mère d’une de ses élèves. Les mots tournoient dans ma tête. Ce n’est pas possible ! Je tape fiévreusement ma question :
Clara -Tu es instit ?
Elle me répond que, Oui. Et quand je demande le niveau de sa classe, je sens, je sais que Sonia n’est autre que Julia. Evidement ça ne peut être que ça. Elle a revu cette femme au resto comme moi j’ai revu Julia dans un resto, le même soir. Tout ses éléments concordent, c’est épouvantable et merveilleux.
Je m’effondre sur mon siège, je ne sais plus quoi dire, je suis en train de parler avec une femme qui me fait tourner la tête, et je viens d’apprendre que je lui plais… enfin c’est une bonne nouvelle en soi … mais comment vais-je faire maintenant ?
Je mets un moment pour me reprendre, Julia m’interroge sur mon silence, si cela me choque. Qu’elle regrette d’avoir parlé.
Je ne trouve pas de mots, j’essaie de la rassurer mais il faut que je me déconnecte et que je réfléchisse.
Comment lui parlé encore alors que je sais ce que je sais ? Ce ne serait pas honnête.
Je quitte la connexion en prétextant l’arrivée d’une amie qui vient déjeuner chez moi. Je ne crois pas qu’elle m’a cru ; mais il faut vraiment que je réfléchisse.
0 commentaire