Fyctia
Chapitre 14b
Julia
Tout en me dirigeant vers ma table, je suis troublée par ma rencontre inattendue avec Clara. Je me demande pourquoi Clara a fui après un simple bonsoir et si cela signifie quelque chose de plus profond. J’aimerai que mon intuition soit la bonne. Que Clara découvre qu’elle peut être attirée par les femmes, et cela lui fait peur. Je me perds dans ses pensées, analysant chaque détail de notre brève interaction, espérant y trouver des indices sur les intentions de Clara.
De retour, Je retrouve mes amies qui commencent à me taquiner. Elles me demandent avec insistance si Clara me plait, cela me laisse à la fois amusée et embarrassée par leurs sous-entendus. Je me sens un peu gênée par leurs taquineries. Je rougis légèrement, esquissant un sourire timide tout en essayant de changer de sujet pour échapper à leurs questions indiscrètes. Mais elles reviennent à la charge, j’essaie la décontraction afin qu’elles me lâchent enfin :
« Non mais Alice ! Tu as vraiment cru que j’allais aux toilettes pour lui répéter ta critique ? » Et j’explose d’un rire forcé.
J’espère avoir clos le débat mais je ne peux m’empêcher de jeter un œil à la table de Clara. Manu vient me parler dans l’oreille.
— Elle te plait ma parole et ne me dit pas que ce n’est pas vrai, je ne te croirais pas.
Je tente de convaincre Manu que mon intérêt pour Clara est purement dû à la curiosité. Mais elle n’est pas dupe. Elle observe nos échanges, nos regards furtifs et comprend qu’il y a plus que de la simple curiosité. Dans un geste calculé, elle se montre intentionnellement tactile avec moi, cherchant à provoquer une réaction chez Clara, à déceler un signe de jalousie ou d’intérêt qui confirmerait ses soupçons sur l’existence de sentiments plus profonds.
Les gestes tactiles de Manu créent une opportunité pour moi, et me permets d’observer la réaction de Clara. Je me serre plus près d’elle. C’est une situation qui peut révéler beaucoup sur ses sentiments potentiels. Je reste attentive mais discrète. Enfin c’est ce que je croyais jusqu’à ce que nos regards se télescopent. Manu qui n’en perd pas une miette s’exclame :
—Ce regard perçant n’est-elle pas une preuve éclatante qu’elle n’est pas indifférente. Peut-être même une pointe de jalousie. Allez, avoues, elle t’a tapé dans l’œil la maman de ton élève ?
La remarque de Manu me frappe de plein fouet, me faisant prendre conscience de la complexité de la situation. En tant qu’institutrice, je suis soudainement confrontée à l’éthique professionnelle et aux implications d’un tel intérêt. Cela soulève des questions délicates sur les limites entre vie personnelle et responsabilités professionnelles. Je me retrouve à naviguer dans un territoire incertain, où les sentiments personnels entrent en collision avec le devoir.
Je réponds à Manu sans y croire moi-même que jamais je ne sortirai avec une mère d’un de mes élèves, trop de problèmes.
Je reviens vers la discussion plus légère des autres filles, laissant Manu sur sa faim. Même si je ne peux m’empêcher de mater la table de Clara, D’ailleurs dès qu’elles s’en aperçoivent, leurs plaisanterie se rabattent sur moi, et elles rient de me voir si gênée.
Je ris avec elle, même si c’est de moi. Quand un bruit se fait entendre, je tourne la tête. C’est Clara et ses amis qui s’en vont. Elle me regarde… alors je plonge mes yeux dans les siens et lui souris. Elle continue de me regarder alors que les autres avancent. Alice voyant cela dit assez fort :
— Mais c’est qu’elle te mate aussi la maman !
Les autres filles éclatent de rire ce qui ne me plait pas. Je jette un regard noir à Alice et lui fais signe de la main de se taire. Je me tourne de nouveau vers Clara mais ils sont sortis.
— Allez c’est pour rire Julia !
— Je sais bien mais parfois vous n’êtes pas très discrètes.
La soirée se poursuit. Je suis parfois complètement ailleurs, rêvant de Clara… Me posant des questions. Pourquoi est-elle partie précipitamment ? Était-elle troublée ? Est-ce moi qui la rends nerveuse ? Ai-je une chance ? Comment ferai-je avec Héloïse ? Et le flot de questions continua cette soirée-là y compris dans mon sommeil…
CLARA
Elle ne va rien comprendre. J’ai fuis comme une adolescente. Je suis une adulte, une femme accomplie, mais en cet instant, j’ai agi comme une prude effarouchée. Est-ce le hasard ou le destin qui nous a réunies ici ? Je ne sais pas, mais je suis captivée. Julia, cette énigme vivante, m’attire irrésistiblement. Je me demande ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent. Peut-être que nos chemins se croisent pour bonne raison. Mais elle est l’institutrice de ma fille, et je n’ose pas imaginer les cancans si l’on devait avoir une relation. Mais comme je me précipite, rêve qui pourrait finir en cauchemar. Est-ce que je peux seulement me projeter dans une relation avec une femme ?
Je reste un instant immobile devant la porte, pour me reprendre avant de rejoindre mes amis. Je repasse devant la table de ses amies et je ralentis pour entendre ce qu’elles peuvent bien se raconter. Mais ce ne sont que des bribes de phrases qui me parviennent aux oreilles.
Lorsque j’arrive à ma table, les trois convives sont en train de décider de la suite de la soirée. Je m’installe et aussitôt, Paul remet son bras autour de moi. Je peste intérieurement.
—Et si on allait danser propose Michel.
Je fixe Marie, la suppliant du regard de trouver un moyen d’écourter la soirée et surtout de refuser la proposition de Michel. Les lumières tamisées, les conversations enchevêtrées, tout cela me semble bien trop pesant. Je préfère les silences aux paroles forcées, les retraits, aux danses imposées.
Je crois que Marie a compris et propose un ciné. Ce n’est pas ce que je voulais lui faire comprendre. Mais c’est toujours mieux que la boîte de nuit.
Je ne veux pas danser, surtout que Paul ne m’attire pas. J’ai juste envie de rentrer. Les lumières tamisées, les écrans géants, les sièges confortables – tout cela me semble bien plus accueillant que la piste de danse. Paul, avec son sourire insistant, tente de me convaincre, mais mon cœur n’y est pas. Je préfère les dialogues des films aux conversations maladroites.
Au moment du choix du film, je crie presque trop fort : « Je vote pour un film d’action. » Pensant que ce genre de film intéresserait Paul et qu’il serait donc plus concentré par le film que par moi. Marie me fait les gros yeux :
—tu détestes ce genre de film !
J’énonce un argument pour qu’elle lâche l’affaire. Tout le monde acquiesce. Je suis soulagée. Vivement la fin de cette soirée.
Je remarque que Julia, du fond du restaurant, m’observe discrètement pendant que je parle avec mes amies. C’est incroyable comme sa présence me trouble. Ses yeux, tels des aimants, se posent sur moi, et je sens mon cœur s’emballer. Les conversations autour de moi s’estompent, et je me perds dans ce jeu de regards. Julia baisse la tête quand elle sent mon regard sur elle, puis irrésistiblement revient. Comment gérer cette situation quand je la reverrai à l’école ?
3 commentaires
François Lamour
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Il y a un an
Anaïa Auteure
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Il y a un an
Laryna
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Il y a un an