Fyctia
Chapitre 29.1
St Neot, novembre 2024, présent
Quand Elena Benson ouvrit les yeux, quelques rayons de soleil transperçaient les volets en bois de la chambre du petit cottage. Sur les murs, les éclats de lumière valsaient doucement alors que, à l’extérieur, les oiseaux chantaient en l’honneur des premières lueurs du jour. La chaleur qui éveillait la jeune femme s’estompa rapidement quand elle sentit la fraîcheur qui émanait du lit près d’elle.
— Lévi ? murmura-t-elle.
Elle tapota le matelas et releva la tête pour découvrir qu’elle était seule. Après s’être habillée et avoir enfilé un gilet pour la préserver du froid glacial qui s’était emparé de la petite pièce, elle se dirigea vers le reste de la maisonnette. Avant même d’avoir inspecté tout le cottage, Elena savait qu’elle ne le trouverait pas. Et quand elle vit la feuille de papier pliée sur la table avec son nom dessus, calligraphié de façon parfaite, une boule s’installa dans sa gorge.
Elena,
Au moment où tes yeux parcourent ces lignes, je sais la colère qui doit étreindre ton cœur. Et tu as raison. Mais je t’en prie, ne me déteste pas trop pour ça.
Les véritables intentions de ma mère sont encore obscures, mais notre aventure m’a révélé que je suis le seul à devoir l’arrêter. Je te suis reconnaissant pour ton aide, bien que je n’aurais jamais dû t’impliquer. J’ai cédé à la tentation d’avoir une alliée, de t’avoir pour alliée. À présent, je réalise que ce combat est le mien, je ne peux pas laisser ma mère détruire encore plus ta vie. Je conçois que tu peines à comprendre mon choix, mais laisse-moi te protéger.
Cependant, si je t’écris, ce n’est pas pour te convaincre de ma décision, mais parce que j’avais besoin de te dire ceci : merci.
Merci d’être l’incroyable personne que tu es. Depuis le premier jour au Château, j’ai pressenti que tu étais quelqu’un de spécial. Ta capacité à discerner le meilleur en chacun m’a toujours fasciné. Tu es empreinte de bienveillance, de force et de courage. Je comprends que tu aies été choisi comme Élue.
Merci d’avoir toujours cru en moi. Même lorsque tous se méfiaient en raison des actions de mes parents, même après nos retrouvailles des années après la guerre, ton regard sur moi n’a jamais vacillé. J’ai l’impression que tu es la seule à percevoir la bonté en moi, à ne pas me juger sur les fautes de mes parents.
Merci de m’avoir appris à aimer. Je crois que j’ai des sentiments pour toi depuis notre rencontre. Personne n’a jamais éveillé en moi de telles émotions. Je n'aurais jamais imaginé que tu puisses partager mes sentiments, et pourtant, je me ris à croire que notre histoire revêt une touche de magie véritable.
Merci d’avoir partagé un morceau de chemin avec moi. Notre route se sépare ici.
Avec tout mon amour,
Lévi.
Les sourcils froncés par la frustration, Elena fixait la lettre sans réussir à en détacher ses yeux remplit de larmes. Elle se mit à penser très vite, Lévi était surement allé au manoir familial. Elle s’était déjà rendue là-bas, il ne fallait qu’une seconde pour qu’elle y saute.
Mais, Elena était encore sur le plancher du cottage. Comment se faisait-il qu’elle ne réussisse pas à sauter ?
— Bordel, Lévi !
Il avait dû réaliser un sort pour qu’elle ne puisse pas se téléporter hors du cottage. Alors, elle fonça vers la porte d’entrée. Celle-ci était fermée. Pas à clé. Par la magie.
Elle comprit que le sort qu’il avait lancé était pour la maintenir ici. Elle savait qu’elle ne pourrait en sortir même si elle démontait les murs un par un.
Elena hurla en laissant s’évader plus de larmes de ses yeux. Elle se sentait trahie, il l’avait abandonné ici. Lévi lui avait même écrit une lettre d’adieu. Non ! Ça ne pouvait pas se terminer ainsi. Elle devait trouver un moyen de rejoindre le manoir. Elle était plus forte que lui, l’Élue de la Prophétie ! Elle pouvait, non, elle devait annihiler le sort qu’il avait lancé.
La jeune femme tournait en rond dans la pièce, réfléchissant à toute vitesse, ses cuisses se cognant parfois contre la table ou les meubles de la cuisine. Elle n’avait jamais été très bonne pour apprendre les sorts d’annulation par cœur. Ni aucun sort d’ailleurs. Sa magie avait toujours été très instinctive, se puisant de la nature autour d’elle. Son élément de prédilection : la terre.
Elle fonça vers le pot de grès posé sur le rebord de la fenêtre où se trouvait une fleur de lune. La seconde suivante, le pot se brisait au sol et Elena s’accroupissait à côté pour planter ses mains dans la terre encore humide qui s’était répandu sur le carrelage. Elle ferma les yeux. Des larmes silencieuses continuaient de sillonner ses joues alors qu’elle essayait d’oublier le marteau qui semblait s’écraser à intervalles réguliers sur sa tête.
Lévi. Son esprit n’était rempli que de lui.
Sa magie traversa l’extrémité de ses doigts d’où une douce lumière prenait vie. Elle remonta le long de ses bras pour envahir l’entièreté de son corps de manière vertigineuse. Pour la première fois, son pouvoir lui était douloureux. Elle cria.
Quand Elena Benson ouvrit les paupières, quatre visages étaient tournés vers elle.
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