Fyctia

Le soleil à peine levé, Lévi Parkes était déjà aux fourneaux. Il n’avait pas dormi de la nuit, le canapé n’étant pas du tout confortable et ses pensées trop tortueuses. Il s’était mis en tête de préparer un petit déjeuner, même si les provisions devenaient peu nombreuses, le jeune homme n’avait pas prévu que cette escapade dure autant de temps. Heureusement, le cottage était libre à cette période de l’année et la propriétaire les avaient invités à rester autant qu’ils le souhaitaient.

Tandis que le pain grillait, le blond entreprit de faire des œufs et du bacon. Le bruit de la porte de la chambre le fit se retourner lentement, s’attendant à voir Noah Steele. Mais, à la place, c’est Elena qui avançait calmement vers lui, le sourire aux lèvres. Elle paraissait toujours aussi fatiguée, et pourtant, elle était si belle.

Dès son arrivée au Château, il y a plus de cinq ans maintenant, la beauté de la jeune femme l’avait décontenancé. Ses longs cheveux bruns ondulaient sur ses épaules avec de jolies boucles, et dans ses yeux pétillants, il y avait vu toute l’innocence et la confiance d’une jeune fille de dix-huit ans. Tout ce qu’il avait perdu.

Quand le hasard les avait faits se retrouver sur ce pont, il avait cru à un rêve. Il était prêt à sauter ce soir-là, puis en tournant la tête, il l’avait vu grimper sur ce parapet. Les cheveux plus courts, moins brillants, reflétant le mal qui la rongeait, mais toujours aussi sublime.

— Bonjour Lévi, dit-elle quand elle arriva tout près de lui.

Il sourit parce qu’aucun mot ne pu sortir de sa bouche à cet instant. Ils avaient tous les deux ressenti un malaise lors du retour de Noah la veille. Pourtant, Elena ne doutait pas, ses sentiments se confirmant par les papillons qu’elle ressentait au creux de son ventre quand Lévi lui prit la main. Leurs doigts se touchèrent, tendrement, et c’est tout ce dont ils avaient besoin.

Ils cuisinèrent ensemble, le jeune mage donnant quelques cours à Elena qui se révélait peu douée côté gastronomie. Le bras autour de la taille de la jeune femme, comme s’il avait peur de la perdre. Lévi aimait la façon dont Elena le regardait, elle semblait être la seule à voir le bien en lui. Elle ne le savait pas, mais depuis qu’ils s’étaient trouvés, ses cauchemars devenaient beaucoup moins violents. Elle y avait apporté une dose de rêve.

Il avait le sentiment que cela ne durerait pas éternellement. Noah avait peut-être raison, Elena s’était rapprochée de lui suite à son absence et peut-être qu’elle allait s’éloigner aussi prématurément qu’elle était réapparue. Pourquoi la vie accorderait ce bonheur à quelqu’un comme lui ?

Le petit déjeuner prêt, le duo s’installa à la table de la cuisine, l’un à côté de l’autre.

— Tu ne m’as pas dit si tu as découvert quelque chose hier, dit Elena avant de croquer dans un morceau de pain.

— L’endroit où était retenu Noah appartient à ma famille, j’ai reconnu l’armoirie des Parkes à l’intérieur. Mais, je n’ai rien constaté de spécial.

— Si ton père y a amené Noah, c’est qu’il y est venu récemment.

Lévi observa la jeune femme qui parlait avec la bouche pleine et ne put s’empêcher de pouffer de rire. Elle lui donna un coup de coude et ria à son tour.

— J’ai vraiment faim, s’esclaffa-t-elle. Et, ce que nous avons préparé est délicieux.

La porte de la chambre s’ouvrit, laissant apparaitre un Noah encore endormi, les cheveux ébouriffés sur la tête et la main frottant ses yeux. Les rires stoppèrent, mais entre Lévi et Elena, les regards restèrent complices. Les trois se saluèrent, et le brun (........) fut convié à partager le repas avec eux.

— Combien reste-t-il d’endroit à visiter sur la Carte des lignées ? interrogea Elena.

— Deux, le plus proche est à Liskeard, répondit Lévi. Je pensais m’y rendre aujourd’hui.

— Je viens avec toi.

— Tu es sûre que tu es remise ? questionna le jeune homme blond, visiblement soucieux.

— Oui, je me sens bien.

— Je viens avec vous, dit Noah dans un bâillement.