Fyctia
Chapitre 22.1
St Neot, novembre 2024, présent
Lévi Parkes fit le trajet à moto seul jusqu’à Liskeard puis revient chercher les deux autres en sautant. Arrivant sur place, le trio découvrit un centre-ville pittoresque avec des rues pavées et des bâtiments historiques, qui paraissait être figé dans le temps. Ici, chaque pierre de la commune semblait y voir graver des récits anciens. Elena, captivée par l’atmosphère accueillante qui émanait de la place du marché animée, ne put s’empêcher de se laisser entraîner par la vivacité des lieux et Noah dut la retenir pour ne pas s’arrêter à chaque échoppe.
— Je crois que l’église Saint-Martin est par là-bas, dit Lévi.
L’église qui se dressait devant eux avec une dignité intemporelle, au cœur de Liskeard, était le prochain emplacement désigné par la Carte des Lignées. Sa silhouette majestueuse dominait le paysage, les pierres anciennes témoignant des siècles passés. Les tours élancées s’élevaient vers le ciel, leurs flèches pointant vers l’infini. Les vitraux colorés, reflétant les rayons du soleil, ajoutaient une touche de mystère à la façade, créant une lueur chaleureuse qui contrastait avec la gravité des briques grises. Devant l’église, un cimetière tranquille étendait son calme, où des tombes anciennes portaient le poids du temps. Les arbres séculaires se penchaient doucement, créant des jeux d’ombres et de lumières qui dansaient sur le sol usé.
Une fois à l’intérieur, le trio se vit envelopper d’une aura de solennité. La lumière filtrée à travers les vitraux inondait l’espace d’une palette de couleurs douces, projetant des motifs éclatant sur les murs en pierre. Des bancs, témoins silencieux de nombreuses prières et cérémonies, s’alignaient dans l’allée centrale. Des sculptures minutieusement ciselées ornaient des piliers, racontant des récits bibliques dans une langue silencieuse. Une odeur délicate d’encens flottait dans l’air.
Le trio ne savait pas trop ce qu’il devait chercher, il se contenta de faire le tour en silence. Quelques minutes s’écoulèrent et Elena constata que les gens autour d’eux ne cessaient de leur jeter des regards. Alors qu’elle s’éloignait vers un énorme porte-cierge en bois pour observer les flammes des bougies, elle perçut que Lévi était l’objet de toute cette attention. La jeune femme, prétextant vouloir prendre un cierge, se glissa discrètement près de deux vieilles dames pour entendre leur discussion.
— Mais que fait-il ici ?
— Il n’a pas honte, après le déshonneur que sa famille a fait subir à notre village.
— Qu’il continue à se pavaner à la télé au lieu de venir nous importuner à Liskeard.
Elena fronça les sourcils, sentant une colère inexplicable la submerger. De quel droit ces deux femmes parlaient-elles de Lévi de la sorte ?
Elle rejoint ses amis, et enjôla tendrement le bras du blond, l’attirant vers lui.
— On devrait sortir d’ici, dit-elle en jetant un œil autour d’eux.
— Attends deux secondes, je crois que j’ai trouvé quelque chose, averti Lévi en montrant ce qu’il y avait devant lui.
Un énorme registre était posé sur un pupitre, Lévi montrait le coin de la page gauche de son doigt. Parmi de nombreuses lignes, Elena aperçue deux noms, inscrits dans une calligraphie délicate, qui lui étaient familiers : Morbius et Arabelle Parkes.
— C’est ici que mes parents se sont mariés, annonça platement le jeune homme.
— Ça explique sûrement pourquoi personne n’a l’air de t’apprécier ici, balança Noah qui les avait rejoints. Avoir des parents qui ont sympathisé avec le plus grand mage noir de tous les temps, ça craint.
Lévi insuffla intensément et sortit précipitamment de l’église, ne manquant pas de bousculer le brun au passage. Elena lança un regard noir à Noah qui haussa les épaules. Elle se lança à la poursuite du blond, son ami sur les talons.
Ils se retrouvèrent tous les trois dehors, une fine pluie s’était mise à tomber, et le jeune mage brun prit la parole :
— Écoute Elena, je ne voulais pas t’en parler, mais ce qui arrive aujourd’hui m’oblige à le faire. Tu devrais te méfier de lui.
Il montra Lévi d’un signe de tête.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ? s’exclama la jeune femme, exaspérée, qui ne comprenait pas pourquoi tout le monde s’en prenait à lui.
— Quand j’étais retenu par son père, il m’a raconté plusieurs choses à propos de son fils.
Il jeta un regard au blond, mais celui-ci, dos à eux, les poings serrés, ne bougeait pas.
— Tu n’es pas sans savoir que, pendant la guerre des Ombres, Leif Brack a été accueilli au manoir des Parkes. Je l’avais moi-même entendu quand j’ai commencé à travailler au Département des Mages, des atrocités ont été commises à cette période, beaucoup d’innocents ont péri.
Elena déglutit, elle aurait voulu pouvoir faire taire Noah à présent.
— D’après Morbius Parkes, Lévi y a participé. Utilisant la magie obscure pour leur faire subir des tortures jusqu’à la mort.
— Mais son père a menti, s’écria la jeune femme, sa voix plus aiguë qu’à l’ordinaire. Il dirait n’importe quoi pour nuire à son fils.
— Non.
Les deux se tournèrent vers Lévi, qui contemplait la rue.
— Il a raison. J’ai du sang sur les mains.
Il fit un pas en avant, désirant s’enfuir, mais Elena lui retient la main. Il pivota la tête vers elle, et leurs yeux se croisèrent. Lévi l’obligea à lâcher, et lui tourna le dos pour disparaître parmi la foule. Elle sentit des larmes prendre forme au coin de ses yeux. Alors qu’elle avait pensé trouver Lévi en colère, son regard ne reflétait que culpabilité et tristesse.
— Je te l’avais dit, notifia Noah.
— Pourquoi tu as fait ça ?
Des larmes roulaient sur les joues d’Elena.
— Je veux juste te protéger. Je ne veux pas te perdre.
— Me perdre ? Mais Noah, tu m’as perdu il y a longtemps.
Sur ces paroles, elle s’enfuit à son tour dans le flot du marché.
8 commentaires
Kat_emerald
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Il y a un an