Fyctia

St Neot, novembre 2024, présent

— Je t’avais dit t’attendre dehors le temps que je lui parle, dit Lévi d’un ton las.

— Je sais, sourit Noah. Mais, je ne pouvais pas attendre plus longtemps pour la revoir. Tu comprends ça, non ?

Elena n’en croyait pas ses yeux, elle observait son ami de toujours et recouvrait le plaisir d'admirer ses yeux d’un bleu profond, les boucles brunes dans sa nuque, son sourire. Il s’approcha doucement d’elle, sous le regard de Lévi, et vint prendre sa main.

— On dirait que tu as vu un fantôme, rigola-t-il.

— Mais parce que c’est le cas, idiot !

Elle s’effondra dans ses bras, submergée par l’émotion de le revoir en vie.

— Je suis là, dit doucement Noah en la serrant contre lui.

La jeune femme recula d’un pas, contemplant encore une fois le visage du brun, puis posa la question qui lui brûlait les lèvres.

— Que s’est-il passé ?

— Je vais te raconter, mais avant, je boirais bien une tasse de thé, dit-il en tournant la tête vers Lévi. Tu veux bien ?

Le jeune mage ne répondit pas et prit la direction du coin cuisine pendant que Noah invita Elena à s’asseoir côté salon.

Noah expliqua qu’après avoir emmené Elena et Lévi dans la crypte, les vampires l’avaient bâillonné et attaché à un arbre pour l’empêcher de s’enfuir. La morsure l’avait blessé, mais pas tué. Ils comptaient probablement se servir de lui plus tard. À cette révélation, Elena pensa que les vampires étaient vraiment des créatures abominables. Quand Morbius Parkes a tué le clan entier, il ne restait plus que Noah, alors, il l’a emmené avec lui.

— Il m’a interrogé, voulant savoir qui j’étais. Il était très convaincant évidemment, souffla-t-il en fermant les yeux. J’ai été obligé de dévoiler ce qu’on faisait dans la forêt.

— Voilà pourquoi mon père savait que c’était moi au manoir, affirma Lévi en déposant deux tasses de thé devant eux.

— Tu n’avais pas le choix de parler, conclue Elena. Sinon, il t’aurait tué.

Noah opina puis attrapa sa tasse pour l’amener à ses lèvres, la jeune femme l’imita. Lévi demeura debout, passant la main dans ses cheveux, il soupira.

— Je vais prendre une douche.

Et il s’éloigna vers la chambre, refermant la porte derrière lui.

— Il m’a trouvé enfermé dans les souterrains d’une cabane en pierre, expliqua Noah en regardant là où Lévi venait de disparaitre. Ça faisait deux jours que Morbius Parkes ne se montrait plus. J’ai pensé que j’allais pourrir dans cette cave.

— Heureusement que Lévi t’a trouvé.

Noah sourit doucement en baissant les yeux.

— Tu lui fais confiance ? demanda-t-il après un silence.

— Bien sûr. Il m’a sauvé la vie, tu sais.

— Il m’a expliqué, oui. Pourtant, ça reste Lévi Parkes.

— Il a changé.

— Je ne sais pas si je pourrais lui faire confiance.

— Tu n’as qu’à me faire confiance à moi.

Le jeune homme regarda son amie avec tendresse. Elle semblait épuisée, sa peau était terne et des cernes creusait ses yeux.

— Tu es certaine que tu vas mieux ?

— Oui, j’ai juste besoin d’un peu de repos.

Sur ces mots, Lévi sortit de la chambre, fraîchement douché, ses cheveux humides ramenés en arrière lui donnaient un petit air de bad boy.

— Tu devrais aller dormir, dit Noah à l’intention d’Elena.

Celle-ci approuva d’un signe de tête, et se leva.

— Tu dois être fatigué toi aussi, signala la jeune femme.

— Je prendrai le canapé, dit distraitement Lévi qui se dirigeait vers la cuisine.

Elena croisa son regard, esquissant un sourire, cependant, en présence de Noah, la pudeur les retenait. Malgré la douceur du regard que Lévi posa sur elle, il tourna vite la tête, lui souhaitant rapidement une bonne nuit. La jeune femme les salua et disparut dans la chambre.

Noah observa Lévi un moment, jusqu’à ce que ce dernier s’exclame :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Tu sais que si elle s’est rapprochée de toi, c’est parce qu’elle me croyait mort.

Lévi fronça les sourcils.

— Et en quoi ça te regarde ? rétorqua-t-il. Vous n’êtes plus ensemble, elle t’a quitté.

Noah accusa le coup, un petit rire sortit de sa bouche.

— C’est vrai. Mais on se connaît depuis toujours. Tu la connais à peine, et surtout, elle ne sait rien de toi.

— Qu’est-ce que tu insinues ? Grommela Lévi en rangeant son manteau près de l’entrée.

— Ton père m’a un peu parlé de toi. De ton passé. Des choses que tu as faites.

Lévi s’immobilisa, il tourna la tête vers Noah.

— Est-ce que tu penses qu’Elena aura toujours confiance en toi si elle savait ?

Le jeune homme brun sourit, comme il avait l’habitude de le faire. Lévi ouvrit la bouche pour riposter, puis se révisa. Reprenant son manteau accroché à la patère, il sortit du cottage, la porte claqua derrière lui dans un bruit sourd.

Quand Noah entra dans la chambre, plongée dans le noir, Elena ne dormait pas et demanda :

— C’était quoi ce bruit ?

— Ton copain avait besoin de prendre l’air, je crois.

La jeune femme se redressa dans son lit, et regarda son ami qui vint s’asseoir près d’elle.

— Il se passe quelque chose entre vous ? demanda Noah.

Elle ferma les yeux, inspira profondément et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

— On s’est rapproché, dit-elle, sincère.

— Ce type est fou de toi, Elena.

Elle sentit ses joues chauffer, repensant au baiser échangé le matin-même.

— Je comprends, commença Noah. Tu pensais que j’étais mort, tu avais besoin de quelqu’un pour te réconforter et il était là.

— Je ne crois pas que …

Le jeune homme balaya les pensées d’Elena d’un revers de main.

— Je suis revenu, à présent.

— Noah …

— Nous parlerons plus tard, tu dois dormir.

Il posa sa main sur le bras de la jeune femme.

— Je suis contente de te voir, dit-elle avant de se recoucher.

Noah fixa le plafond pendant un moment, laissant l’obscurité de la pièce s’installer. Puis, comme submergé par une impulsion, il se leva brusquement et se dirigea vers la fenêtre. Les étoiles scintillaient dans le ciel nocturne, éclairant faiblement la pièce.

Elena l’observait, se demandant ce qui se passait dans son esprit. De toute évidence, beaucoup de choses avaient changé en son absence, pouvait-il sentir la distance qui s’était créée entre eux ?