Fyctia

Elena regardait le feu crépiter dans la cheminée, une tasse de thé refroidie posée sur la table basse devant elle et un roman oublié sur l’accoudoir du canapé. Cela faisait des heures que Lévi avait laissé le cottage sans sa présence, le temps paraissait s’éterniser. Dehors, la pluie avait laissé place à quelques rayons de soleil qui traversaient les rideaux, apportant une agréable lumière sur les murs.

Malgré tout, Elena ne pouvait s’empêcher de ressentir cette crainte au fond d’elle. Et si c’était beaucoup plus dangereux que ce que Lévi avait supposé ? Elle avait besoin de savoir qu’il allait bien, c’était plus fort qu’elle. Ces dernières quarante-huit heures n’avaient fait que confirmer ses sentiments pour le jeune homme. Parfois, elle se disait que c’était une folie, que tout allait beaucoup trop vite. Et pourtant, c’est blotti contre lui qu’elle s’était sentie à sa place.

Ses pensées ne cessaient de lui rappeler Noah. Elle le pleurait encore, dans les bras d’un autre. Et, alors, elle sentait la culpabilité la rattraper et se glisser insidieusement en elle, comme une ancienne compagne dont elle n’arrivait pas à se débarrasser. Sa gorge se noua, une sensation trop routinière, qu’elle avait oublié ces derniers jours. La réalité lui revint en plein visage. On ne se débarrasse pas aussi facilement de ses démons.

La jeune femme, ayant besoin de se distraire, décida d’appeler Tilly. Son amie avait essayé de la joindre des dizaines de fois depuis l’appel de Lévi, et elle ne comptait même plus le nombre de messages. Il était temps de la rassurer.

Elle répondit à la première sonnerie :

— Bon sang, El ! Je me faisais du souci pour toi ! Je reçois un coup de téléphone de Lévi Parkes me disant que tu es blessée, et après ça, tout ce que j’ai en deux jours, c'est un message pour me dire : Tout va bien !

— Contente de t’entendre aussi Tilly.

— Tu m’as fichu une de ces trouilles ! Dit son amie, une pointe de fébrilité dans la voix.

— Je sais, désolée pour ça.

Elena l’entendit soupirer de l’autre côté du téléphone.

— Alors, tu vas me raconter maintenant ? Que s’est-il passé ? Où es-tu ? Et surtout, que faisais-tu avec Parkes ?

— Ça fait beaucoup de questions.

— Et beaucoup de réponses, oui ! Alors, tu ferais bien de t’y mettre maintenant.

La jeune magicienne eut un moment de doute, devait-elle dire toute la vérité à Tilly ?

— Je suis dans les Cornouailles, commença Elena, puis elle enchaina rapidement avant que son amie ne puisse réagir. Avec Lévi, j’ai découvert une menace et on essaie de l’arrêter.

— Avec Lévi Parkes ?

— Oui, c’est lui qui m’a mise au courant.

— Je vois.

Un silence s’installa entre les deux femmes, Elena ne voyait quoi ajouter.

— Tu devais revenir au boulot demain.

— Je ne serai pas de retour avant quelques jours. Tu veux bien gérer la boutique ?

— Oui, pas de problème, dit Tilly. Mais, El, tu es sûre que ça va ?

Elle ne lui avait toujours pas dit pour Noah, elle ne pouvait pas.

— Oui, j’ai été blessée, mais ça va mieux. Grâce à toi d’ailleurs. Et Lévi.

— Qu’est-ce qui se passe avec Parkes ?

— Rien. On a un but commun.

Un moteur de moto bourdonna au-dehors du cottage. Elena se leva d’un coup.

— Écoutes Tilly, je te reparle très vite, mais je dois y aller.

— El ! Tu sais que je suis là si tu as besoin de parler, hein. Toujours.

— Je sais. Tout va bien.

Elle coupa la communication et lança le téléphone portable sur le canapé. Alors, qu’elle s’avançait vers la porte d’entrée, celle-ci s’ouvrit pour y voir apparaitre Lévi. La jeune femme poussa un soupir de soulagement.

— Tu es enfin là ! s’exclama-t-elle avant de s’approcher de lui, prendre ses mains et l’inspecter.

— Elena, il faut que je…

— Tu n’es pas blessé ?

Quand elle fut assurée qu’il n’avait pas de blessures, elle sauta dans ses bras. Lévi ne put s’empêcher de passer ses mains derrière le dos de la jeune femme, et d’enfouir son visage dans son cou, respirant à pleins poumons sa douce odeur. Il souhaitait garder en mémoire son parfum.

— Est-ce que je dérange ?

Une troisième personne était entré dans le cottage, sans qu'Elena ne s’en rende compte. Elle regarda par-dessus l’épaule de Lévi pour voir qui se tenait dans l’embrasure de la porte, même si elle n’avait aucun doute sur la voix qu’elle avait reconnue.

— Noah ?