Fyctia
Chapitre 18.1
St Neot, novembre 2024, présent
— Merde, merde, merde !
Lévi posa Elena sur la table de la cuisine. La jeune femme gémit, les yeux à moitié clos, la main toujours sur son abdomen. Il avait besoin de voir la blessure, mais avant, il prit le temps de la rassurer.
— Ça va aller, dit-il en passant sa deuxième main dans les cheveux de la magicienne. Je vais m’occuper de toi.
Il enleva son manteau, la faisant pousser de nouveau un cri de douleur, et remarqua que son pull rose poudré avait pris une couleur rouge. Lévi souleva délicatement le tissu en laine, et découvrit une longue plaie sur le ventre de la jeune femme. Il y avait beaucoup de sang, il fallait absolument faire quelque chose ou elle allait se vider sur la table de cette cuisine. Le jeune homme connaissait bien un sort de guérison, mais ne l’avait utilisé que sur des blessures superficielles.
Il mit ses mains au-dessus de la plaie, ferma les yeux et récita l’incantation qu’il connaissait bien pour l’avoir souvent utilisé dans le passé.
— Vulnera, caro, sanguis, sanentur, Per viam magicae potentiae curationis.
In nomine vitae, per arcanum naturae, Hoc corpus aegrum, sanum fiat.
Cela prit plusieurs minutes, la sueur perlait sur son front, ses mains tremblaient, mais l’hémorragie se stoppa lentement.
Cependant, la blessure n’était toujours pas jolie à voir, et la jeune femme semblait toujours souffrir le martyre. Le sort n’était pas assez puissant pour guérir complètement et refermer la plaie.
Il eut une idée, courut jusqu’à la chambre et revint le sac d’Elena, il fouilla dedans sans ménagement pour en sortir des sachets d’herbes séchées. Le nom de chacune était dessus, mais il n’y connaissait rien. Lévi se pencha vers le visage de la jeune femme.
— Elena, murmura-t-il, la voix tremblante. J’ai besoin de savoir comment utiliser tes herbes, si je peux faire quelque chose pour te soigner.
Elle leva les yeux vers lui, la peau de son visage était blanche, son mascara avait taché de noir le contour de ses yeux, ses cheveux collaient sur ses joues.
— Appelle Tilly, réussit-elle à dire dans un sanglot.
La douleur lui arracha un nouveau cri, et elle perdit connaissance sous le regard terrifié de Lévi. Il chercha le téléphone portable de la jeune femme dans la poche du manteau qui était à terre, et trouva Tilly dans le répertoire. Un bout de secondes interminables, la voix guillerette de la jeune femme blonde retentit :
— Hello El !
— Tilly ! S’exclama rapidement le jeune homme. Écoute-moi, s’il te plaît. C’est Lévi Parkes, Benson est blessée, j’ai besoin de ton aide.
— Lévi ? Mais qu’est-ce que …?
— Je n’ai pas le temps de t’expliquer ! Si je n’agis pas vite, elle va y rester !
Un silence s’installa seulement rompu par la respiration haletante du mage.
— Comment puis-je t’aider ? Dit enfin Tilly.
— J’ai réussi à arrêter l’hémorragie avec un sort. Mais je n’arrive pas à faire cicatriser la plaie. J’ai les herbes de Benson, mais je ne sais pas lesquelles utiliser, ni même comment…
— Ok. Est-ce que tu as de la Camomille ou de l’Aloé Véra ?
Il posa le téléphone en mode haut-parleur sur la table, et regarda les différents sachets qu’il avait sortis du sac.
— J’ai de la Camomille !
— Cherche si tu trouves aussi de la Fausse Violette.
— Je l’ai !
— Bien, tu n’as pas le temps de préparer un baume, alors il va falloir improviser. Fait chauffer de l’eau chaude, pas bouillante, et trempe les herbes dedans pour former une sorte de pâte que tu poseras sur la blessure.
Lévi s’exécuta avec habilité, il était perdu dans une concentration extrême. Plus rien ne comptait autour, il devait juste sauver Elena. Il ne pouvait concevoir qu’elle meurt sur cette table, il ne pouvait pas la perdre.
— Voilà, conclut-il. J’ai recouvert la plaie.
Il passa le revers de sa main pour essuyer son front humide.
— D’accord. Maintenant, il faut attendre pour voir si ça fait effet. Elle a besoin de repos. À présent, tu peux peut-être me dire où vous êtes ? Je peux vous rejoindre et…
Lévi coupa la communication. Il ignora les tentatives d’appels silencieux qui suivirent et s’écroula sur une chaise, près du corps d’Elena. Il posa ses coudes sur la table et enfouit sa tête dans ses mains. Il pensait en avoir terminé il y a longtemps avec toute cette violence. Il avait vu trop d’horreur pendant la guerre des Ombres, il croyait que sa vie d’acteur lui permettrait de ne plus jamais vivre cela. Et pourtant, son père réitérait les mêmes horreurs. Il savait qu’il avait blessé Elena uniquement pour l’atteindre. Comment leur relation avait pu en arriver là ? Lévi avait toujours fait de son mieux pour lui plaire, mais le meilleur de lui-même n’était jamais assez. Ce que Morbius Parkes voyait en lui, était tout ce qu’il n’était pas.
Mais cette fois, c’est lui-même qui avait mis Elena en danger en l’amenant ici. Il aurait pu perdre la seule personne qui comptait encore pour lui. Il repensait à ces derniers jours, aux moments de sérénité qu’il avait éprouvés ; les partages de thé à deux, le voyage à moto, le doigt d’Elena caressant son blouson. La vie pouvait être si douce, est-ce qu’un jour, il aurait droit à ce bonheur ?
— Bordel…
Toute la tension retomba, il laissa échapper un sanglot. Et alors qu’il se pensait seul pour laisser ses émotions l’envahir, à l’arrière de sa tête, délicatement, une main vint se poser.
7 commentaires
Kat_emerald
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Il y a un an
Siha
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Il y a un an