Fyctia
Chapitre 15.2
À la tombée de la nuit, Lévi Parkes tendit une main vers Elena Benson. Elle la saisit, et un tourbillon l’emporta. Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, le manoir des Parkes se dressait devant eux comme une silhouette sombre et majestueuse, ses tourelles gothiques se coupant contre le ciel crépusculaire. Sentir la main chaude de Lévi dans la sienne avait quelque chose de réconfortant, malgré tout elles se séparèrent.
Elena n’avait jamais vu un endroit pareil. Le manoir était immense, tout droit sortit d’un film. Les fenêtres, jadis éclairées de lueur chaleureuse, étaient obscurcies par des rideaux sombres. La végétation envahissante semblait avoir pris possession des jardins négligés depuis des années. L’air était empreint d’un silence oppressant, rompu seulement par le cri occasionnel de rapaces qui survolaient la propriété.
Lévi inspira, et Elena ressentit le stress émaner du jeune homme, tant celui-ci était palpable. Elle aurait voulu reprendre sa main, pour lui faire comprendre qu’elle était là pour le soutenir. Que peu importe ce qu’il se soit passé ici dans le passé, c’était terminé désormais, il était en sécurité.
Arrivant devant une porte massive, Lévi l’ouvrit avec sa magie. Elena créa une boule de lumière qui les suivit à travers les couloirs obscurs, la jeune femme se laissant guider par son acolyte qui restait silencieux. Les tableaux des ancêtres Parkes paraissaient les suivre des yeux, des regards sévèrement gravés dans des toiles usées par le temps. Les murs, quant à eux, semblaient respirer et chaque pas résonnait comme un écho dans le calme oppressant du manoir. Lévi sentit le sol trembler légèrement sous ses pieds, comme si le manoir lui-même réagissait à leur intrusion.
Un impressionnant escalier se dressa devant eux, et ils montèrent doucement, faisant craquer les marches en bois. Au bout d’un moment, Lévi brisa le silence qui s’était imposé.
— Le bureau de mon père est par ici.
L’ouverture de la porte laissa échapper un grincement lugubre. Ils se retrouvèrent dans une pièce sombre, éclairée seulement par la lueur de la lune à travers les fenêtres. Des étagères remplies de livres poussiéreux montaient jusqu’au plafond. Et au centre de la pièce trônait un bureau en bois massif, sur lequel reposaient des tonnes de vieux papiers. Dans un coin de l’office, sur un socle en marbre, était posé un parchemin qui semblait briller dans la nuit. Ils s’approchèrent pour découvrir ce qui était représenté dessus : une sorte de galaxie bleutée, dont les points reliés par de fines lignes argentées s’avéraient symboliser des lieux.
— Ça doit être la Carte des lignées, dit Lévi.
— Mais qu’est-ce qu’elle représente ?
— Je ne sais pas, mais nous n’avons pas le temps d’y réfléchir ici. J’ai un mauvais pressentiment.
Elena sortit son téléphone portable, et mitrailla la carte de photos sous le regard médusé de Lévi.
— Nous ne pouvons pas lui voler, expliqua la jeune femme. Il s’en rendrait compte trop facilement, et il risquerait de te désigner immédiatement comme coupable. Avec des photos, nous aurons tout le loisir de l’examiner.
Soudain, une rafale balaya la pièce, éteignant la boule de lumière magique. Dans la pénombre, des chuchotements indistincts raisonnaient, et la salle semblait s’animer. Des ombres dansaient sur les murs, prenant des formes étranges, parfois effrayantes.
Lévi sentit une main glaciale sur son épaule, se retournant brusquement pour ne trouver que le vide et l’obscurité. La porte du bureau se referma violemment, les enfermant, un pas de plus vers les ténèbres qui glaçaient leur sang. Une voix profonde résonna, une voix que Lévi reconnu aussitôt.
— Vous ne partirez pas si aisément, dit Morbius d’une voix grave.
Un frisson parcourut l’échine d’Elena, les murs semblaient se resserrer sur eux, et l’air devint chargé d’une énergie menaçante. Lévi tournait la tête de droite à gauche, essayant de voir quelque chose, il était en position de défense, s’attendant peut-être à voir son père débarquer d’un moment à l’autre. Puis il comprit, et pivota vers la jeune femme près de lui, un éclair de détermination dans les yeux.
— Il n’est pas ici ! s’exclama-t-il. C’est un sort pour protéger la Carte et le manoir. Mon père n’est pas là en personne.
Elena hocha la tête, elle essaya de sauter sans réussir et comprit qu’ils resteraient prisonniers ici, à moins de contrer le sort de Morbius. Malgré la faible luminosité, ils scrutèrent la pièce à la recherche d’indices. La jeune femme remarqua alors une série de symboles gravés dans le marbre autour du socle où reposait la Carte des lignées. Elle fit apparaître une nouvelle petite boule de lumière, celle-ci flotta près d’elle alors qu’elle se pencha pour étudier les détails du socle.
Une série de formes spectrales apparut autour d’eux, révélant des silhouettes fantomatiques alors que des murmures indistincts emplissaient l’air.
Lévi se courba à son tour pour regarder le piédestal de marbre.
— Il faut faire vite, je ne veux pas savoir ce qu’il se passera quand ces apparitions arriveront sur nous.
— Je crois qu’il faut lire l’incantation qui est gravée, dit hâtivement Elena.
— J’aurais dû être plus rigoureux en cours de latin…
C’est Elena qui commença à prononcer les mots qu’elle avait réussi à déchiffrer :
— Expergiscere, visum celatum, Vinculum protegens, nunc solvatur.
Les symboles sur le socle s’illuminèrent progressivement, indiquant qu’elle était sur la bonne voie. Cependant, une force invisible semblait résister à ses efforts, rendant les mots difficiles à prononcer.
— Per verba mea, per potentiam astrorum, Hoc munus negatum, liberatum fiat, continua Elena en balbutiant.
Alors Lévi lui prit la main, et elle sentit son corps se réchauffer. Quand elle jeta un œil vers lui, elle vit bruler sa détermination et bien qu’il ne prononça pas un mot, elle lut dans son regard qu’une fois de plus, il leur fallait unir leurs forces.
— Discede, obfuscatio, dissipe te, Radiis luminis et veritatis.
In nomine libertatis, per viam aditum, Hic incantatio tuum imperium confundatur.
Leurs deux voix résonnaient ensemble alors qu’ils récitèrent les derniers vers de l’incantation, leurs mains s’étaient mises à briller, et une énergie s’était déployée autour d’eux. Les lumières spectrales s’intensifièrent avant de converger vers le socle, créant une explosion d’éclairs qui balaya la pièce.
Quand la lumière se dissipa, la porte du bureau s’ouvrit doucement, révélant un couloir éclairé par la lueur de la lune. Ils avaient réussi à briser le sort. Elena et Lévi échangèrent un regard de satisfaction mêlé de soulagement. Et c’est main dans la main, qu’ils sautèrent jusqu’à l’appartement.
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Kat_emerald
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Il y a un an
Siha
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Il y a un an
Claire Berthomy
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Catherine Domin
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Siha
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Il y a un an