Fyctia
Chapitre 15.1
Londres, novembre 2024, présent
Quand Elena Benson retrouva la grande pièce de l’appartement, Lévi était sur le canapé, feuilletant distraitement les pages jaunies du journal de son père. Elle s’était isolée toute la nuit dans la chambre, et ce n’est qu’au matin qu’elle osa descendre les escaliers et affronter le jeune homme. Elle avait du mal à dissimuler son malaise, elle prit un verre d’eau et vint s’asseoir sur le canapé, à l’opposé de Lévi Parkes.
Après le malentendu qui les avait secoués la veille, une tension palpable flottait dans l’air. Les regards évitaient soigneusement de se croiser, et le silence pesant amplifiait chaque bruit dans la pièce.
Finalement, Elena décida de briser le mur de glace qui s’était dressé entre eux.
_ Lévi, dit-elle d’une voix calme. Est-ce qu’on peut parler s’il te plait ?
Le blond releva les yeux, ses prunelles grises reflétant une réserve teintée de regret.
_ Parle, alors.
Elena prit une profonde inspiration puis commença.
_ Je sais que j’ai été odieuse hier soir. J’étais triste, et je me suis laissé emporter. Je ne pensais pas ce que j’ai dit. J’ai conscience de l’aide que tu m’as apporté, merci pour ça.
Les doigts de Lévi jouaient machinalement avec le signet en tissu noir du journal, continuant d’esquiver volontairement le regard de la jeune femme.
_ Je sais que ça a toujours été compliqué entre nous, continua Elena. Mais je suis prête à reprendre la mission qu’on s’est donné. J’ai eu un moment de faiblesse, mais, si tu veux toujours de moi, je suis là pour t’aider.
Lévi ne dit rien, il leva la tête vers elle et leurs yeux s’accrochèrent l’espace d’une seconde rapide, fragile. Motivée par ce bref échange, la jeune femme ajouta :
_ Nous ne pouvons pas ignorer nos différences, je connais ton avis sur moi, tu me l’as souvent fait savoir lors de notre année au Château. Je veux simplement que nous puissions travailler ensemble malgré elles. Nous sommes forts ensemble, tu l’as ressenti aussi, non ?
Lévi hocha légèrement la tête, mais le silence persista. Elle ne put s’empêcher de détailler le visage du jeune homme, ses lèvres semblaient moins enflées. Les secondes paraissaient s’étirer comme des heures avant qu’il ne réponde enfin.
_ D’accord. Je ne peux nier que j’aurai besoin d’aide pour arrêter mon père.
Un air de soulagement ainsi qu’une pointe de tristesse se lisaient dans les yeux d’Elena.
_ Merci, dit-elle simplement, scellant une promesse silencieuse entre eux.
Lévi ramena aussitôt son attention sur le journal de Morbius Parkes.
_ La Carte des lignées est notre priorité, nous devons la trouver. En feuilletant le journal de mon père, je vois fréquemment mention du manoir familial. Je pense qu’on devrait s’y rendre.
_ Le manoir familial ? répéta Elena. Est-ce que tu y as vécu ?
_ Oui, jusqu’à mon arrivée au Château. Je n’y suis pas retourné depuis. Après la Bataille des Ombres, je ne voulais plus rien avoir à faire avec ma famille.
Elena hésita, laissant le silence se réinstaller un court instant. Elle aurait voulu que Lévi lui raconte ce qu’il s’était passé pour lui pendant ces cinq dernières années. Elle désirait en apprendre plus sur lui, et espérer briser quelques barrières encore présentes entre eux.
_ C’est comme cela que tu es devenu acteur ?
Un rictus s’étira sur les lèvres du jeune homme.
_ J’ai eu une occasion, et j’ai fait ce qu’il fallait pour survivre.
Il n’en dira pas plus, et Elena n’insista pas. Pas encore.
_ Tu ne penses pas que Morbius pourrait être au manoir ? Je ne sais pas si on serait de taille face à lui…
_ Et tu as raison. Mon père utilise toujours la magie obscure. Je sais que tu y as déjà été confrontée, et que tu t’en es sortie victorieuse. Mais, j’ai l’impression qu’il est différent d’avant. Quand je l’ai revu, il avait tellement changé…
_ Se pourrait-il qu’il ait trouvé un moyen d’accroître ses pouvoirs ?
_ C’est probable. Peut-être même que c’est la raison pour laquelle il voulait cette Carte des lignées. Je pense que fouiller le manoir peut nous donner des pistes, c’est un endroit cher à mon père, il y a sûrement laissé quelque chose.
Elena opina, un léger rayon de soleil traversa l’appartement, se reflétant sur les murs et plongeant l’endroit dans une ambiance cosy. Le duo se mit d’accord pour se rendre au manoir le soir-même, espérant que la nuit rendrait leur venue discrète.
2 commentaires
Claire Berthomy
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Il y a un an
Siha
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Il y a un an