Fyctia

Londres, octobre 2024, présent

A mesure que le soleil plongeait sous l’horizon, la forêt s’enveloppait dans un manteau d’ombres douces. Ici, les arbres géants semblaient caresser le ciel de leurs branches alors que les derniers rayons du jour perçaient à travers leur cime, créant un jeu de lumières qui dansaient comme des lucioles éphémères. L’air était imprégné du parfum de la terre humide et Elena en prit une bouffée, envahie par une symphonie de fragrances terrestres et de notes florales. Elle adorait se retrouver en forêt et à mesure que les ombres s’allongeaient et que la lueur du crépuscule s’éteignait, une sérénité profonde enveloppait le corps de la jeune femme.

Pourtant, la situation n’avait rien de rassurante. Mais tandis que le groupe avançait dans les bois de l’Epping Forest, Elena Benson se sentait en sécurité auprès de Noah Steele et Lévi Parkes. Jamais elle n’aurait pensé se retrouver dans ces circonstances, seulement elle appréciait l’adrénaline qui traversait ses veines et le risque qui planait, insidieux, au-dessus d’eux.

Quand ils étaient arrivés à l’orée de la forêt, Elena s’était tournée vers Noah et lui avait dit :

— J’aimerais que tu me promettes, que si les choses tournent mal, tu resteras à l’écart.

Noah avait secoué la tête de droite à gauche, vexé par la demande de son amie, mais elle ne lui avait pas laissé le temps de répliquer et avait ajouté :

— Noah, je connais ton courage, mais tu n’es pas un combattant.

— Je travaille tout de même au Département des Créatures Non Magique, avait-il ajouté, penaud.

— Dans les bureaux, avait conclu Elena. Je veux que tu sois en sécurité, s’il te plaît.

Il avait finalement marmonné que c’était d’accord, jetant un bref regard à Lévi qui s’était contenté de rester silencieux.

Rassurée, Elena pouvait se plonger complètement dans cette mission, laissant le feu de l’euphorie brûler dans son corps.

Un silence majestueux régnait, seulement rompu par le chant des grillons, et le battement d’ailes de ce petit oiseau dont Elena ne connaissait pas le nom qui, à un moment, vint tourner autour d’elle discrètement puis repartit aussi vite.

Ils arrivèrent près d’un ruisseau qui serpentait à travers la clairière, reflétant la lueur argentée de la lune montante. Un frisson délicieux parcouru l'échine d’Elena, une impression d’être à la fois si petite et en même temps partie intégrante de cet univers sauvage et onirique.

Quand les arbres de la forêt se firent plus denses, le son d’une branche qui craqua fit se retourner Lévi, qui ouvrait la marche. Les sourcils froncés, sans un mot, il fit un signe de tête à Elena qui se tourna aussitôt vers Noah.

Dans son regard, Noah comprit et il recula, à contrecœur, de quelques pas pour se cacher derrière l'énorme tronc d’un chêne. Aussitôt, la silhouette d’un animal se dessina de là où était venu le bruit, puis deux autres sortirent doucement dans le dos de Lévi et enfin un quatrième apparut à la droite de Elena. Ils étaient encerclés.

Un loup, une panthère, un blaireau et un renard. Des vampires.

D’instinct, Elena et Lévi se retrouvèrent dos à dos, les mains crispées, la magie à portée de doigts. C’est le loup qui sauta en premier sur Lévi, mais ne put le toucher car celui-ci le repoussa d’un geste de la main par la magie du vent. Lévi Parkes, ferma les yeux et leva les deux mains cette fois, puis quelque chose se forma dans l’air. Un dragon, presque invisible, souffla en tournant autour du duo faisant voler dans tous les sens les longs cheveux bruns d’Elena. Le dragon de vent balaya d’une vitesse inouïe les quatre adversaires, et à peine avaient-ils touchés le sol que des racines immenses, la magie d’Elena, enveloppèrent les vampires. Les deux mains de la jeune femme touchaient le sol et s’étaient misent à briller. Le dragon de Lévi s’était évaporé et il claqua des doigts pour y faire apparaître une flamme. Tout s’était passé très vite, avec un naturel effarant, comme la chorégraphie d’une danse parfaitement exécutée.

Lévi grogna à l’attention des quatre bêtes prisent au piège :

— Maintenant, vous allez vous calmer et nous écouter ! Sinon je fous le feu à ces racines !

— C’est plutôt toi qui va m’écouter, dit une voix.

Le duo se retourna, surpris, pour découvrir un cinquième homme qui tenait devant lui un Noah apeuré. Le vampire, dont les crocs dépassaient de sa bouche aux lèvres brunes, avait un de ses bras autour du cou du jeune homme.

— Noah ! Hurla Elena.

C’était exactement ce qu’elle avait craint, et c’était elle qui l’avait amené ici.

— Si vous ne voulez pas que je dîne avec votre copain, relâchez-les ! Dit le vampire en étirant un terrifiant sourire sur son visage blanc.

La flamme dans la main de Lévi disparut rapidement, et les racines des arbres retournèrent doucement dans le sol de la forêt. Les animaux reprirent une forme humaine, même si ces créatures n’avaient rien d’humain, et deux d'entre eux vinrent immobiliser le duo. Les deux autres sortirent des objets qu’Elena n’avait jamais vu : des sortes de bracelets d’acier. Les vampires les attachèrent au poignet de Lévi et de la jeune femme, et d’un coup, elle sentit la magie mourir en elle, il ne restait plus qu’une fine flamme, si légère qu’elle arriverait à peine à faire voler une feuille.

— C’est mieux, dit le vampire qui tenait Noah.

Il ria et, comme ça, sans prévenir, il enfonça ses crocs dans le cou de Noah. Elena sentit Lévi s’agiter à côté d’elle, il essayait de se libérer du colosse qui le maîtrisait. Les yeux de la jeune femme ne voyaient que le sang qui coulait, là où le vampire avait planté ses dents, colorant le sweat blanc de Noah. Et alors que le corps inerte du jeune homme tombait sur le sol, un cri, celui d’Elena, déchira la nuit.