Fyctia
Chapitre 7.2
Le jeune homme la regardait, il avait guetté sa réaction, il avait vu son soulagement et avait compris qu'Elena Benson avait toujours autant de doutes à son égard. Il ne pouvait pas lui en vouloir, durant leur année au Château, il avait tout fait pour que ça soit le cas.
_ Lévi, commença doucement Elena. Nous ne pouvons pas laisser ton père faire ça, il faut qu’il renonce à son plan.
_ Depuis quand il y a un “nous” ? Railla Parkes. Je sais ce que j’ai à faire, je ne comptais pas laisser mon père venir à bout de ses idées d’illuminé. Mais tu ne fais pas partie de l’équation.
_ Je pourrais t’aider.
_ Tu ne sais pas dans quoi tu veux t’engager, Benson.
_ Alors dis-moi ! S’écria Elena. Tu as fait le choix de me parler de tout ça, tu savais que je ne pourrais rester les bras croisés sans rien faire. La conciliation entre ces deux mondes compte pour moi.
Lévi ne dit rien, il se contenta de la regarder longuement. Il ne savait même pas pourquoi il était revenu après l’entrevue avec son père, et encore moins pourquoi il lui avait raconté tout ça. Quand il avait vu Elena Benson hier soir, il avait eu du mal à y croire, c’était comme un fantôme qui surgissait du passé. Elle était là, sur ce pont, au moment où il était le plus vulnérable et après son départ, il n’avait pas eu d’autre désir que de la revoir. Lévi Parkes ne comprenait pas pourquoi Elena Benson s’était mise à combler toutes ses pensées, il savait juste qu’elle était un lien vers son monde d’avant, vers une période aussi douce que cruelle, une période qu’il avait autant envie de revivre que d’oublier.
Dans les yeux du jeune homme, Elena pouvait voir de la méfiance mais pendant une seconde, elle aperçut une étrange lueur, un mélange d’espoir et de détermination.
_ Je veux t’aider, insista la jeune femme alors qu’une étincelle d’adrénaline la traversa.
Elle ne sut dire si Lévi était furieux ou désespéré, les mains crispées en poings, son visage était fermé et pourtant elle pouvait deviner sa lutte intérieure. Il avait confessé à Elena les sinistres projets de son père et il devait maintenant porter le fardeau de cette révélation.
La jeune femme fit de nouveau un pas vers lui et Lévi Parkes ferma les yeux en soupirant, puis dirigea de nouveau son regard vers Elena Benson.
_ C’est d’accord.
***
Alors que les lumières de la ville s’étaient estompées et que le silence s’était installé dans l’appartement de Elena, un coup frappa à la porte. Elle sursauta légèrement, elle ne l’attendait plus vu l’heure. Elle se précipita pour ouvrir et découvrit Lévi, le visage toujours impassible, tenant un cahier noir à la main.
Quand Elena avait demandé à Lévi Parkes ce qu’il savait des intentions de son père, celui-ci lui avait répondu qu’après son refus de l’aider, Morbius n’avait pas été des plus loquaces. Cependant, le jeune homme était convaincu de pouvoir trouver des informations plus précises si elle lui en laissait le temps. Elle avait proposé de l'accompagner mais il avait refusé et avait promis de la retrouver le lendemain. Il était prévu qu’il la rejoigne à son appartement.
_ J'ai réussi à mettre la main sur le journal de mon père, annonça-t-il ne sachant pas quoi dire d’autre. Je savais qu’il avait toujours ce vieux truc sur lui, on pourra peut-être y trouver des informations.
Elena l’invita à rentrer, et elle eut soudain un peu honte de son appartement. Celui-ci n’avait rien d’un endroit cosy, au contraire il était petit et sombre, avec des livres en pagaille un peu partout. Ne pouvant rester sans rien faire depuis les révélations de la veille, elle avait ressorti tous les grimoires et bouquins qui étaient normalement rangés dans la bibliothèque de sa chambre pour les feuilleter. Elle espérait trouver des sorts utiles ou peut-être plus d’informations sur la famille Parkes, cependant, ne sachant pas quoi chercher exactement, ses recherches n’avaient pas été très fructueuses.
Elle débarassa le bazar du petit îlot de cuisine et fit signe à Lévi de s’installer sur un des tabourets hauts. Le jeune homme s’abstint de tout commentaire quant à l’appartement et s’assit en posant le journal de son père devant lui. Elena lui proposa un thé qu’il accepta d’un signe de tête.
L’ambiance était un peu tendue lorsqu'elle fit chauffer de l’eau dans une bouilloire. C’était étrange de se retrouver avec Lévi Parkes dans son appartement, ils n’avaient rien en commun et ne s'étaient pas côtoyés depuis des années, et Elena commença à se demander si proposer son aide était vraiment une bonne idée. Évidemment, elle savait qu’elle devait arrêter Morbius Parkes alors elle décida qu’elle ferait tout pour que sa relation avec Lévi se passe bien. Ils n’étaient pas obligés de devenir des amis proches, juste assez de sympathie pour mener à bien cette mission.
Une fois que Elena servit deux tasses de thé, ce fut Lévi qui brisa le silence embarrassé :
_ Je n’ai pas réussi à en comprendre grand-chose, admit-il d’un ton légèrement frustré.
Il avait ouvert le cahier noir de son père et tournait les pages en soufflant. Elena prit sa tasse pour se poser sur le tabouret près de lui et attira doucement le journal vers elle.
_ En effet, les pages sont remplies de symboles, de dessins et de runes. On dirait que ton père avait prévu que son journal puisse tomber entre des mains hostiles et qu’il a tout fait pour que personne à part lui ne puisse le déchiffrer.
Lévi grimaça et passa sa main dans ses cheveux.
_ Ceci dit, je crois avoir un dictionnaire de runes dans ma collection. Il nous sera peut-être utile.
Elena se leva et chercha hâtivement dans les livres qui s’étalaient sur le canapé gris du salon.
_ Et peut-être que nous pourrions trouver un sort pour nous aider à déchiffrer le reste, dit-elle comme si elle pensait tout haut, tout en continuant de chercher.
Lévi la suivait du regard, et ne put s'empêcher de sourire discrètement face à la motivation dont la jeune femme faisait preuve. Il avait remarqué qu’elle était un peu gênée par la situation, lui-même ne savait pas trop comment se comporter mais tous les deux avaient conscience que le plus important était d’arrêter son père. Et il avait compris qu’il pouvait compter sur Elena pour ça. L'Élue de la précédente guerre ne pourrait assurément pas laisser quelqu’un faire revenir le mal sur le monde des Mages. Et contre toute attente, Lévi trouva agréable de regarder Elena tourner et retourner dans la pièce à la recherche de son livre, elle avait des mouvements gracieux même s’il voyait bien qu’elle était stressée. Ses cheveux tombaient en cascade sur ses épaules et semblaient flotter dans l’air quand elle hochait la tête.
_ Ah, je l’ai ! S’exclama-t-elle en levant un gros grimoire ancien au-dessus de sa tête, faisant revenir Lévi à la réalité.
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