Fyctia
Chapitre 3-1
Je pénètre dans l’immense salle à manger qui ne sert qu’à nous trois : mon père, Zyam et moi. En parlant d’eux, ils sont déjà à table. Zyam n’a plus sa blessure, alors je suppose qu’il s’est fait guérir directement par la guérisseuse royale qui n’est autre que Noona, puisque je ne l’ai pas vu au centre de soin de la chevalerie. Zyam me lance un regard noir lorsque je viens m’asseoir pour prendre mon dîner. À l’entraînement, il a fervemment pris ma défense et j’ai choisi de défendre Zéphyr : il m’en veut, c’est certain. Même si ça lui passera, mon cœur se serre de voir qu’il n’a pas toujours pas digéré cette défaite. Je sais qu’il veut prendre soin de moi, me couver, me protéger et surtout depuis que notre mère a pris son envol vers un autre monde et que notre père n’est plus vraiment apte à s’occuper de nous, mais, il exagère trop souvent lorsqu’il s’agit de moi. Pour le cas de Zéphyr, ce n’était pas grand-chose. L’entaille qu’il m’a faite n’était pas si profonde, même si j’étais incapable de la guérir car je ne suis vraiment pas douée dans le domaine de la guérison, ça reste une blessure superficielle pour des combats à l’arme blanche. Je plonge mon regard vers mon assiette et commence à manger alors que seuls les sons de couverts contre la porcelaine retentissent dans cette immense salle à manger. Je finis tout de même par briser la glace, agacée par le comportement inexistant de mon père.
— Père, n’auriez-vous pas quelque chose à me faire parvenir ?
Il s’arrête en plein milieu de son mouvement et avant que sa fourchette ne rejoigne ses lèvres, il la repose dans son assiette.
— Je déteste être importuné pendant mon repas, davantage si vous manquez de politesse, Syna, répond-il sans même me regarder.
— Bonsoir Père, n’auriez-vous pas quelque chose à me faire parvenir ?
— Bonsoir Syna. Non, je n’ai rien à vous dire.
— Je vois… Donc, il était intentionnel que je ne sache rien à propos de votre magouille avec la famille chevaleresque, n’est-ce pas ? grogné-je.
— Les affaires politiques ne vous regardent pas.
— Les affaires politiques ? C’est donc ainsi que vous nommer cet arrangement de fiançailles entre ce crétin et moi ?
— Vous n’êtes pas habilitée à insulter les membres proches de la famille royale, veuillez baisser d’un ton !
— Vous rendez-vous compte ? Vous m’avez fiancée sans même m’en parler ! Tout le royaume est au courant ! Je me demande même si ce n’est pas allé jusqu’aux oreilles de Volcanica tant les rumeurs se répandent vite ! De surcroît, n’est-il pas incroyable que la concernée, ne soit même pas mise au courant de cela ? Je l’ai appris de mes amis !
— La manière dont vous l’avez appris m’importe guère, il s’agit de ma décision et vous n’aurez d’autre choix que de la suivre, puisqu’il s’agit d’un ordre royal.
— Il s’agit surtout de MA vie, de mon corps, vous n’allez quand même pas me vendre au premier qui aurait un peu d’influence ! Sérieusement ?
— Il n’est pas n’importe qui, il s’agit du fils aîné du Grand Maître de la chevalerie et accessoirement mon ministre politique. Il prendra donc la gouvernance de la politique du royaume et des affaires politiques dès lors que son père ne souhaitera plus faire partie du Conseil. Ce qui ne devrait pas tarder, étant donné que votre frère, ici présent sera couronné roi dans moins de deux ans.
— Auriez-vous donc oublier que je suis votre fille ? Votre chair et votre sang ? Pensez-vous que Mère serait d’accord avec votre manière de nous éduquer, enfin si je puis dire, puisque c’est Noona qui nous a élevés alors que vous ne ressembliez plus qu’à un déchet ?
Mon père se lève d’un bon et me lance un regard furieux. Ses yeux sont emplis de haine et ses lèvres se crispent l’une sur l’autre.
— Je vous interdis de mentionner votre mère ! Vous devriez faire attention à vos paroles envers moi, je suis votre roi et vous me devez obéissance !
— Vous vous considérez donc comme mon roi ? m’énervé-je alors que les larmes me montent aux yeux. Vous êtes censé être avant tout mon père !
— Au vu de votre comportement, je vois que votre grand-mère n’a même pas su vous éduquer correctement. Vous méconnaissez l’étiquette et je vous ordonne, dès demain, de prendre des cours de la coutume royale. En attendant, montez dans votre chambre, vous ne méritez pas de manger à ma table. gronde-t-il sans se rendre compte qu’il m’a simplement déçue.
Je me lève alors de table, claque la chaise contre la table et me dirige vers ma chambre d’un pas rapide et colérique.
Je me lève alors de table, claque la chaise contre la table et me dirige vers ma chambre d’un pas rapide et colérique. Je claque la porte en rentrant et cours vers mon lit à baldaquin sur lequel je m’effondre. Je n’avais jamais vu mon père dans un état pareil. Il n’est clairement plus lui-même. Comment peut-il se comporter de cette manière envers moi ? Lui, qui pourtant, était si protecteur. J’en veux aussi à Zyam, qui n’a pas su s’interposer, alors que j’en avais besoin. J’aurais aimé qu’il me soutienne, qu’il montre à notre père que je ne suis pas la seule à trouver cette histoire de fiançailles absolument sordide. J’ai encore près d’un an pour me marier, j’ai encore le temps et j’aimerai tellement me marier par amour, ou en tous cas, avec n’importe qui que ce ce crétin de Valentino. Je sais déjà comment il se pavanerait devant tout le monde s’il s’avérait qu’il devienne, en effet, le mari de la princesse. Le connaissant, il serait même capable d’assassiner Zyam pour avoir le droit au trône. Je n’aime pas ce type car je sais qu’il est mauvais. Il est hautain, il se croit le plus fort et comme tous les types de son genre, il aime le pouvoir. Il en jour énormément auprès de la chevalerie parce qu’il est LE fils de. Heureusement que Maître Kaïdo n’est pas du genre à se laisser amadouer, sinon on se serait retrouvés avec Valentino dans les pattes lors des entraînements supérieurs. Valentino est fort, mais il aime blesser plus gravement. Grâce à son père, ça passe toujours pour un accident, mais même si ce dernier met la pression à Kaïdo pour que son deuxième fils puisse faire partie de l’entraînement spécial, il n’a jamais flanché.
Je m’allonge au fond de mon lit et regarde la toile qui recouvre mon lit, cousu par les mains de ma mère pour mes quatre ans. Je pense à elle tous les jours et je suis certaine que c’est la même chose de son côté. Elle aimerait sûrement pouvoir être près de nous. Alors que mon père, lui est ici, vivant, il n’a que faire de nous. Il prend des décrets royaux et des ordonnances toutes les semaines, il crée des stratégies militaires pour agrandir le royaume alors que tout le peuple d’Aquali n’attend qu’une seule chose : la paix. Je ne sais pas ce qui lui prend, mais je sais que ça ne devrait même plus me choquer puisqu’il est ainsi quasiment depuis la mort de ma mère. Pourtant, j’espère toujours, qu’il prenne conscience de son comportement et qu’il change, qu’il comprenne qu’il nous a oubliés, mis de côté alors que nous sommes ses enfants.
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