Fyctia
Chapitre 12.3
L’homme l’attaqua avec une agilité dont Luther ne l’aurait jamais cru capable. Il para les premiers coups mais fut obligé de reculer de quelques pas. Les assauts puissants de son adversaire tombaient comme des éclairs, vifs et précis. Ses pieds solidement campés sur le sol étaient comme enracinés. Il bougeait peu, juste assez pour réduire dangereusement la distance qui le séparait des flancs de Luther. De grosses gouttelettes de transpiration coulaient sur ses tempes de l’homme et sa respiration devenait saccadée, mais il ne faiblissait pas.
L’énergie du désespoir, pensa Luther.
Il sentit qu’Aenid tentait de s’éloigner en rampant. Luther ne put s’empêcher de lui jeter un rapide coup d’œil. L’homme en profita aussitôt pour percer ses défenses. Sa lame lui entailla la poitrine. Il recula d’un bond. Son adversaire poussa un cri de victoire.
— Je suis en veine, par ma barbe ! Tu es mal tombé, mon petit. J’ai été champion de Myr, dans une autre vie, avant d’être détrôné par le géant… J’ai tout perdu, obligé de voler pour manger, comme un vagabond… Mais ma chance est en train de tourner on dirait ! Une fois que je t’aurai saigné comme un porc, je m’occuperai de cette petite …
Luther s’élança vers l’homme et l'attaqua avec toute la hargne dont il était capable. Le corps large de son adversaire offrait plusieurs cibles, et l’armure qu’il portait était mal en point, trouée à de nombreux endroits. Tandis qu’il perçait peu à peu ses défenses, Luther pouvait voir le doute, puis la peur s’insinuer en son adversaire et déformer ses traits. Il déchaina alors contre lui sa fureur. La violence de sa contre-attaque l’obligeait de plus en plus à se déplacer. Il fatiguait à vue d’œil, il commettrait tôt ou tard une erreur, Luther le sentait. Son instinct carnassier lui assurait que c’était pour bientôt.
L’homme trébucha légèrement en voulant échapper à un coup qui visait son flanc droit. Luther en profita et saisit son poignet pour le désarmer. Son arme tomba à terre sans un bruit.
L’homme s’agenouilla, les yeux pleins de rage et de colère. Il cracha aux pieds de Luther.
—Maudit chien, puisse le sort te réserver le pire desti…
La tête de l’homme vola. Avant qu’elle ne touche le sol, Luther avait déjà rengainé son épée et cherchait Aenid des yeux.
Elle était prostrée non loin de là. Son regard se chargeait d’effroi au fur et à mesure qu’il se rapprochait d’elle. Il prit le temps d’essuyer le sang encore chaud qui maculait son visage et se pencha vers elle. Il lui toucha le visage.
— Tu es blessée ?
Elle secoua la tête. Luther parcourut son corps du regard pour s’en assurer. Aenid rabattit les pans de sa cape sur ses jambes dénudée. Une trace de sang tachait le tissu. Elle blêmit.
— Cette tâche... je ne sais pas comment c’est arrivé… Je vais la faire disparaître.
— Peu importe. Il faut partir d’ici tout de suite. Tu peux marcher ?
Elle acquiesça. Luther la saisit par les épaules sans ménagement et l’aida à se redresser. Ses jambes flageolèrent sous son poids. Il lui jeta un coup d’œil. Elle était sous le choc, son corps tremblait contre le sien. Des larmes inondaient ses joues, traçant des sillons sur son visage couvert de poussière et de sang. Il prit son visage entre ses mains et l’approcha du sien.
— Ne pleure pas. Tu es en sécurité à présent.
D’un geste vif, il essuya les larmes. Elle leva vers lui des yeux chargés de terreur et d’incompréhension. Il l’attira plus près et chuchota dans son oreille.
— Tout est fini. Tu n’as plus de raison d’avoir peur.
— Il a dit … qu’il me violerait avec sa dague. Que c’était ainsi qu’il appréciait les femmes… agonisantes et hurlant de douleur…
Elle sanglotait dans ses bras. Il la serra contre lui et caressa son dos avec douceur. Ils demeurèrent ainsi quelques minutes, et elle se calma peu à peu. Lorsqu’elle releva la tête, ses yeux se posèrent sur sa poitrine.
— Vous êtes blessé !
—Ce n'est qu'une égratignure.
— Mais vous saignez, laissez-moi…
— Plus tard, coupa-t-il. Il faut partir d’ici. Viens avec moi.
Il l’entraina à travers la forêt. Elle courait presque derrière lui pour tenir le rythme. Ils arrivèrent à l’endroit où Aslan était attaché. Luther défit les rênes du cheval qui se cabra pour l’accueillir. Il monta en selle puis lui tendit la main sans un mot. Elle lui jeta un regard surpris :
— Mon Seigneur, ce n’est pas convenable...
Sans répondre, il saisit son bras et la hissa derrière lui. Aslan ne se plaignit pas de la charge supplémentaire et s’élança aussitôt hors du bois. Luther sentit les bras d’Aenid lui entourer timidement la taille.
— Sommes-nous loin de Madinia, Mon Seigneur ?
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A l'Encre de mon Sang
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Il y a un an
Mary Lev
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Il y a un an
tyson
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Mary Lev
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WildFlower
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clecle
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Cécile Marsan
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