Fyctia
Chapitre 12.2
— Commandant ! L’arrière est attaqué par des vagabonds. Nous assurons la sécurité de son Excellence, mais vos chevaliers doivent se charger de les repousser. Il faut faire vite, les esclaves sont pris pour cible !
— Je veux cents hommes avec moi, gronda Luther. Thomas, montes la garde ici. En avant !
Ils partirent au galop. Les cris se faisaient de plus en plus assourdissants au fur et à mesure qu’ils approchaient. Luther aperçut plusieurs dizaines d’hommes à pied, vêtus de haillons et armés de haches et de poignards rouillés. Ils ciblaient sans relâche la cargaison de nourriture. Cependant, celle-ci était protégée par la garde. De rage, les vagabonds se retournaient contre les esclaves désarmés.
C’était un massacre. Les corps estropiés gisaient dans des flaques de sang. Quelques-uns avaient eu le crâne fracassé en tentant de s’enfuir. Des fragments de cervelle maculaient les troncs d’arbres. Luther vit rouge. Il fonça droit devant lui et brandit son épée. Ses hommes se lancèrent à sa suite.
Un homme à cheval en vaut dix, pensa-t-il, tandis qu’il évoluait dans le chaos de la bataille. Il frappait sans pitié. Ceux qui ne succombaient pas sous les sabots d’Aslan étaient aussitôt transpercés de son épée. Avec aisance, il tranchait les gorges, coupait les membres. Aucune émotion ne venait ralentir son avancée. Il s’enfonça dans les bois, poursuivant les hommes qui s’enfuyaient. Lorsque le sentier se rétrécit, il sauta de son cheval sans hésitation et continua à pied, toujours à leurs trousses. Il se laissait guider par leur halètement de bête apeurée, et leurs vagissements de peur. Ils avaient attaqué par désespoir. Face à une armée de chevaliers expérimentés, ils n'avaient pas la moindre chance.
Il ralentit. Un silence lourd avait remplacé le chaos de la bataille. Il n’entendait plus le bruit l’acier qui s’entrechoque, il ne sentait plus l’odeur du sang frais qui s’écoule. A la place, le chant d’une fauvette perça l’air, et seul le souffle rauque de sa respiration retentissait à ses oreilles. Il ordonna aux hommes qui l’avaient suivi de se disperser et de les traquer jusqu’au dernier. Il continua à avancer, seul.
Tout à coup, un homme surgit à sa droite dans un cri de rage guttural. Il se rua sur lui d’un pas lourd et disgracieux. Les muscles énormes de ses bras, loin de l’avantager, le ralentirent considérablement alors qu’il leva sa hache, visant son crâne. Luther, campé sur ses appuis, enfonça son épée dans le ventre de l’homme d’un mouvement sec et rapide. Les yeux de l’assaillant s’écarquillèrent, et un affreux borborygme s’échappa de sa bouche édentée. Il tomba à genoux et lâcha son arme. Luther l’acheva d’un coup sec. Ce dernier urina dans son pantalon, arrachant à Luther une grimace de dégout.
Luther resta à l'affut quelques instants, scrutant le sous-bois. Il finit par rengainer son épée dans son fourreau, et s’apprêtait à rebrousser chemin lorsqu’il entendit un cri strident.
C’était le cri d’une femme.
Il se déplaça à nouveau, en silence, tous ses sens en alerte. Un nouveau cri se fit entendre, plus fort et plus près de lui. Il accéléra la cadence. Ses pieds foulaient à peine le tapis de feuilles mortes. Il avait la sensation de flotter, l’excitation fluidifiait les mouvements de son corps. Au cœur de la bataille, il était dans son élément, dans ce qu’il avait toujours connu et il devenait ce pourquoi il s’était entrainé si dur. Il aimait cela, cette sensation de toute puissance que lui procurait la traque de son ennemi, la violence du combat et la récompense du sang.
Arrivé près d’un chêne au tronc large comme trois hommes, il stoppa net. A quelques mètres de lui, un homme de forte corpulence lui tournait le dos. Luther était assez près de lui pour distinguer les ongles de sa main velue noirs de crasse. L’homme, qui ne l’avait pas entendu arriver, se déplaça, comme pour contourner quelque chose. D’un geste lent, il tira sa dague et la fit tournoyer entre ses doigts d’un geste expert.
—Ne bouge pas ma jolie, grogna-t-il, ça ne durera qu’un instant… Tu risques même d’aimer ça !
Luther se rapprocha sur la pointe des pieds et se prépara à frapper. Tout à coup, il s’immobilisa. Devant l’homme, une femme était allongée par terre. Le sang de Luther se glaça.
Aenid regardait avec épouvante l’homme qui la menaçait. Son regard fila au-dessus de l’épaule de son agresseur et elle l’aperçut. Elle étouffa un cri de surprise. L’homme, alerté, se retourna d’un bond. Luther eut le temps de croiser son regard noir surmonté d’épais sourcils broussailleux avant que ce dernier ne fonce sur lui, avec l'énergie d'un ours.
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A l'Encre de mon Sang
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Il y a un an
Mary Lev
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Il y a un an
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a un an
Mary Lev
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Marie Andree
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Mary Lev
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Gottesmann Pascal
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Il y a un an