Fyctia
Chapitre 11.5
Une fois à l’abri, Aenid reprit rapidement ses esprits. Luther avait allumé un feu et l’avait couverte de sa cape. Dehors, le vent hurlait et faisait s’ébranler la tente avec une telle violence que Luther s’attendait à voir les piquets être arrachés à tout instant, alors qu’il avait lui-même aidé Arthus à les enfoncer dans le sol quelques heures plus tôt. Il savait la solidité de son installation, et pourtant les abominables roulis qui menaçaient de s’engouffrer à chaque instant lui faisaient craindre le pire. Jamais il n’avait eu à affronter une tempête aussi violente.
Le corps d’Aenid se mit à frissonner de manière incontrôlable. Elle le chercha du regard. Ses lèvres avaient pris une teinte violacée. Ses yeux brillaient d’épouvante.
— C’est bon signe si ton corps tremble, lui dit-il. Tu vas bientôt te réchauffer.
D’un geste vif, il lui retira ses chausses et ses gants. Interdite, elle le regarda sans rien dire, en claquant des dents. Sans un mot, il saisit ses mains avec douceur et les examina avec attention. Il fit de même avec ses pieds. Il vérifia chaque doigt, chaque orteil. Lors d’une expédition précédente, il avait vu un chevalier mourir suite à une tempête de neige. Un de ses orteils avait noirci. Puis, c’était toute la jambe qui avait pourri. La fièvre avait fini par l’emporter, dans un râle de souffrance terrible.
Il n’y avait rien sur Aenid, pas la moindre trace de noirceur. Soulagé, il garda ses mains pour les frictionner dans les siennes. Son expression de peur et de détresse le prit au cœur.
— Courage, murmura-t-il avec impuissance. Ta famille sera bientôt là.
Elle ferma les yeux. Luther eut peur, pensant qu’elle s’était de nouveau évanouie. Mais les tremblements persistants de son corps le rassurèrent. Il porta ses mains glacées à sa bouche pour y insuffler un peu de chaleur. Il ne put dire si son geste lui fut bénéfique car elle ne pipa mot.
Arthus pénétra dans la tente accompagnée de Raina et de Iaonid. Luther lâcha les mains d'Aenid comme si elles l'avaient brûlé. Arthus ne sembla rien remarquer d'anomal. Il avait les bras chargés de couvertures. Luther s’écarta à contre cœur d'Aenid, tandis que Raina se précipitait sur elle en gémissant des paroles en Rimi. Il saisit une épaisse couverture qui empestait le renfermé et la jeta dans les bras de la vieille femme.
— Mettez-vous tous les trois là-dessous.
Ils s’exécutèrent. A leur contact, Aenid se réchauffait peu à peu et sa peau reprenait des couleurs. Sa grand-mère lui caressait les cheveux avec tendresse, et son frère se blottissait dans le creux de son épaule. A eux deux, ils avaient réussi là où il avait échoué. Il voulut disparaitre à l’arrière de la tente, dans l’intimité de son lit, lorsque Raina l’arrêta.
— Merci, Siddi, de nous avoir permis de nous abriter. Sans vous, ma petite fille n’aurait pas survécu…
Luther croisa son regard chargé de reconnaissance. Les mains fripées de la vieille femme s’agrippaient au bras Aenid. Il remarqua alors la tenue de la jeune fille : une simple toile à même la peau. Il fronça les sourcils.
— Tu n’as pas de cape ?
Aenid eut une expression honteuse, comme prise en faute.
— O-On me l’a v-volée. Un autre c-captif, s-sans d-doute…
Une pointe d’agacement et de colère le traversa.
— Les vols sont monnaie courante, Siddi, confirma Raina.
— Elle ne survivra pas sans cape, rétorqua-t-il.
Des larmes coulèrent sur les joues d’Aenid. A la voir ainsi, il regretta aussitôt de s’être emporté.
— Ne vous inquiétez pas de cela pour l’instant, dit-il. Vous pouvez dormir ici, tous les trois. Arthus montera la garde.
A ces mots, Luther se retira derrière le pan de tente. Il sentit le regard d'Aenid s'attarder sur lui un moment. Était-ce de la reconnaissance ? La crainte de mourir ? Il se coucha avec la douloureuse sensation que le pire avait été évité de justesse.
Il était en train de sombrer peu à peu dans le sommeil, lorsqu’il sentit quelque chose lui frôler la joue. Il saisit le poignard glissé sous sa tête et se redressa brusquement. Puis il reconnut l’intrus.
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Gottesmann Pascal
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A l'Encre de mon Sang
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