Fyctia
Chapitre 11.4
Luther se réveilla en sursaut. Le vent soufflait si fort qu’il faisait claquer les pans de la tente. Un bruit assourdissant en résultait, et le froid qui s’insinuait à l’intérieur lui donna la chair de poule. Il se leva d’un bond. Arthus apparut. Il avait l’air paniqué.
— Commandant ! Une tempête de neige !
Luther jura. Il attacha son épée et serra les pans de sa cape avant de sortir de la tente d’un pas précipité. Le vent glacé lui anesthésia aussitôt le visage, et il la neige qui s’abattait sur ses yeux l’empêchait de voir. Il se couvrit à l’aide de sa cape et essaya de ne pas ralentir la cadence.
La situation était dramatique. La plupart des captifs étaient assis à même le sol et grelottaient de froid, les membres violacés. Peu habitués à des températures si basses, ils se serraient les uns contre les autres pour tenter de conserver la chaleur de leur corps. Ils avaient les yeux écarquillés de terreur, voyant la neige pour la première fois. Certains, pris de folie, couraient comme des dératés, en hurlant des paroles incompréhensibles. Les fins tissus disposés au-dessus de leur tête n’offraient qu’un paravent dérisoire face à la violence inouïe de la tempête.
— Rapatriez les dans les tentes des hommes immédiatement, ordonna Luther.
Il vit dans les yeux de ses hommes qu'ils n'étaient pas dupes; c'était une manoeuvre désespérée. Ils obéirent néanmoins et saisirent les hommes et les femmes pour les trainer sans ménagement vers les campements des soldats.
Luther parcourut le campement de yeux, le regard hagard. Il avança, bousculant ceux qui se trouvaient sur son passage, s’enfonçant de plus en plus dans le chaos de la tempête.
— Commandant, il faut vous abriter !
Luther entendit à peine la voix d’Arthus à cause du sifflement strident du vent. Son regard frénétique courait de chaque côté, scrutant les environs à travers les rafales. Il mit un bras sur son front, pour tenter d’empêcher la neige de lui brûler les yeux. Il luttait contre une force qui le dépassait pour avancer, malgré la violence insaisissable que lui opposait le vent. Il battait des bras, luttant contre un ennemi invisible. Il forçait ses jambes à avancer. Il avait l’impression de traîner deux énormes troncs d’arbre sous lui. Jamais il ne s’était senti plus gauche et plus impuissant qu’en cet instant.
Lorsqu’il la vit enfin, son cœur manqua un battement.
Aenid était allongée dans la neige, la tête posée sur les genoux de sa grand-mère qui lui frictionnait les épaules malgré ses doigts bleuis par le froid. Iaonid était prostré sur le côté, ses mains serrant celles de sa sœur. Il semblait sur le point de fondre en larmes. A cause de l’épaisseur de la tempête, personne ne le vit arriver. Il se pencha et saisit le corps glacé de la jeune fille. Lorsqu’il la souleva, Iaonid et Raina levèrent vers lui un regard courroucé. Puis ils le reconnurent, et leurs yeux exprimèrent alors une silencieuse supplication.
Luther s’adressa à Arthus.
— Ramène les deux autres dans ma tente !
Le vent hurlait à ses oreilles, et battait douloureusement son visage désormais privé de la protection de ses bras. Mais il le sentait à peine. Le corps inanimé qu'il portait l'inquiétait plus que de raison. Comme Arthus se tenait sans bouger face à lui, les yeux pleins de surprise, il répéta son ordre en criant de toutes ses forces pour que l'écuyer agisse. Lorsqu’enfin Arthus s’éloigna en compagnie des deux esclaves, Luther fit à nouveau face à la tempête, tout en serrant le corps d’Aenid contre lui.
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Gottesmann Pascal
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