Fyctia
Chapitre 11.3
—Tu parles, Jared ! dit Thomas. Ce n’est pas Yvan, le problème. Il ne fait qu’obéir à son maître. Tiago ordonne, et il rapporte, comme un bon chien.
—Dès notre retour, affirma Calhoum, il faudra reporter cela aux autorités compétentes. La prochaine expédition devra se passer de ce genre de comportements. Il est tout bonnement intolérable…
— Il n’y aura pas de prochaine expédition, coupa Luther.
Tous levèrent un regard étonné dans sa direction. Il se maudit. Il avait bien mal choisi son moment pour informer ses officiers de dangereux projets.
— Que veux-tu dire ? demanda Calhoum avec prudence. Nous avons reçu l’ordre de mener la guerre aux Nassin. Le messager de Sa Majesté a été parfaitement clair.
— Je ne mènerai pas cette guerre.
— C’est la seule façon pour toi d’hériter des terres de ton oncle, insista Calhoum. De plus, tu as prêté serment.
— Il a raison, rechérit Jared. Tu as beau être le fils de la Reine, ton refus pourrait être considéré comme de la haute trahison.
Thomas ne disait rien. Luther vit un éclat nouveau briller dans ses yeux.
—Je refuse de conduire mes hommes à la mort.
— Commandant, tu as perdu l’esprit, souffla Jared, effrayé.
—Avez-vous la moindre idée de ce qui se trouve au-delà des plaines arides ? demanda brusquement Luther.
—De quoi as-tu si peur, Luther ? s’écria Calhoum. D’une bande de nomades en guenilles tout juste bon à traire leur chèvre ? Nous les réduirons en miettes, ainsi que nous l'avons toujours fait.
Les yeux de Luther brillèrent de colère.
— Ce que tu ignores, Calhoum, pourrait remplir plusieurs rayonnages de la grande bibliothèque de Myr.
Calhoum eut une expression révoltée, tandis que Jared et Thomas pouffèrent. Luther poursuivit :
— Les mercenaires que j’ai pu questionner m’ont appris l’existence de villes creusées dans les falaises. Ces villes sont de véritables forteresses. Elles sont protégées par des canyons aussi hauts que ces montagnes, qui se resserrent comme un étau. Nous ne savons pas combien de Goumis protègent ces cités. Plusieurs centaines, ou plusieurs milliers.
— Si nous attaquions une telle cité, nous serions taillés en pièce en quelques heures, murmura Thomas.
—Voilà des années que nous parcourons toujours les plaines arides. Nous n’avons jamais été défaits par ces Goumis que tu sembles tant craindre, fanfaronna Jared.
— Les clans que nous attaquons sont dispersés et faibles, expliqua Luther avec impatience. Nulle forteresse et nulle armée de les protège. Attaquer une cité gardée par des milliers d’hommes est une pure folie.
— Pour quelle raison Sa Majesté souhaite défaire les cités du Désert ? demanda Jared.
— C’est pourtant évident ! répondit Thomas, excédé. Sa Majesté souhaite affaiblir le commandant et ses hommes.
— C’est insensé ! Sa Majesté ne peut se montrer aussi indifférente à l’intégrité de son armée, sans parler de celle de son propre fils.
— Prend garde Thomas ! menaça Calhoum. Tes paroles hardies pourraient te conduire à la potence !
— C’est votre aveuglement à tous les deux qui causera notre perte à tous ! cria Thomas.
— Silence, ordonna Luther.
Quelques regards interrogateurs s’étaient posé sur eux, mais personne ne semblait avoir perçu la teneur de leur propos. Il reprit à voix basse.
— A notre arrivée, la Reine m’accordera un entretien. Je l’informerai de ma décision.
— Je me rangerai à tes côtés, commandant, dit Thomas avec ferveur.
Jared et Calhoum se regardèrent, mortifiés. Malgré sa déception, Luther comprenait leur réaction. Il serra l'épaule de Thomas, puis se leva et prit congé. Lorsqu’il se coucha, il entendit leurs éclats de voix durant plusieurs minutes avant de sombrer dans le sommeil.
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A l'Encre de mon Sang
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Il y a un an
Mary Lev
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Micael M.
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clecle
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Gottesmann Pascal
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WildFlower
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