Fyctia
Chapitre 10.5
— Tu parles si bien notre langue. Ou l’as-tu apprise ?
— Oh ! dit-elle d’un ton soulagé, tandis que ses mains glissaient à nouveau sur son dos. Mon père a beaucoup voyagé à travers le continent. C’est lui qui m’a appris.
— Que faisait ton père pour voyager autant ?
Luther était sincèrement curieux. Rares étaient les Nassin qui voyageaient librement à travers le continent. Aenid poursuivit son explication avec tranquillité :
— Il possédait des chevaux de grande valeur. Il voyageait pour en acquérir de nouveaux et les faire se reproduire, afin d’équiper les cavaleries de riches seigneurs.
— Ton père t a-t-il appris à monter à cheval ?
— Oui. Mais beaucoup de femmes Nassin savent monter à cheval, il n’y a là rien de très spécial.
— Je trouve cela remarquable. La plupart des femmes nobles que j’ai croisées défaillent à la vue d’un cheval au galop.
— Je ne suis pas une de ces femmes.
Luther ne dit rien, craignant de l’offenser. Cependant, sa curiosité était trop forte. Il demanda à nouveau :
— Ton père était riche, je présume ? Je ne t’imagine pas vivre parmi les clans des plaines.
— Je suis née et j’ai grandi à Or An mandur.
Luther sentit les battements de son cœur s’accélérer. C’est donc vrai, pensa-t-il. Les Nassin ont des villes creusées dans les falaises, au cœur du désert rouge.
— Que faisais tu si loin de chez toi ?
— A la mort de dabi, de mon père, le gouverneur a jugé que Iaonid était trop jeune pour s’occuper de ses terres et de ses chevaux. Cet homme malfaisant a confisqué tous nos biens. Nous nous sommes retrouvés démunis, et nous avons du quitter la ville.
A ces mots, il se retourna sur le dos et lui saisit les mains. Aenid le regardait d’un air triste. Elle finit par ajouter :
— Depuis que dabi est parti, notre vie n’est qu’une succession de malheurs. Parfois, le désespoir s’empare de moi, et seule ma volonté de protéger mon jeune frère me fait garder la raison.
Il voulut lever la main et caresser sa joue, mais il se contenta de garder ses mains dans les siennes.
— Tu es très brave, fille du désert, murmura-t-il.
Aenid hésita quelques instants avant de demander :
— Mon Seigneur, qu’adviendra-t-il de nous dans la capitale ?
Luther voulut lui assurer que tout irait bien, mais il ne parvint pas à lui mentir.
— Je l’ignore, dit-il avec toute la douceur dont il était capable.
Aenid retira ses mains de sa poitrine. Il sentit un froid glacial sur sa peau.
— Tant que je serai en vie, ajouta-t-il, vous serez sous ma protection.
Aenid lui jeta un regard reconnaissant.
— J’en ai terminé. J’espère que vous trouverez le sommeil…
Luther acquiesça. Il se sentait au bord de l’épuisement.
— Merci, Aenid, souffla-t-il.
Elle sourit en l’entendant dire son prénom, puis quitta la pièce. Il entendit son pas léger s’éloigner jusqu’à devenir inaudible avant de sombrer dans un sommeil sans rêves.
32 commentaires
Mélanie Chloé Sevilda
-
Il y a un an
Mary Lev
-
Il y a un an
Micael M.
-
Il y a un an
LuizEsc
-
Il y a un an
Mary Lev
-
Il y a un an
Gottesmann Pascal
-
Il y a un an
Mary Lev
-
Il y a un an
Marion_B
-
Il y a un an
Mary Lev
-
Il y a un an
WildFlower
-
Il y a un an