Fyctia
Chapitre 10.3
Quelques heures plus tard, Luther se laissait petit à petit sombrer dans un état de conscience altérée. Le vin bon marché, au goût âcre, avait eu le mérite de diluer sa douleur, la rendant supportable. Luther laissait son corps flotter dans l’eau de son bain. Ses paupières étaient lourdes. Il se sentait aussi vide que la carafe de vin qui gisait par terre. Mais il savait qu’il ne trouverait pas le sommeil cette nuit.
Il ressentait une peine terrible. Désormais, il était seul. La peur insidieuse s’insinua dans sa chair affaiblie par l’alcool. La requête de Déménor de faire de lui son héritier n’avait pas été honorée par la couronne. Il lui fallait quitter Loth dès que possible. La perspective d’affronter sa mère et son frère l’épouvanta.
Tiago avait commis l’ultime affront de ne pas assister aux funérailles. Il avait prétexté un état de fatigue intense, et n’avait pas exprimé la moindre condoléance. L’insulte avait outré Grégori, qui s’était permis de proférer des paroles incompatibles avec l’étiquette. Tiago lui avait claqué la porte au nez sans ménagement. L’attitude indigne de son frère nourrissait la haine qu’il ressentait à son égard. Il l’avait toujours méprisé pour sa couardise, sa cruauté, son mépris de tout ce que Luther considérait comme sacré et honorable. Mais à présent, il avait envie de lui enfoncer un tisonnier brulant au fond de la gorge. Et il était presque sur d’en éprouver du plaisir.
Il n’arrivait pas à croire que dans quelques semaines, il serait de retour à Myr, et que son sort dépendrait de la discrétion d’un petit prêtre insignifiant. Il avait remis la lettre à Lucius juste après la cérémonie, lorsque tous les hommes étaient partis après lui avoir présenté leurs respects. Il fallait à présent mener l’expédition sans encombre à travers les montagnes, tout en priant pour que Tiago ne se formalise pas de la présence du prêtre parmi eux.
Il était tard. Cela faisait presque deux heures que Luther gisait dans l’eau refroidie, incapable de remuer. Il rassemblait ses forces dans une tentative pour se hisser hors de la baignoire lorsque des coups timides résonnèrent dans la pièce.
Luther s’immobilisa, irrité. Il avait pourtant signifié clairement à Arthus qu’il ne voulait pas être dérangé.
— Qui va la ? gronda-t-il.
— Aenid, Mon Seigneur. Votre écuyer m’a ordonné de vous apporter de l’eau chaude.
Il sentit sa colère fondre.
— Entre !
Elle pénétra dans la chambre, le corps tendu par un lourd récipient en fer blanc. Elle s’avança et en versa le contenu dans la baignoire. De la vapeur s’échappa, humifiant quelques mèches de ses cheveux. Luther sentit la torpeur l’envahir de nouveau. Il se laissa tomber en arrière avec un soupir de satisfaction.
— Merci, murmura-t-il.
Lorsqu’elle se releva, Luther la retint par le bras.
— Reste un peu.
Elle eut un mouvement de surprise.
— Ne souhaitez-vous pas rester seul ?
Luther la regarda et fut de nouveau subjugué. Ses cheveux étaient détachés et tombaient en cascades de boucles lâches sur ses épaules. Quelques mèches étaient attachées en arrière, dégageant son visage. Ses mains tenaient toujours la bassine en fer et Luther les trouva admirablement dessinées. Ses poignets étaient si fins qu’il pouvait les entourer de sa main.
— Plus maintenant.
Sa voix était rauque, et son ton suppliant l’écœura. Il ne la quittait pas des yeux cependant. Elle lui rendit son regard. Luther y lut un mélange de curiosité et de peur.
— Je suis désolée, pour votre oncle. Je sais que vous l’aimiez beaucoup.
Ses paroles simples le touchèrent plus qu’il ne l’aurait pensé.
— Il était comme un père pour moi…, lâcha-t-il.
— Je suis désolée, répéta-t-elle. Ma grand-mère a tout fait pour le soulager jusqu’à la fin…
Une lueur de crainte brilla dans ses yeux.
— Je vous en prie, ne la punissez pas.
—Je n’en ai pas l’intention.
Aenid eut l’air soulagé. Elle hésita avant de parler d’un ton prudent.
— La mort n’est pas une fin, mon Seigneur. La mort n’est qu’un passage. Nous enterrons nos morts, nous les brulons, mais leur âme est toujours présente.
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LoetiDerwn
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Mary Lev
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cedemro
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A l'Encre de mon Sang
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Gottesmann Pascal
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WildFlower
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