Fyctia
Chapitre 10.1
Comment se définit Dieu dans les saintes écritures ? Dieu est l’Unique Créateur. De lui est issu toute matière, et toute chose vivante. De lui également viendra le cadeau le plus précieux, ce qui compte le plus aux yeux des érudits, un mystère qu’ils s’efforcent de percer leur vie durant : l’ascension. Il s’agira alors de suivre à la lettre les préceptes érigés par ce Dieu pour espérer y parvenir.
Comment se définit Dieu dans la mythologie Nassin ? Lorsque l’homme est perdu dans les ténèbres, au cœur du désert. Seul, sans eau et sans repère. Dans l’obscurité la plus complète, il est une Chose qui demeure et qui lui fait retrouver son souffle de vie. Cette Chose est appelée Dieu. Chacun doit trouver en lui le chemin pour accéder à Dieu.
Telle est la différence fondamentale entre nos deux peuples. Telle est la cause de notre incompréhension mutuelle.
Extrait des mémoires d’Aenid, livre premier.
Il faisait nuit. La lune éclairait la cour du château de Loth comme en plein jour. Grégori avait réuni les vassaux de Déménor. Tous étaient vêtus de costumes sombres et leurs capes battaient au rythme du vent. Derrière Grégori se trouvaient les chevaliers de Loth. Leur armure étincelait. Luther tentait de conserver une expression digne. On n’entendait rien ; que les respirations calmes des hommes.
Luther jeta un coup d’œil au bucher dressé à la hâte quelques heures plus tôt. Un amoncellement maladroit de pièce de bois mal taillées et irrégulières. Le tout empilé sans ordre, ni méthode, menaçait de s’écrouler à tout moment.
Des bruits de pas se firent entendre et les hommes tournèrent leur regard. Six chevaliers s’avançaient, portant sur leurs épaules un corps drapé d’un linceul blanc. L’heptagramme du temple était brodé sur le tissu. A l’arrière, Lucius marchait d’un pas assuré. La couleur verte de sa soutane et l’heptagramme qui ornait sa lourde coiffe cylindrique rappelait à tous sa position de haut prêtre du Temple. Luther tressaillit. Il sentit aussitôt la main réconfortante de Jared se poser sur son épaule.
La procession s’arrêta. Les hommes posèrent avec délicatesse la dépouille de Déménor au sommet du bûcher. Chacun retint sa respiration quelques secondes avant de pousser un soupir de soulagement. Par miracle, l’échafaudage tint bon. Les hommes se placèrent derrière Grégori une fois leur tâche accomplie. Lucius leva la main droite à hauteur de son visage qui prit un air grave et solennel.
— Oh Seigneur Loren, bénis sois-tu. Je te confie l’âme du Maitre de cette terre, notre bien aimé Déménor de Nuir. Reçois-le dans ta divine patrie, au-delà des rivages de cette Terre. Nous te supplions, oh, puissant seigneur, d’avoir pitié de son âme.
Lucius baissa la main et entonna une litanie en langage ancien. C’était une prière bien connue des hommes, qui la reprirent de concert, la main posée sur le cœur.
— Om Loren namaha.
« Que Loren le bénisse ».
Luther murmurait en chœur avec les hommes. Il sentait les larmes couler malgré lui le long de ses joues. Voilà bien longtemps que son cœur n’avait pas pleuré pour quelqu’un. Il avait l’impression de perdre son père une deuxième fois. Les paroles répétées en boucle ne furent bientôt plus que des syllabes dépourvues de sens. Il essuya son visage à la hâte.
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A l'Encre de mon Sang
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Il y a un an
Mary Lev
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WildFlower
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LuizEsc
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Marie Andree
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