Fyctia
Chapitre 9.4
— Grégori…, murmura-t-il. Il n’avait pas encore compris, jusqu’à ce matin.
— Il ne voulait rien voir. Loth est en danger depuis longtemps, par ma faute. Depuis la mort de Lénore, j’ai pris ton parti de manière peu subtile.
— Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger votre terre. Je le jure sur ma vie.
— A la bonne heure, mon garçon. A présent, laisse-moi. Lucius aime la ponctualité.
Déménor n’avait plus la force de parler. Un nuage passa et son ombre lécha le visage pâle du vieil homme, faisant frissonner Luther qui y vit l’ombre de la mort. Incapable de soutenir cette vision plus longtemps, Luther quitta la chambre et son atmosphère pesante.
Le bureau de son oncle, situé à peine quelques portes plus loin, contrastait avec la chambre de Déménor par son aspect chaleureux et réconfortant. Il y régnait une douce odeur de papier usé et de cuir vieilli. Les murs soutenaient des bibliothèques en bois massif qui s‘étalaient jusqu’au plafond. De précieux ouvrages en langue commune et en langue ancienne ornaient leurs rayonnages. Au centre de la pièce trônait un bureau enseveli sous une montage de lettres et un fauteuil en cuir rapiécé par l’usage dans lequel Armand était assis, l’air concentré. Une plume à la main, il traçait des lettres avec l’application d’un écolier.
Luther toussota pour signaler sa présence. Armand leva les yeux. Son regard noisette brilla d’irritation. Puis, il le reconnut et se leva d’un bond pour l’accueillir :
— Très cher Seigneur ! Que me vaut l’honneur de votre présence si matinale ?
— Je dois rencontrer Lucius, l’évêque de Loth. Vous devez m’accompagner.
— Ah oui, ce cher Lucius, … Oui oui … évidemment… On m’en a avisé...
Il semblait néanmoins désarçonné.
— Il y a un problème ? demanda Luther avec une pointe d’irritation.
— Grand dieux non ! C’est seulement que … Voyez-vous, Lucius et moi ne sommes pas en très bon termes en ce moment. Des vieilles histoires... Mais ce satané prêtre a la rancune tenace, et une tête dure comme la pierre !
—J’ai besoin de lui, c'est une affaire urgente, répliqua Luther, agacé. Vos petites querelles m’importent peu.
— Vous avez raison, entièrement raison. Il ne faut pas laisser ces broutilles sans importances nous empêcher de mener notre mission à bien.
Armand toussota et considéra Luther :
— Devons-nous y aller tout de suite ?
— Le prieuré est situé à plusieurs kilomètres. Il faut partir sans tarder.
— Fort bien, grommela Armand. Je dois simplement faire ajuster ma tenue qui n’est pas très appropriée. A moins que, voyons-voir… Nous allons prendre un carrosse ?
Il y avait une lueur d’espoir dans ses yeux. Luther lui jeta un regard dédaigneux.
— Je ne voyage pas en carrosse.
Armand eut l’air dépité.
— Evidemment, je m’en doutais. Vous autres chevaliers êtes incapables d’apprécier le moindre confort.
Luther se dirigea vers la sortie du bureau et lança derrière son épaule d’un ton exaspéré :
— Je vais faire préparer les chevaux. Pressez-vous !
Il n’attendit pas sa réponse, et claqua la porte derrière lui.
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