Fyctia
Chapitre 7.4
Luther fut sur le point de répliquer, mais se ravisa. Il esquissa une brève révérence et prit congé. En sortant de la chambre de son frère, il se dirigea vers la sienne. Il apostropha Arthus qui était posté devant sa porte.
— Va quérir l’homme de loi de ce château.
Lorsqu’il fut parti, Luther s’affala devant son bureau. Il prit des morceaux de parchemin s’attela à la tâche.
Il avait déjà possédé des esclaves par le passé. Le plus souvent, il s’agissait d’homme jeunes et athlétiques, qu’il enrôlait comme soldats d’infanterie. Luther avait accordé la liberté à certains d’entre eux, qui s’étaient montrés particulièrement efficaces sur le champ de bataille. Ce n’était pas les premiers titres de propriété qu’il rédigeait, mais en notant le nom d’Aenid, il ressentit un fourmillement inhabituel dans ses entrailles.
Il avait presque terminé sa besogne lorsqu’Arthus revint. Il était accompagné d’un homme de petite taille. Son imposante perruque de cheveux blanc lui faisait gagner plusieurs centimètres. Sa tunique richement brodée et sa ceinture en cuir mettaient en valeur son ventre bedonnant. L’homme s’inclina et parla avec un enthousiasme qui désarçonna Luther, peu habitué à ce qu’on s’adresse à lui de cette façon.
— Noble Seigneur ! Je suis Armand, pour vous servir. Que me vaut l’honneur ?
— Je viens d’entrer en possession de trois esclaves. Je dois faire authentifier les titres de propriétés. C’est une affaire urgente.
Armand saisit les fragments de parchemin. Il les parcourut et fronça les sourcils.
— Il manque le nom de l’un d’entre eux, celui du jeune garçon.
Luther se tourna aussitôt vers Arthus.
— Ramène les ici.
Armand leva des yeux curieux vers lui.
— Pour quelle raison désirez-vous acquérir ces trois captifs ? La vieille dame n’a que peu de valeur, ainsi que le jeune garçon. La jeune fille pourrait valoir quelque chose, à condition qu’elle soit en bonne santé. Si vous avez besoin de conseils, je serai ravi …
— Ce ne sont pas vos affaires, coupa Luther.
Les joues d’Armand se colorèrent. Son air peiné émut Luther qui regretta son ton froid.
— Pardonnez-moi, dit-il, confus. Je ne cherchais qu’à mieux vous servir.
Un silence pesant s’installa. Luther observa les boutons en argent qui ornaient la tunique de l’homme de loi. Ils représentaient un motif étrange, comme un soleil coupé en deux. L’effet était saisissant, à la fois raffiné et exotique.
— Les boutons de votre tunique, d’où viennent-ils ?
Armand sembla ravi par la question. Un large sourire révéla ses petites dents et il répondit avait un plaisir non dissimulé :
— Je vois que mon seigneur est un homme de gout ! Il s’agit là d’un travail d’orfèvre ! Un bijoutier de Myr, qui s’inspire de l’art Nassin, les a réalisés à ma demande. Un travail couteux, mais qui en jette, pas vrai ?
Ses doigts saisirent un bouton et le firent étinceler à la lueur du feu qui brulait dans l'âtre de la cheminée. Il expliqua :
— Un demi soleil ... Car dans les croyances Nassin, le soleil et la lune ne sont qu'un. Ils se sont unis à la création du monde, et s'uniront de nouveau lors de la fin des temps... Quelque chose comme ça !
Il leva des yeux rieurs et s'esclaffa :
— Des histoires de bonne femme, pas vrai ! J'ai voulu commander des lunes, pour avoir la légende complète sur mon veston, mais ce vieux brigand de bijoutier en demandait trop cher !
— Vous êtes richement vêtu, fit remarquer Luther. Mon oncle vous dédommage convenablement pour vos services, je présume ?
La question de Luther aurait pu paraitre insultante, mais le sourire d’Armand s’élargit.
— Je propose toutes sortes de services, voyez-vous. J’ai de nombreux contacts à la cour. Le maître m’a chargé de plusieurs missions d’importance. Leur réussite a fait ma richesse, votre Grâce.
— Ne m’appelez pas ainsi.
— Un homme simple, tout comme votre oncle ! jubila Armand. Si d’aventure vous avez besoin de conseils, peu importe l’affaire, je me ferais un immense plaisir de vous obliger.
— Ma bourse est loin d’être aussi pleine que celle de mon oncle. Je crains de ne pouvoir m’offrir vos services, ironisa Luther.
Armand balaya sa main devant lui d’un geste irrité.
— Allons. Je ne suis pas un être cupide dépourvu d’émotions. Je suis avant tout un ami de la famille. Depuis que la santé du maitre périclite, les occasions de s’amuser se font rares. Un petit souffle d’aventure et de danger me ferait le plus grand bien !
Armand leva les yeux au ciel comme pour appeler ses souvenirs et ajouta :
— Je me souviens avoir parcouru les routes les plus risquées du continent avec Déménor, afin de de débarrasser le domaine de la vermine. Nous nous couchions tous les soirs sans être surs de voir l’aube se lever ! Cette époque est désormais révolue.
Il affichait une expression de profond regret. Il fit tourner d’un air distrait les nombreuses bagues qui ornaient ses doigts boudinés.
Luther leva la tête. Arthus était de retour. Derrière lui, Raina, Aenid et le jeune garçon roux se tenaient debout. Aenid leva les yeux et lui jeta un bref regard, avant de se remettre à fixer ses pieds nus.
— Ah, voilà donc nos captifs. Soyez les bienvenus !
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CirceTheWitch
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Mary Lev
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