Mary Lev La fille du désert Chapitre 7.1

Chapitre 7.1


Oh toi ! Ombre du désert, marcheur infatigable. Conduis ton troupeau par-delà le sable brulant. Derrière chaque mirage se cache une vérité. Derrière chaque jour brulant se trouve une source de vie.

Proverbe Nassin

— Raina, comment va-t-il ce matin ?


Luther avait apostrophé la vieille femme, qui sortait de la chambre de Déménor. Jared l’accompagnait, le visage fermé.


— Mieux, Siddi, siffla-t-elle. J’ai fait bruler des herbes. La fumée l’a soulagé.


Luther respira. Voilà deux jours que Raina s’occupait de Déménor. Ce dernier pouvait parler plus facilement, et son teint avait perdu sa teinte grisâtre.


—Sa condition ne peut être guérie, ajouta-t-elle, les yeux graves. Son cœur est gravement malade.

—Je le sais. Contente-toi de le soulager. Je te serai redevable.

— Puissiez-vous vous souvenir de vos paroles ! soupira-t-elle en s’éloignant, Jared sur ses talons.

Ce dernier ne la quittait pas d’une semelle, et surveillait ses moindres faits et gestes. Luther jugeait Raina inoffensive, et les précautions de Jared inutile. Mais l’officier ne voulait pas en démordre.


Le château était en effervescence depuis leur arrivée. Son oncle avait fait convier ses vassaux au banquet qui devait avoir lieu le soir même. Les préparatifs allaient bon train. Les serviteurs nettoyaient le château de fond en comble, et les cuisines étaient débordées. Certains esclaves avaient été contraints de prêter main forte. Seule la vieille Raina était exemptée. Luther avait ordonné qu’on lui fournisse le nécessaire pour la fabrication de ses potions, et qu’on la laisse en paix.

Il s’était également assuré que les esclaves ne manquent ni d’eau ni de nourriture. Il avait fait de son mieux pour leur fournir des vêtements chauds. Certains enfants avaient été achetés par des forgerons, afin d’en faire des apprentis. Luther avait assisté aux adieux déchirants, lorsque les bambins avaient été arrachés à leur mère. Mais c’était mieux ainsi. Peu d’enfants survivaient à la traversée des montagnes. Ils pourraient un jour acheter leur liberté et devenir forgeron à leur tour. Aux yeux de Luther, mieux valait cela que de subir les atrocités perverses de la capitale.


Il se dirigea vers les écuries. Aslan, le hongre que son oncle lui avait offert il y a plusieurs années, se cabra sous sa caresse. Le dressage avait été long et fastidieux. Désormais, Luther se contentait de murmurer quelques paroles apaisantes dans l’oreille d’Aslan, comme seuls savent le faire les hommes qui aiment les chevaux. Aslan se calmait et lui obéissait alors sans rechigner. Luther avait appris certaines manœuvres des Nassin eux-mêmes. La propagande continentale considérait les Nassin inférieurs en tous points. Luther devait cependant leur reconnaître une supériorité incontestée dans le dressage des chevaux.


Quelqu’un passa derrière lui en grognant et Aslan agita son large cou. Ses naseaux se dilatèrent, et ses yeux exprimèrent une peur bestiale.


— Chut, murmura Luther. Bientôt nous reprendrons la route.


Le cheval se cabra et réclama de nouvelles caresses. Luther sourit, et pressa son front contre le museau humide.


Les chevaliers royaux étaient occupés à rassembler les provisions nécessaires au voyage. La confection des couvertures et des vêtements chauds prenait un peu plus de temps, mais ce serait l’affaire d’une semaine tout au plus. Il fronça les sourcils.


L’heure du départ approchait. Il craignait que l’état de Déménor se détériore, privé des soins de la vieille esclave. Seul Tiago avait le pouvoir de la faire demeurer auprès de son oncle. Il était le représentant de la couronne, et sa parole avait valeur de loi. Mais il avait beau se creuser les méninges, il ne voyait pas de quelle manière Tiago pourrait consentir à une telle demande de sa part. Il n’était guère préoccupé par l’état de santé de leur oncle et ne lui avait jamais rendu visite. Il passait ses journées dans ses appartements. On racontait qu’il était ivre à longueur de journée, et affichait ouvertement son mépris envers la ville de Loth, ainsi que tous ceux qui l’habitaient. Jamais il n’approuverait le don d’une esclave, fusse-t-elle de peu de valeur, pour le service personnel de Déménor.


Luther soupira et reprit son chemin d’un pas rapide en direction de l’entrée du château. Il était déterminé à présenter sa requête à son frère après le banquet. L’alcool coulerait à flots et serait susceptible d’adoucir son humeur.


Du vin et des femmes ! Voilà tout ce que son cœur avide et sec peut désirer !


Il leva les yeux. Aenid était à quelques mètres de lui, occupée à puiser de l’eau au puit. Les seaux étaient lourds, et elle tirait sur la corde, les muscles bandés. Son souffle était court et son visage rosi par l’effort. Un seau rempli à ras bord était déjà posé par terre à ses pieds. Luther sentit les battements de son cœur s’accélérer. Une timidité inhabituelle le fit hésiter. Il regarda autour de lui. Il n’y avait personne. Il se dirigea alors vers elle.


Tu as aimé ce chapitre ?

58

58 commentaires

eleni

-

Il y a un an

Me voilà de retour. désolée pour le retard ! J'aime beaucoup le proverbe Nassin que tu écris au départ. C'est une bonne idée d'en mettre à chaque début de chapitre. On sent bien que Luther s'inquiète pour son oncle. Il risque quand même d'avoir du mal à convaincre son frère pour que Raina s'occupe de lui et reste à loth. Il me tarde de voir ce que va donner la nouvelle rencontre entre Luther et Aeneid. J'ai beaucoup aimé que tu mettes en avant la timidité de Luther ça le rend d'autant plus sensible. je continue ma lecture avec plaisir !

Mary Lev

-

Il y a un an

Coucou ! Ça me grave Plaisir de te voir ici 😍 merci pour ton retour ! Je suis contente que tu apprécies

cedemro

-

Il y a un an

En deux jours, je doute que Aenid ait pu récupérer de son châtiment barbare. J'espère que cette fois Luther ne lui attirera pas encore plus d'ennuis...

Mary Lev

-

Il y a un an

Oui tu as raison le châtiment sera modifié ! Merci pour la remarque !

WildFlower

-

Il y a un an

Rooo j'ai pas le temps d'en lire plus mais je reste sur ma faim là ^^

Mary Lev

-

Il y a un an

Ah oui j’avoue que sur celui ci j’ai méchamment coupé le chapitre !

LuizEsc

-

Il y a un an

Elle va tellement l'envoyer bouler 😱

Mary Lev

-

Il y a un an

Elle peut pas trop elle a besoin de lui …question de survie !

Marion_B

-

Il y a un an

In est trop.mignon. on. Dirait un petit garçon timide

Mary Lev

-

Il y a un an

Oui c’était un peu mon but ! Merci pour ton message :)
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.