Fyctia
Chapitre 4.3
Il aperçut Jared, les officiers et d’autres chevaliers assis autour d’un feu, en train de boire bruyamment. Il les rejoignit.
— Thomas, tient ta langue je te prie. Les oreilles du commandant ne supporteraient pas d’entendre tes insanités.
—Je me suis contenté d’exprimer ce que la majorité des hommes pensent, Calhoum ! Je ne vois pas où est le mal.
Les soldats éclatèrent de rire. Jared paraissait un peu mal à l’aise, et jeta un regard embarrassé en direction de Luther.
— Vous êtes une belle bande de vauriens, grommela Calhoum. Vous ne valez pas mieux que ces sauvages du Sud. Si le commandant vous avait entendu quelques minutes plus tôt, il vous aurait arraché la langue pour avoir osé parler de la sorte.
Luther le regarda avec curiosité. Calhoum de Rives était connu pour être le soldat le plus pieux de la garnison, priant à toute heure du jour et de la nuit. L’heptagramme qu’il portait en permanence autour du coup lui servait sans cesse de faire valoir, ce qui avait le don d’agacer prodigieusement les autres chevaliers dont la conduite était loin d’être irréprochable.
— Dis voir Calhoum, demanda l’un des soldats, il parait que ta famille est extrêmement noble. Est-ce vrai ?
— Plus noble que la tienne, ça c’est sûr, rétorqua Calhoum.
Les rires fusèrent de toute part. Même Luther ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.
— Plus noble, plus noble, cela ne veut rien dire. Ce n’est pas parce qu’on est noble qu’on ne court pas la gueuse, n’est-ce pas ? continua le soldat.
— Tu as surement raison. Quand j’étais à la garnison de Myr, je voyais les catins arriver au palace par charrettes, se remémora Thomas, les yeux rêveurs.
— C’est ce que je disais ! cria le soldat, triomphant. Ne fais pas semblant, Calhoum. Je sais que tu envie de sauter cette petite garce du Sud autant que moi.
Luther se raidit. Il leva les yeux vers le soldat et demanda sèchement.
— De quoi parles-tu ?
— Comment, commandant, vous n’êtes pas encore au courant ? Thomas a intercepté une captive qui se promenait en liberté dans le campement. Elle avait réussi à fausser compagnie aux gardes du camp des esclaves. Elle a pu se faufiler jusqu’au plan d’eau et a fait une toilette digne de ce nom, à ce que j’ai pu voir.
Il sourit et ajouta, un éclair cruel dans les yeux.
— Elle sera toute fraîche et pimpante pour le premier qui lui fera son affaire.
— N’espère pas passer en premier, plaisanta Thomas.
— Qu’on laisse le sort décider, proposa le soldat. J’espère que l’heureux élu ne l’abîmera pas trop, que les suivants puissent en profiter.
— Tu n’as aucun droit sur elle, soldat.
Devant le ton agressif de Luther, la mine réjouie du soldat s’effaça quelque peu.
— Allons commandant, plaida Thomas, ce n’est qu’une esclave après tout, et nous avons été privés bien longtemps des plaisirs de la chair.
— Thomas dit vrai, renchérit le soldat avec un sourire mauvais. Ne prenez pas le risque de vous mettre à dos vos hommes, commandant ! La vertu de cette sauvage n’en vaut pas la peine.
— Que veux-tu dire ? demanda Luther d’une voix blanche.
— Ce que vous refusez, commandant, pourrait nous être accordé par un autre, voilà tout.
Le soldat, visiblement ivre, ne semblait pas se rendre compte de la gravité de ses paroles. Les autres échangèrent des regards inquiets. Luther se leva et empoigna le soldat par le col.
— Comment oses-tu t’adresser à moi de la sorte, murmura-t-il d’un ton menaçant.
Le teint de l’homme devint violacé. Il articula avec difficulté.
— Pardonnez-moi commandant cette plaisanterie de mauvais gout. Nous n’avons pas vu de femme depuis plusieurs mois, et celle-ci est très appétissante.
Luther resserra sa prise et l’homme hoqueta.
— Nous l’avons attachée et conduite à votre tente, précisa le soldat d’une voix à peine audible. C’est à vous qu’il revient de décider de son sort.
Luther desserra son étreinte et le soldat tomba à genoux. Il toussa à en cracher ses poumons. Un filet de bave et de sang pendait de sa bouche. Thomas secouait la tête, une expression déçue sur le visage. Luther n’en fut pas étonné. Thomas avait pour habitude de dépenser l’intégralité de sa solde dans les bordels. On racontait que les prostituées se jetaient à son cou même lorsqu’il était à court d’argent, séduite par ses traits réguliers et ses boucles cuivrées.
— Aucun mal ne sera fait aux esclaves sous mon commandement, déclara Luther.
— Commandant, il faut la punir, insista Jared. Faut-il aviser Son Excellence ?
— Non, Tiago se moque de tout cela. Je vais m’en charger.
Il reporta son attention sur ses hommes.
— Loth n’est qu’à quelques jours de marche, et vous y trouverez ce qu’il faut pour assouvir vos désirs. Hors de ma vue à présent.
Lentement, les soldats se dispersèrent. Luther jeta un regard à Calhoun qui était resté à ses côtés, l’air satisfait.
—Allons-y, lui dit-il d’un ton résigné.
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