Fyctia
Chapitre 3.2
Jared lui adressa grand geste du bras. Il s’avança pour s’assoir parmi eux et pris la chope de bière que Jared lui tendait.
—Luther ! Je commençais à désespérer. Bois mon ami ! Cette victoire est la tienne.
Luther but le contenu de sa chope d’un coup et une chaleur familière envahit son estomac. Un homme au physique avantageux qui était assis à côté de Jared lui lança :
— Tu n’es donc pas convié à la petite fête de son excellence ?
Le ton ironique de l’homme n’échappa pas à Luther qui rétorqua :
— Si, Thomas. Mais je préfère encore boire avec les vauriens que vous êtes plutôt que de me retrouver dans ce nid de vipères.
— Voilà qui nous honore, répondit Thomas en frottant ses belles boucles cuivrées pour en flatter l’éclat, comme à son habitude.
— Nous savons à quel point notre commandant apprécie la compagnie de la noblesse ! ajouta Jared.
Les hommes s’esclaffèrent en tapant leur cuisse de leurs mains aux ongles crasseux. Mais thomas eut soudain l’air soucieux.
— Il parait que les hommes de la garde ont fait une descente dans la grange il y a quelques heures, en quête de chair fraîche, dit-il en regardant Luther.
— A mon avis, renchérit Jared, il faudra recompter les esclaves demain matin.
— Il serait regrettable que Tiago abîme toute la marchandise avant son arrivée à bon port, grogna Luther.
Un bref silence accueillit sa remarque. Thomas repassa la main dans son épaisse chevelure, l’air soucieux.
— Sais-tu quand la distribution du butin aura lieu ? demanda-t-il soudain.
— Dès notre arrivée à Myr, comme d’habitude, répondit Luther d’un ton monocorde.
Ses hommes savaient qu’il serait lésé par le partage et que Tiago récolterait les lauriers de son travail. Leurs regards sur lui exprimaient un mélange de respect et de colère. Soudain, le troisième homme, qui était jusque-là resté silencieux, pris la parole.
— Demeureras-tu chez ton oncle à Loth cette fois ?
Les mots étaient prononcés avec un accent trainant, qui trahissait l’origine du chevalier. C’était l’accent des Terres Fragmentées du Nord. Le chevalier saisit d’une main le collier pendu à son cou et tritura le pendentif en forme d’heptagramme, le symbole du Temple. Luther lui lança un regard vide. L’homme crut avoir dépassé les bornes. La peau pâle de ses joues avait rougi. Le feu jouait des reflets bleu-gris de sa chevelure noire. Il caressa d’un geste mal assurée sa barbe fournie qui lui mangeait la moitié du visage.
— Pardonne moi. J’ai été présomptueux, murmura-t-il.
— Je ne suis pas offensé, Calhoum, dit Luther. Sa Majesté ne pas encore accordé le droit de diriger Loth.
— Pendant combien de temps encore devrons-nous accomplir ces missions indignes de notre rang ? explosa soudain Thomas. Nous sommes des chevaliers, pas des esclavagistes. Tu es notre commandant, et tu es de sang royal. Pourtant, tu n’as ni terre ni titre. Les hommes seraient ravis de te servir en tant que Seigneur de Loth, si seulement ta mère voulait bien …
— Assez, coupa Luther.
Thomas le foudroya des yeux, tandis que Calhoum et Jared affichaient une expression neutre. Seuls les crépitements du feu accompagnaient le silence pesant. Quelques minutes passèrent avant que Luther ne reprenne la parole.
— J’ai prêté allégeance à Sa Majesté. Nous devons mener à bien cette expédition, il en va de notre honneur. Je demanderai une audience à mère dès notre arrivée. Je l’informerai que les clans des plaines ne représentent plus une menace. Mon oncle est mourant, et je suis son successeur légitime. Dans quelques mois, Sa Majesté m’accordera le titre de Seigneur de Loth. Et ceux parmi vous qui le souhaitent pourront me suivre.
—Puisse le Seigneur Loren vous entendre … dit Calhoum en pressant l’heptagramme de métal contre sa bouche.
Les trois autres acquiescèrent, mais leurs regards exprimaient une incertitude certaine. Luther lui-même ne croyait qu’à moitié aux mots qu’il venait de prononcer. Tout à coup, il prit conscience de l’épuisement de son corps. Un poids de plomb s’était abattu sur ses épaules. Il reposa sa chope vide et décida de prendre congé.
— Allez dormir. Nous partirons au lever du soleil.
— Commandant, murmurèrent les hommes de concert.
Ils le saluèrent et entrèrent dans leur tente. Luther se dirigea vers la sienne. A la seconde ou sa tête se posa sur la paillasse, il s’endormit.
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Le Mas de Gaïa
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Mary Lev
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