Fyctia
Chapitre 3.1
Il est une chose fascinante dans les croyances propagées par le Temple. Une chose merveilleuse, promise au peuple qui reste dans Son chemin. Une chose que personne ne comprend rééllement. Demander une explication à son sujet est absolument tabou. Ce serait briser le mystère sacré qui l’entoure. Ne pas connaitre l’accès à la chose signifie ne pas l’avoir trouvé encore. Cela signifie l’immaturité. Cela veut dire qu’il faut travailler encore et encore pour espérer l’effleurer de son vivant. Cette chose est appelée Ascension.
Extrait des mémoires d’Aenid, livre premier
Deux gardes étaient postés devant la lourde porte en fer. Ils étaient assis, les cuisses écartées avec négligence, face à face. L’un d’eux avait la tête pressée contre le métal rouillé de la porte et ronflait sans retenue. Le crâne du deuxième penchait en avant tel un pendule ivre. De temps en temps, il relevait brusquement la tête avant de replonger aussitôt dans le sommeil. Par terre, entre leurs pieds déchaussés couverts de crasse, se trouvaient pèle mêle un jeu de dame éparpillé, des coupes vides et une amphore de bière bon marché.
Des bruits de pas en provenance du sentier firent sursauter l’un des deux hommes. Il se releva d’un bon, tituba quelques instants, puis héla son compagnon d’une voix éraillée par l’alcool.
— Hé, Logas, debout ! On vient …
L’autre se redressa, les yeux gonflés. Il avait un œil au beurre noir. Il grimaça de douleur tout en massant son bras gauche au bandage tâché de sang vieilli.
Deux silhouettes sombres s’approchaient de la porte. Les deux gardes se tinrent prêts, la main sur leur épée et le regard devenu alerte par on ne sait quel miracle. Lorsqu’ils reconnurent l’homme qui venait vers eux, un soulagement évident se peignit sur leurs traits fatigués.
Luther s’approcha. La fille qui le suivait avait cessé de respirer. Il lui saisit le bras et s’adressa à l’homme à l’œil au beurre noir :
— Toi ! Accompagne-la à l’intérieur.
— A vos ordres.
Sans poser de question, le garde se dirigea vers la fille. La lourde porte s’ouvrit avec un long grincement métallique et ils s’engouffrèrent à l’intérieur de la grange. Elle jeta un regard dans lequel il aperçut une lueur de gratitude. Il éprouva un étrange sentiment de légèreté.
— Est-ce une fugitive, commandant ? Devons-nous la fouetter jusqu’au sang pour lui apprendre les bonnes manières ?
Luther détacha son regard de la vague silhouette sombre et considéra l’homme qui venait de parler. Ses yeux froids détaillèrent son visage mal rasé et ses traits épais qui se tordaient en une affreuse grimace. Il pouvait sentir sa puanteur et son haleine avinée en dépit de la distance. Il le regarda froidement. L’autre sentit sa désapprobation et baissa les yeux. Quelques secondes passèrent dans un silence glacé. Il était évident que les hommes avaient pris la liberté de fêter la victoire pendant leur tour de garde.
Voilà pourquoi cette fille avait pu s’échapper si facilement, pensa-t-il.
—Je l’ai trouvée près d’ici, parvint-il à articuler en dépit de l’agacement croissant qui montait en lui.
—Nous n’avons pourtant vu personne, tenta d’expliquer le soldat.
Il s’interrompit. Son comparse était de retour. Luther les examina tour à tour, et les vit se décomposer sur place. Il se baissa et saisit l’amphore vide.
—A l’évidence, vous n’avez pas correctement effectué votre travail. Il serait regrettable que je sois contraint de déranger son Excellence afin de l’informer de votre incompétence, n’est-ce pas ?
—Commandant ! s’exclama le soldat qui venait de revenir. Je puis vous assurer …
— Silence !
Son cri les avait fait sursauter. Il ajouta :
—Vous avez failli à votre devoir. Si quelqu’un doit être puni, ce n’est certainement pas cette pauvre fille.
A présent, ils tremblaient comme des feuilles. La colère de Luther lui faisait serrer les poings. Il parvint à maitriser le ton de sa voix.
— Il y a un peu plus de 400 captifs dans cette grange, murmura-t-il d’un ton sombre. S’il en manque un seul demain matin, vos yeux ne verront pas l’aube se lever.
Les deux gardes déglutirent avec peine. L’un d’eux trouva le courage d’ouvrir la bouche.
— Nous ouvrirons l’œil. Personne ne s’enfuira, c’est juré.
—Les hommes qui les surveillent à l'intérieur ne leur laisseront pas une seule seconde de répit, promit l'autre en se grattant le bras, défaisant pas ce geste son pansement crasseux.
— C’est ce que nous verrons, conclut Luther d’un ton sombre.
Il fit demi-tour et prit congé. Il s’éloigna vers le campement. Les célébrations étaient terminées. Le silence avait avalé le dernier chant de célébration. La plupart des feux étaient réduits à de fines braises comme de la poussière d’or dans la nuit noire. La plupart des soldats cuvaient leur vin à même le sol, en ronflant bruyamment. Luther repéra sa tente, agacé d’avoir manqué la fête. Il aperçut alors Jared en compagnie de deux autres chevaliers.
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Le Mas de Gaïa
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