Fyctia
Chapitre 7 (2/2)
— Je déteste que tu joues avec mes émotions. Je peux gérer ! s’exclame la tornade blonde en se mettant debout.
Ses lèvres tremblent et les trémolos dans sa voix ne mentent pas : j’ai certainement dû la choquer avec ma diatribe.
C’est fragile niveau émotion, une sirène ?
— C’est pour montrer à Lucie, reprend Alina avec calme et douceur. Il faut que nous l’aidions à davantage comprendre ce monde. Rappelle-toi la mission que t’as donnée Ashkan.
Naïa souffle d’exaspération et croise les bras sur sa poitrine. Tandis qu’Alina pose ses mains aux ongles vernis de noir sur les siennes, elle me jette un regard qui pourrait me tuer sur place si c’était dans le panel des capacités d’une sirène.
Ce qui je pense n’est pas le cas.
L’expression crispée et le regard humide se dissipent presqu’instantanément du visage de la demi-sirène.
— Merci, Alina. Ne le refais plus jamais, dit-elle en souriant d’un air bête.
— Tu as ma parole, sauf s’il faut faire une autre démonstration à une nouvelle invocatrice pour laquelle tu te seras portée volontaire.
Ses yeux roulent dans ses orbites malgré le large sourire qu’elle affiche. Clairement elle regrette de s’être proposée pour être mon chaperon.
Ce pouvoir que possède Alina est ex-tra-or-di-nai-re. Je me dis que je veux le même.
— Pas question, tu te serviras de Lucie.
— Tu contrôle les émotions, murmuré-je, pensive.
— Tu sais quoi Lucie ? Comme tu n’aimes pas lire, on va te faire visiter l’école. Il n’est que 20h, et nous devons attendre jusque minuit. Tu poseras tes questions pendant qu’on se baladera.
— Ça me va. J’adore poser des questions, tiens-toi prête.
— Comment tu peux être curieuse et ne pas lire.
— Tu connais Audible ?
— Au-quoi ?
C’est ce que je me disais.
— C’est pour écouter des livres. Tu écoutes quelqu’un te lire un livre.
Ses yeux s’écarquillent, on dirait une gamine dans un magasin de jouet.
— Comme les humains font pour les enfants ?
Naïa ne me laisse même pas répondre que ses yeux se plissent en une expression amusée.
Ah non, elle veut juste se payer ma tête en fait.
— Si tu veux, mais ce ne sont pas des histoires pour enfants. Enfin, je ne sais pas te faire découvrir cette merveilleuse méthode puisque cette école est dépourvue de technologie, bougonné-je.
— En effet, élude-t-elle, pour des raisons évidentes, nous allons éviter certains endroits trop concentrés d’une seule espèce. Je pense à la cafétéria, par exemple, déclare Naïa.
— Pourquoi, c’est important une cafétéria. En plus j’ai faim et ce vol-au-vent était une tuerie, argumenté-je.
— Les Domovoï font des cuisiniers extraordinaires. Je t’ai apporté un plateau repas il y a deux heures à peine. Tu es une humaine ou une ogresse ?
— Une invocatrice ?
L’intéressée pince les lèvres. On dirait qu’elle nage entre félicité et enragement. C’est perturbant.
— D’accord, alors on y va. Mais je t’aurais prévenue, annonce-t-elle d’une voix chantante.
Après un dernier regard torve à Alina et se précipite à la porte.
— J’y suis peut-être allé un peu trop fort, note la Moroï en faisant la moue.
— Ton pouvoir est trop cool, la rassuré-je. Viens, on va manger !
— J’ai déjà mangé. En fait, Naïa a raison, la cafétéria n’est vraiment pas un endroit à fréquenter la veille d’un weekend à 20h. Les Domovoï ont habituellement déserté l’endroit à cette heure-ci, je ne sais pas si je pourrais t’obtenir quelque chose comme cet après-midi.
Malheureusement chez moi, c’est souvent le ventre qui a la priorité sur le cerveau. Ces deux derniers jours ont été une erreur de parcours dans ma carrière de puit sans fond à nourriture.
— Honnêtement, je me fiche complètement de voir un chien à trois têtes manger dans trois gamelles différentes, j’ai faim.
J’entends Naïa ricaner depuis le couloir.
— Ah, tu aimes bien les chiens ? Et bien tu vas être servie, crois-moi ! Et n’oublie pas de reprendre tes restes. Les Domovoï détestent venir les rechercher dans les chambres.
— Ravie que tu dispenses mes bons conseils, Naïa.
— Avec plaisir, Alina. Bon vous venez ?
J’attrape le plateau et lance un clin d’œil à Alina qui se raidit instantanément. Son visage se ferme et elle fait un mouvement du menton vers la sortie pour m’inciter à m’y diriger.
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