Suelnna La Dernière Invocatrice Chapitre 3 (2/2)

Chapitre 3 (2/2)

Ses ailes couvrent tout son corps, je ne peux donc pas savoir s’il n’a que la tête qui est d’apparence humaine, ou bien le reste aussi. Toujours en se couvrant de ses plumes, il avance jusqu’à son bureau et y prend place, m’invitant à m’asseoir d’un geste de la main.


— Écoutez, monsieur…,


Mince, je ne sais pas son nom.


Alors que je grimpe sur le siège positionné en face du bureau comme si j’étais un enfant encore trop petit pour prétendre m’asseoir sur des assises d’adultes, je réalise que je n’ai même pas demandé le nom de cet homme ?


Enfin de cet homme-oiseau.


— Ashkan. Est-ce que tu sais la raison de ta présence ici ? On m’a laissé entendre que ton arrivée avait nécessité un enchantement des sirènes et que la mémoire de tes proches avait subi une petite altération, ce qui veut donc dire…


— Pardon ? le coupé-je.


— On a effacé leur mémoire. À leurs yeux, c’est comme si tu n’avais jamais existé. Tu dois comprendre que tu es la première Invocatrice qui se révèle en plusieurs siècles.


— Pourquoi ça m'arrive à moi ?


Les bras m’en tombent. Comment ça, la mémoire de mes parents a été effacée ?


Le Péri prend une profonde inspiration et le fond sonore que produit le tapotement que font ses doigts sur le large accoudoir de son énorme fauteuil n’est pas la plus agréable des musiques à écouter dans un moment pareil.


— Le sort qui pèse sur la descendance des Bannis faiblit.


— Les Bannis… répété-je, comme un perroquet.


Je secoue la tête de droite à gauche. Son charabia est incompréhensible. Une nouvelle inspiration m’indique qu’il est dépité.


Mais pas autant que moi, je vous l’assure.


— Reprenons depuis le début. Quelles connaissances as-tu du Monde de l’Invisible.


Je déglutis.


— Les fées mangent les enfants ?


Un rire franc me répond.


— Pas toutes, m’affirme le directeur avec une pointe d’amusement dans le regard.


Je ne parviens pas à me détendre, mes traits restent figés dans une expression de sérieux, et mes yeux sont fixés sur le visage de l’être qui dit être un Péri.


Il se penche et pose ses énormes avant-bras sur le bureau. La pointe de ses cheveux s’écrase sur le bois noir lustré et s’y fondent à la perfection . Il ancre ses prunelles sombres comme la nuit aux miennes :


— Nous appelons le monde dans lequel vivent les humains le Monde du Visible. Celui dans lequel nous évoluons est celui de l’Invisible. C’est une règle pour nous, créatures magiques, de rester cachées. Certaines vivent dans l’anonymat auprès des humains, d’autres ne sont pas autorisées à quitter l’Invisible. Certains, enfin, ne parviennent pas à se contrôler alors que c’est requis depuis l’enfance.


Il marque une pause et son regard demeure appuyé sur moi, je comprends que cette dernière phrase est particulièrement destinée aux pensionnaires de cet endroit.


— Cette École a pour vocation d’accueillir les jeunes créatures magiques qui enfreignent cette règle fondamentale afin de leur offrir une seconde chance.


— Je n’ai rien d’une créature magique.


— Certes. Mais tu es une Invocatrice. Dans tes veines coule la capacité de briser la frontière entre le Visible et l’Invisible. Tu es le seul être capable de faire venir ceux qui doivent rester à tout prix ici : les djinns.


— Écoutez, cette histoire de Lycée qui a pris feu… ce n’était pas moi.


— Non, c’était un djinn. Que tu as invoqué.


— Tiens, j’ai déjà entendu ça quelque part. C’est vous qui avez renseigné Naïa à mon sujet ?


Un sourire charmeur me répond. C’est qu’il est loin d’avoir le style et l’allure du vieillot que j’imaginais.


— Il y a, dans cette École, des artéfacts dans lesquels les djinns sont enfermés. Je te conseille de ne pas t’en approcher tout de suite. Si tu viens à les libérer et qu’ils sont malfaisants, des élèves pourraient en payer le prix fort. Je ne sais pas ce que tu as invoqué, car il ne rode pas autour de toi en ce moment, mais il faut que tu apprennes à.… tisser une relation avec.


Dissertation du jour : comment devenir pote avec une entité qui ne se montre jamais, mais qui fait cramer des choses pour vous quand vous n’êtes pas contente, à condition bien sûr qu’il soit d’humeur à vous aider ?


— Je n’ai rien invoqué du tout.


— Tu ne sens pas une présence autour de toi ?


Je secoue lentement la tête de droite à gauche.


— Il n’y a pas non plus un animal que tu vois plus souvent que d’habitude, par hasard…


À vrai dire, ces derniers temps, je vois plein de nouvelles choses que je croise rarement dans la rue : des sirènes, des gorgones et même des perruches géantes ! me retins-je de souffler, ironique.


Nouveau mouvement de tête.


Le Péri plisse les yeux, suspicieux alors qu’il joue avec son bouc et cherche sans doute à sonder mon âme pour voir si je dis la vérité. Je ne sais même pas de quoi l’espèce de cet incroyable beau gosse est capable.


— C’est étrange, puisque toute l’École sait déjà qui tu es. J’espère que tu es habituée à la célébrité. Sur ce…,


Il claque des doigts et le long drap noir qui se trouve derrière lui s’affale d’un coup sur le sol. Il cachait une plaque de marbre sur laquelle on discerne des noms écrits en lettres feu.


Je discerne des sauts de ligne entre certains noms et fronce les sourcils. Lorsque je reporte mon attention sur le Péri, il me fixe. Une lueur malsaine traverse ses prunelles qui sont désormais scintillantes de malice et de perfidie.


— Les lignes vides sont des élèves qui nous ont prématurément quittés, car trop faibles ou trop imprudents.


— Comment s’appelait-il ?


— Qui donc ?


— Le jeune garçon qui est mort noyé par vos sirènes.


Le Péri cligne des yeux, surpris.


— Cela n’a pas d’importance. Il n’est plus parmi nous.


— Mais il y a encore quelques heures, il vivait. Et il était dans la même situation que moi.


Alors si, son nom m’importe.


— J’ai oublié. De toute façon, les Invocatrices ne se soucient pas des Moroï, Lucie Aziz.


Et le prix du directeur de l’année est décerné à Ashkan le Péri.


— Lucie Aziz, je te souhaite la bienvenue à l’École de la Confirmation ! Tu as deux années pour faire tes choix, grandir, t’affirmer, prouver ta force et ta détermination à réussir l’épreuve de la Confirmation.



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22 commentaires

Origami

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Il y a 4 mois

Les Moroi et Péris viennent de différentes coutumes, ce qui est très intéressant. Bon, dans ce chapitre, on en apprends beaucoup, un peu trop même ^^ Donc les fées contrôlent le monde et l’école. Elle est oubliée a vie pour ses parents, pas de seconde chance et c’est dommage car elle doit être sous le choc :(. Ce Péri semble s’amuser a ses dépends, tout savoir d’elle et le lecteur que je suis est agacée par son manque de savoir vivre. Elle mange quand sinon, pour se faire des ami.es ? En fait, son destin est une seconde chance mais elle n’a pas oublié son crush vampire, c’est comme si il était mort et enterré. A sa place, je me rebellerais sauf que Lucie est une invocatrice de djinns, c’est le désordre complet dans sa vie !

Suelnna

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Il y a 4 mois

Les fées ne contrôlent pas le monde ^^" Les fées mangent les enfants, c'est tout.

Anna C

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Il y a 5 mois

Je ne suis pas certaine de moi, mais je vois que toi aussi tu aimes utiliser le terme de "certain" quand le directeur commence à expliquer le monde de fonctionnement de ce monde. Je ne sais pas comment cela pourrait être reformulé pour le coup, mais ce n'est peut-être pas grave cette répétition sur deux phrases qui se suivent. :0 Sinon, on en apprend un peu plus et malgré son air jeun's, sexy le directeur, je pense qu'il est plus froid et sévère qu'on ne le pense. D'autant que la mort d'un élève lui importe peu. Je me demande maintenant si la protagoniste va obéir à l'avertissement. Je suis sûre qu'elle va chercher les artefacts. :0

Suelnna

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Il y a 5 mois

Je vois ce que tu veux dire, je vais mettre une note. Mmmh a voir, c'est pas vraiment le délire de Lucie de se foutre consciemment dans les problèmes, voyons.

Livia Tournois

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Il y a 5 mois

Alors entre les surveillantes de bus, l'infirmière et le directeur, y'en a pas un pour rattraper l'autre dans cette école ! Personne ne se soucie du bien être des élèves dans ce bahut !

Suelnna

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Il y a 5 mois

C'est des mini criminels, en fait. Et tu vas voir que la gorgone est sympa, elle n'aime juste pas les sirène parce qu'elle a un passif avec elles.

Mary Lev

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Il y a 5 mois

Si elle peut invoquer des créatures maléfiques, est-ce bien prudent de l'accueillir dans un lieu qui en regorge ? A mon avis, les catastrophes arrivent

Suelnna

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Il y a 5 mois

En tant qu'invocatrice qui a commis une bourde, sa place est dans cet école. Ca n'arrange pas tout le monde ( et en premier lieu, elle ), comme tu vas le voir, mais c'est la loi du Monde Invisible. Elle a un lien avec ce monde là, elle a fait une bourde, elle doit assumer, et le Dirlo aussi

Suelnna

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Il y a 5 mois

cette *

Gottesmann Pascal

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Il y a 5 mois

J'aime beaucoup cette distanciation faite entre monde du visible et de l'invisible. Visiblement Lucie a ouvert la brèche en invoquant ce Djinn avec les conséquences que l'on sait.
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