Fyctia
Chapitre 2 (1/2)
Ce plafond grisâtre est horrible. Quant à ces moulures de couleur blanche… quelle horreur ! Je clos les paupières pour échapper à ce crime décoratif.
Je pense avoir échoué en Enfers, même si je m’attendais à ce qu’il y fasse un tout petit peu plus chaud.
Pourtant que lorsque j’ai ouvert les yeux pour la première fois après avoir été entraînée dans les profondeurs de l’Océan, c’est une magnifique couleur bleue qui s’est imprimée sur ma rétine.
Enfin, ça, c’était avant que je ne sente mon estomac remonter dans ma poitrine pour venir pousser les portes de ma gorge. Je me suis contorsionnée et j’ai expulsé de l’eau, bien vite absorbée par le sable aux alentours.
Je me revois en train de haleter, puis relever la tête pour inspecter ce qui se trouvait autour de moi. Les autres étaient déjà debout. Je n’ai pas eu l’occasion de voir le petit blond sur lequel les rayons du soleil pourraient presque se réverbérer, et j’en suis certaine, en rendre aveugle plus d’un.
Je me vois me remettre debout et chanceler, on me retient et lorsque je réalise que pour se faire, de longs doigts osseux et velus viennent d’attraper mon bras, je hurle et me dégage.
La créature est plutôt petite, elle a d’énormes yeux, un corps plutôt frêle, des bras aussi longs que ce dernier, et des oreilles en pointes qui sont tirées en arrière, probablement à cause de ma réaction. Elle a l’air effrayée, et lève ses bras maigrelets dans ma direction dans un geste de paix et puis…
Et puis plus rien, je suis repartie dans les pommes aussi sec. Mais qu’est-ce que c’était que ce truc plein de poils avec des oreilles d’éléphant en pointe s’il vous plaît ?
— Ah, te voilà enfin parmi nous !
La voix est fluette et enjouée. Mes muscles se tendent, je m’attends à tout voir. J’ouvre les yeux et me détourne de cette abominable vision grise pour tourner la tête.
Une fille. Comme moi. Un large sourire lui barre le visage. Les longues boucles blondes qui lui encadrent le visage lui donnent un air lumineux. Ses yeux s’écarquillent.
— Imagine un peu, ma colocataire et seule Invocatrice de tout le Purgatoire qui meurt lors de son voyage d’arrivée. Dana est une peste, elle ne vous a pas ménagés. Le pauvre garçon qu’elle a emmené avant toi n’a pas survécu ! Dommage, Alina avait hâte de rencontrer un autre Moroï , car il faut dire que les représentants de son espèce se tiennent particulièrement à carreau… sauf elle.
— Elle l’a mangé ?
— Alina ? Non, cette fille a une irrépressible passion pour le sang et souhaite mourir jeune, mais elle ne mange…
— Dana. Le garçon blond, elle l’a mangé ? Il était si jeune…
J’ai un haut-le-cœur et la jolie blonde tord ses lèvres roses, rendues brillantes par du gloss, de dégoût.
— Euk. Alors les sirènes sont tout un tas de choses, mais pas des mangeuses d’enfants ! Ça, c’est plutôt le délire des fées…
Des fées, qui mangent des enfants… Genre la fée clochette ?
Comme indifférente au traumatisme que je suis en train de vivre, elle hausse les épaules.
— C’est triste pour…, elle fait mine de réfléchir, puis balaye l’air d’un revers de la main pour indiquer que cela n’a pas d’importance. Ça fait partie du jeu de l’École de la Confirmation. Et les retardataires comme toi qui refusent de suivre les sirènes sont encore plus en tort que les autres. Et dire que tu aurais pu rentrer par la porte de la Grotte d'Hercule ! me rabroue-t-elle en pointant un index accusateur dans ma direction.
Je fronce les sourcils en la regardant.
Suis-je vraiment dans une école qui laisse mourir ses élèves après un plongeon avec des sirènes ?
— T’es qui, toi, déjà ?
Les autres doigts de sa main rejoignent son index pour me tendre la main :
— Naïa ! Enchantée de te rencontrer, Lucie.
— Comment est-ce que tu connais mon nom ?
Elle se mord la lèvre inférieure.
Oups. J’ai trouvé la pipelette de ce nouveau bahut. Dis-lui la couleur de ta petite culotte au matin, et tu peux être certaine que ton crush sera au courant après la première heure de cours.
— Tu sais, tu es une Invocatrice, ça fait des siècles que cette École n’en a plus vu. Les djinns sont d’ailleurs tous partis. Mais peut-être qu’ils vont revenir maintenant que tu es là.
— Je ne suis rien du tout.
— T’as fait flamber ton Lycée !
— Ce n’était pas moi !
— C’était un djinn…,
— Et ? la coupé-je.
— Que tu as invoqué !
Je rigole et passe une jambe de l’autre côté du lit pour me mettre debout.
— Je n’invoque pas les djinns moi, désolée. Ma tante touche à ces trucs-là, mais pas moi.
— Tu sais que les gens comme toi étaient automatiquement envoyés ici parce qu’ils étaient réputés trop dangereux ?
L’excitation qui parcourt sa voix et qu’elle ne parvient que très peu à contenir me met mal à l’aise.
— On dirait que… tu n’as jamais rien vu d’aussi extraordinaire.
— Je veux dire par là que ta tante ne peut pas être une invocatrice. Il va tout falloir t’apprendre, je crois.
— Mais si, elle allume des feux et lance des trucs dedans et puis elle psalmodie des trucs incompréhensibles. Ce n’est même pas de l’arabe, c’est…
Je ne sais pas, en fait. Et je m’en fous pour être tout à fait honnête.
Je me redresse en regardant devant moi et me retrouve pour ainsi dire nez à nez avec la plus hideuse statue que j’ai jamais vue et mon souffle se coupe.
C’est un enfant squelettique dont je ne parviens pas à identifier le genre. Ça a les oreilles pointues, mais ça ne semble pas velu… ce n’est donc pas de la même espèce que j’ai vue sur le rivage.
36 commentaires
Janikest
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Il y a 4 mois
Origami
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Il y a 4 mois
Suelnna
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Il y a 4 mois
Anna C
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Livia Tournois
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Mary Lev
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Suelnna
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Il y a 5 mois