Fyctia
Chapitre 1 (2/2)
Les garçons d’environ mon âge sont les premiers à se lever, probablement subjugués par ce déhanchement provocateur à souhait. Les plus jeunes sont plus hésitant, mais imitent leurs aînés.
Je n’en ai aucune envie, mais je me mets moi aussi debout et je sors du car, non sans jeter un coup d’œil à la sirène blonde, encore assise tandis que les derniers sont presqu’en train de me pousser. Elle hausse les épaules, l’air désolée pour moi.
Ce ne sont donc pas toutes des pestes ?
Mais qu’importe au final, qu’elle ressente de l’empathie pour moi si je leur sers de casse-croûte en plein milieu de l’océan ?
Il fait beaucoup plus respirable dehors que dedans, une légère brise me fouette le visage, l’air emplit mes poumons. Chez ma tante, il n’y a pas vraiment de mer à proprement parler. On parle plus de la cambrousse marocaine en plein milieu du pays et d’un nombre conséquent d’allumés qui jettent des trucs dans le feu en invoquant la pluie, entre autres choses. Ici, l’atmosphère est légère et …
Je perds l’équilibre en trébuchant, probablement contre une pierre, et me rattrape au bras du jeune blond qui marche devant moi. J’ai à peine le temps de réaliser qu’étant donné sa constitution, il ne me sera d’aucune aide, que je l’entraîne sans aucune résistance de sa part dans ma chute, brisant la ligne parfaite que le groupe formait jusqu’alors.
Je me remets debout et m’époussette, le petit blond n’a pas eu autant de chance que moi, puisque voilà qu’il crache du sable.
Mon second surnom à la maison ? Miss catastrophe.
— Désolée, chuchoté-je.
Il secoue frénétiquement la tête de droite à gauche. On dirait qu’il va pleurer. Je suis un monstre. J’ai envie de le prendre dans mes bras et de lui dire que ça va aller.
— L’eau vous nettoiera. On reforme les rangs !
Nous voilà à l’armée maintenant. À chaque pas, mes baskets se remplissent un peu plus du sable des dunes que je peine à gravir.
On est sur une plage ou dans le Sahara, là au juste ?
Haletante, je finis par heurter un sol plus dur, du sable mouillé. Dans la pénombre, ce qui ressemble à un zodiac à l’allure sinistre mais néanmoins agrémenté d’une petite lanterne, semble nous attendre…
On va vraiment tous monter là-dedans ?
J’avoue tout : mon rêve, avant cette escapade nocturne aux allures d’enlèvement d’enfants, était une virée en jet ski avec des copines. Je me voyais poster ça sur TikTok et faire pleins de vues.
Bon, je n’ai pas de copines et mes parents m’ont interdit de poster sur TikTok. Mais là, même si j’avais été la fille la plus populaire du Lycée, je n’en voudrais plus, de ce rêve à la noix.
Nous embarquons, toujours dans le silence, et l’engin démarre. Après un temps indéfinissable, il arrête sa course au beau milieu de l’eau.
Lorsque la blonde se lève et effectue le plus beau plongeon qu’il m’ait été donné de voir, j’ai l’impression que mon âme chavire par-dessus bord. Quelques secondes plus tard, quelque chose émerge de l’eau et un rire aussi joyeux que charmant me confirme que c’est elle.
— Qui sera le premier en attendant les autres ? demande-t-elle.
Un beau garçon à la mâchoire carrée, plus ou moins mon âge, se lève et saute sans hésiter. Livia plonge et un instant après, il disparaît, entraîné vers les profondeurs de l’Océan.
— Suivant ? roucoule une voix inconnue qui me pétrifie.
Elles sont plusieurs.
— Dépêchez-vous, on n’a pas toute la journée, maugrée Dana.
Le spectacle se répète, avec chaque fois une nouvelle voix pour chacun d’entre-nous.
Le moment où il ne reste plus que moi et le petit blond arrive un peu trop vite à mon goût.
— Je vous préviens, j’ai pour coutume de manger ce qui reste en dernier sur le bateau.
Elle sourit et découvre une rangée de dents pointues. Je déglutis et mon cœur s’emballe, mais le petit blond est plus rapide que moi et se jette par-dessus bord sans demander son reste.
Dana éclate de rire et se lève alors que je rampe à reculons vers l’arrière du zodiac et me cogne même à la lanterne.
Le monstre me prend à bras le corps, me soulève comme si je ne pesais rien du tout (ou comme si j’étais actuellement son plus gros problème dans la vie) et me lance littéralement par-dessus bord.
La morsure de l’eau est glaciale et je hurle lorsque ma tête sort de l’eau. Plus de charme pour m'embrumer l'esprit et m'engourdir le corps. Juste moi et cette nette impression que je vais mourir en grapillant quelques miettes d'air entre deux vagues.
J’ai à peine le temps d’appeler au secours, ce que je sais être inutile, que j’entends Dana plonger et il ne faut pas plus d’une seconde pour que je sois trainée vers le fond.
J’ouvre les yeux et je vois la lumière du zodiac à la surface s’affaiblir et s’obscurcir de plus en plus avant que je ne perde conscience.
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Janikest
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Suelnna
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Origami
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Anna C
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Livia Tournois
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Mary Lev
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