Fyctia
Chapitre 9-2
Il sort de la chambre, ferme la porte et me laisse seule, dans cette pièce où j’ai tant pleuré. Je range ma valise et m’allonge sur le lit, sur le côté où j’avais tant l’habitude de me mettre. Il n’a pas menti, les draps sentent encore la lessive. Je suis angoissée à l’idée d’être à nouveau entre ses mains et pourtant, malgré tout ce qui a pu se passer dans ces draps, je m’y sens bien, comme à la maison. Mes paupières ne mettent pas bien longtemps à s’alourdir et à me transporter dans le monde des songes.
Point de vue de Donovan.
Vendredi 14 avril 2023, 17h30, à la pharmacie.
Je quitte ma blouse de préparateur en pharmacie et salue tout mes collègues avant de quitter mon lieu de travail, le sourire aux lèvres. J’ai mon week-end et je suis heureux de pouvoir passer une soirée avec cet Oliver super sexy. Je reste devant la pharmacie et attend presque trop impatiemment comme un enfant qui n’arrive pas à dormir la veille de Noël, que mon preux chevalier vienne me chercher comme il me l’avait promis. À peine dix minutes d’attente, même si elles m’ont paru durer une éternité. J’ai même cru qu’il ne viendrait jamais. Il arrête sa moto devant moi et arrête le moteur. Il descend majestueusement de son bolide et enlève son casque, laissant flotter dans le vent, ses beaux cheveux noirs. Il fait le tour de sa moto et me sourit avec un rictus tellement sexy que j’ai l’impression que mon cœur va fondre sur le trottoir. Il vient me faire la bise et me tend un casque.
— Tu es prêt à faire un petit tour ? me demande-t-il de sa voix suave.
— Avec plaisir !
Il remonte sur sa moto et attend que je fais de même avant de démarrer. Il fait vrombir le moteur comme pour se la péter et pourtant, ça lui va si bien. Je me tiens à l’arrière de la moto et gaine un minimum pour ne pas tomber. Voyant que j’ai quelque peu du mal à tenir, il tapote son flan gauche avec sa main gantée. Je ne mets alors que très peu de temps pour accepter son invitation et j’enroule mes bras autour de ses côtes. Il se met alors à accélérer et me fait découvrir des coins de Rennes que je n’avais encore jamais explorés. L’air me paraît encore plus pur et cette nouvelle expérience restera probablement longtemps gravée dans ma mémoire. Après une vingtaine de minutes en moto, il s’arrête devant une grande porte, l’ouvre avec une clef à distance et redémarre pour pénétrer dans ce qui doit être le parking de son immeuble. Une fois garée, il me laisse descendre du véhicule et me suit. Nous enlevons notre casque et je découvre ses magnifiques cheveux noirs se libérer. Il me sourit à nouveau comme tout à l’heure et me perce de son regard brun. Je ne peux m’empêcher de plonger mes yeux dans les siens, il est magnétique.
— Est-ce que je peux te proposer de monter ? brise-t-il cette bataille de regard.
— Avec plaisir.
Il est assez rare que je rencontre un homme pour la première fois directement chez lui. En général, nous nous posons dans un bar, un parc, un restaurant ou encore au cinéma ou au bowling. Je ne suis pas spécifiquement angoissé la plupart du temps, et pourtant, cette fois-ci, malgré le fait que je me sente à l’aise avec lui, je me sens stressé. Est-ce parce que je n’ai pas l’habitude de commencer mes dates de cette façon ou est-ce parce qu’il me fait plus d’effet que prévu ? Je le suis pour sortir du parking, puis monte les escaliers, derrière lui, en admirant, sans aucun scrupule, son beau fessier, extrêmement bien moulé par son jean foncé. Au deuxième étage, il s’arrête et ouvre la porte de son appartement. Il avance son bras vers l’entrée, m’invitant à le devancer. J’aborde le salon sur lequel s’ouvre son chez lui, un canapé gris clair avec une tendance de velours surplombe le milieu de son salon, chevauchant un tapis d’arabesques sur des tons allant du noir au blanc. Une table basse noire est également posée sur la carpette et une gigantesque télévision accrochée au mur me donne déjà envie de mater des films ou des séries dans son canapé, collé contre son torse.
— Tu aimes ma déco ? me sonde Oliver.
— Il a l’air, en effet, d’être agréable de vivre chez toi.
— Tu peux te détendre, tu sais. Je ne vais pas te manger.
Il essaie sûrement de me rassurer, mais son petit sourire narquois à la fin de sa phrase en dit long sur ce qu’il attend de cette soirée. Autant dire que je ne suis pas contre une telle fin, surtout avec la semaine que je viens de passer.
— Tu veux boire quelque chose ? Un jus, une bière ?
— Une bière si tu m’accompagnes.
— Avec plaisir. Je vais chercher ça, tu peux t’asseoir sur le canap’ si tu veux. Fais comme chez toi.
Il quitte la pièce et s’engouffre à l’intérieur de la pièce avoisinante. Comme proposé, je m’assois sur le velours gris et caresse l’assise pour vérifier la douceur du mobilier : je ne m’étais pas trompé, il s’agit bien d’un canapé en velours. Je dessine à l’aide de mon doigt un petit cœur et souris bêtement. Ma tante avait un fauteuil de la même matière, quand j’étais petit, je pouvais passer des heures à dessiner et effacer mes dessins sur les poils du velours. Oliver revient, avec deux bières fraîches déjà décapsulées dans les mains. Son regard se pose sur mon dessin et sourit sans faire de commentaires avant de me tendre l’une des bouteilles et de s’asseoir à côté de moi, sur le cœur que je venais de tracer.
— Tu as eu chaud avec le casque tout à l’heure ? m’interroge-t-il.
— Non… Pourquoi ?
— Tu as le visage tout rouge.
Je baisse la tête en tripotant l’étiquette de la bouteille qui se décolle à cause des gouttes d’eau et m’empourpre sûrement davantage que je ne l’étais déjà.
— Je t’intimide ?
— Non, non, ce n’est pas ça !
— C’est la première fois que tu… vois un homme ?
— Non plus ! Je suis habitué, j’ai sûrement attrapé un coup de chaud avec le casque, tu dois avoir raison !
Il sourit, amusé, et boit une gorgée de sa bière. Sa mâchoire est absolument magnifique. Ce serait mentir de dire qu’il n’est absolument pas sexy dans cette position : le goulot au bout des lèvres.
— Habitué ? C’est amusant, on dirait un poussin qui sort à peine de sa coquille.
Comment ne pas m’empourprer de plus bel ? Je ne suis pas du genre timide, mais il faut bien avouer qu’Oliver a un sacré charisme.
— Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas la première fois que j’ai… un rendez-vous avec un homme…
— Je t’enquiquine. Je m’en doute, ça se voit que ça ne te gêne pas que je sois un mec, je l’ai su dès que je t’ai rencontré devant ton boulot.
Je bois une gorgée et essaie de me détendre. Il est du genre joueur et taquin, généralement, je tombe plutôt sur des hommes qui aiment être guidés. Lorsque les rôles s’inversent aussi intensément, je ne suis plus vraiment dans mon élément.
— Est-ce que tu es plutôt du genre film ou jeux vidéos ? me propose-t-il sûrement pour briser le malaise.
— J’aime bien les deux, mais ça fait longtemps que je n’ai pas joué. Je crois que ça remonte au moins à quand j’étudiais encore pour devenir préparateur en pharmacie.
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