Zoé Sonobe (zizogoto) La confiance Rennes Chapitre 7-1

Chapitre 7-1

Mercredi 12 avril 2023, à 17h30.

Je me prépare pour la soirée avec Thomas. Il ne m’a pas vraiment dit d’heure précise, mais ayant peur d’arriver en retard, je préfère être prête. Motivée à l’être avant 18h30, je m’engage dans l’impétueuse route du lissage de mes longs cheveux blonds. Je me regarde en même temps dans le grand miroir de la salle de bain. Je me fais belle parce que j’ai un rendez-vous avec un homme. Ça ne m’était pas arrivée depuis… très longtemps. La dernière fois, c’était pour mon ex, aujourd’hui, c’est pour un homme que je connais à peine, mais qui a toujours été gentil depuis que je l’ai rencontré. Même si je me méfie encore de lui, je ne pense pas qu’il m’a menti lorsqu’il m’a dit au marché qu’il n’avait aucune mauvaise intention à mon égard. D’après Chantie, il a l’air d’être un homme absolument adorable et je ne dois surtout pas le laisser partir avant même de m’en avoir fait une véritable opinion. Chantie, étant comme ma grand-mère, je ne peux que compter sur sa pointilleuse analyse d’une femme de soixante-neuf ans.


Une fois mes cheveux bien lisses, j’ouvre ma trousse à maquillage et m’arme d’un anti-cerne. Avec le mot que j’ai reçu hier, je n’ai pas beaucoup dormi. J’ai peur qu’il s’en prenne à Donovan et c’est la raison pour laquelle je vais céder à son maudit chantage. En attendant, j’aimerai passer rien qu’une seule soirée où je suis bien traitée par un homme, en espérant que Thomas ne soit pas le même genre de types qu’est mon ex. Mon regard se perd dans mes souvenirs : je me revoie enfermée dans la chambre, dans le noir, privée de toute lumière, de toute sociabilisation. Je pleurais tous les jours, je m’en fatiguais à force de ne plus m’arrêter et lorsqu’il rentrait et qu’il voyait que je n’étais toujours pas apte à reprendre ma place d’épouse, il me frappait au visage et m’emmenait jusqu’au lit pour faire ce qu’il appelait « ma seule raison d’être ». Je balaye les images de ma tête et essuie les larmes qui ont coulé sur mon visage. Je reprends contenance et respire longuement. Je tente de sourire à plusieurs reprises devant le miroir et je me rends compte que mon passé me hante toujours autant. Je ne sais pas si, un jour, je pourrai vivre sans que cela ne revienne incessamment. Je m’étais promise de ne plus jamais retourner dans ses bras, mais par je ne sais quel moyen, il a réussi à me retrouver et il touche le seul cordon sensible qu’il me reste : Donovan. J’ai coupé les ponts avec toute ma famille et tous mes amis, sauf lui, et aujourd’hui, par ma faute, il est en danger sans qu’il ne puisse être au courant. Je t’en prie, Mike, laisse-moi juste ce soir, je reviendrai ensuite.


Je me concentre à nouveau vers mon objectif principal : être assez présentable pour ne pas paraître minable devant Thomas. J’applique alors mon anti-cerne, et refais mon teint pour ne pas avoir cet air de zombie qui ne me quitte pas depuis que je suis partie me coucher hier soir. Je prends ensuite le temps de mettre un peu de fard à paupière : mon préféré, mauve light, un violet rosé pailleté qui sublime mon regard bleu en quelques secondes. Puis, je glisse délicatement mon rouge à lèvres matte « no transfer » sur ma bouche pour me donner plus d’assurance. Satisfaite de mon maquillage, je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de ramasser toutes mes affaires dans les placards de la salle de bain. Je regarde mon téléphone, il est 18h15. J’enfile mes bottines noires par-dessus mes collants thermiques, puis récupère ma veste et mon foulard.


Au même moment, la porte d’entrée s’ouvre. Donovan lance « je suis rentré » et je le rejoins pour le prendre dans mes bras. Il me souhaite de passer une bonne soirée et me fait promettre de lui envoyer un message si jamais cela se passait mal.


— Tu rentres bien à la maison, ce soir ? me demande-t-il.


— Oui, ne t’inquiète pas, je ne compte pas prolonger la soirée et il me semble que lui non plus d’ailleurs, précisé-je.


— Si jamais tu changes d’avis au cours de la soirée, n’hésite pas à me le dire par SMS, j’aimerai bien dormir cette nuit !


— Évidemment, je ne veux surtout pas t’inquiéter comme la dernière fois. Allez, j’y vais. À ce soir !


Je récupère mon sac à main posé sur la commode de l’entrée et sors de l’appartement, contente de pouvoir passer une soirée à l’extérieur. Je n’avais encore jamais été aussi heureuse de sortir depuis Mike, j’ai l’impression d’aller mieux, de faire des progrès et malheureusement, tous mes efforts risquent d’être anéantis en l’espace de quelques secondes. Je balaye l’idée de ma tête : je dois penser à moi, je dois m’amuser.


Je sors de l’immeuble et marche tranquillement dans le léger froid d’avril qui pique tout de même le bout de mon nez. Une fois arrivée devant chez Thomas, je sonne à l’interphone et la porte bipe. J’entre et monte à l’étage de mon hôte. Je toque à sa porte et attends qu’il vienne m’ouvrir en me triturant les doigts comme une enfant de cinq ans qui se cache derrière sa maman parce qu’elle a peur de son oncle John. La porte s’ouvre et un très beau jeune homme brun se retrouve devant moi, les cheveux encore un peu humides.


— Salut ! Bienvenue ! Tu peux rentrer !


— Salut ! Merci. J-Je suis en avance ?


— Non, non, il n’y a pas de soucis. Je me suis rendu compte midi, en rentrant chez moi que je ne t’avais pas donné d’heure ni d’adresse pour notre rendez-vous et comme nous n’avons pas échangé nos numéros, je ne savais pas comment te prévenir…


— Tu es sûr que je ne te dérange pas ? J’ai l’impression que tu sors de la douche, lui demandé-je gênée.


— C’est vrai que je viens juste d’en sortir, mais ne t’inquiète pas, je n’en ai pas pour longtemps. On pourra sortir dans une dizaine de minutes si ça te convient !


— Bien sûr ! Ça me convient.


Il repart dans sa salle de bain et me laisse, seule, dans son immense salon. Tout est tellement beau chez lui. Tout est bien rangé, bien ordonné et la décoration est très poétique, comme si rien n’était placé au hasard. Contrairement à Donovan, qui a peu de goût en matière de décoration d’intérieur, Thomas, a l’air, de s’y connaître plus qu’un minimum. Un tapis qui donne l’impression d’être tout doux, jonche le sol sous la table basse, disposée en face de son canapé. En face de celle-ci, en me retournant légèrement, un meuble télé en bois naturel, de style industriel supporte le poids d’une télé aussi grande qu’une commode et légèrement incurvée. Sur le meuble, trônent également une PS5 et un enregistreur. Est-il du genre à jouer aux jeux vidéos ? Probablement, je me demande si cela reste compatible avec son métier. Il doit bosser tellement dur tous les jours que je n’arrive même pas à comprendre comment il peut rester aussi… sexy et en pleine forme à cette heure. Je me rends compte alors que pour une femme qui n’avait pas l’air intéressée par des rencontres, je le juge beaucoup au physique, à son physique, qui ne me déplaît absolument pas. Il faut bien admettre qu'il est charmant, bien que pas assez pour être prince.

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