Fyctia
Chapitre 6-1
Mardi 11 avril 2023, à 8h30.
Déjà levée depuis une quinzaine de minutes, je me prépare à grande vitesse. Donovan est déjà parti au travail et l’appartement semble toujours aussi vide lorsqu’il n’est pas là. Je m’habille rapidement avec ce qui me tombe sous la main et me coiffe rapidement pour partir de l’appartement. On devait se rejoindre vers 8h45 devant le métro pour essayer d’arriver dès le début au marché. Embêtée d’être un peu en retard, je me hâte et quitte l’appartement en trombe. J’emprunte une marche rapide jusqu’au métro et sourit en voyant la petite grand-mère qui m’attend. Je lui fais un grand signe de main pour la prévenir de mon arrivée. Lorsqu’elle m’aperçoit enfin, son sourire remonte jusqu’aux oreilles comme à son habitude. Elle a un sourire magique et contagieux, je ne sais pas comment elle fait, mais elle me met automatiquement de bonne humeur.
— Bonjour Madame, comment allez-vous ce matin ? lui demandé-je heureuse de la revoir.
— Bonjour très Chère, je vais très bien et vous ?
— Parfaitement bien, si ce n’est qu’un peu fatiguée car je dois vous avouer que je ne suis pas habituée à me lever tôt. Vous me sortez un peu de ma zone de confort.
— J’en suis désolée, mais vous allez voir, La Criée est absolument incroyable, il y a toujours des commerçants de bonne humeur et je trouve que l’atmosphère y est gaie.
— J’ai hâte de découvrir ça. On y va ?
Elle me fait un signe de tête accompagné d’un joli sourire comme elle aime tant les faire. La voyant être peu sûre dans les escaliers, je lui propose mon bras pour qu’elle s’y tienne, ce qu’elle accepte volontiers. À peine descendues que le métro ouvre ses portes, nous ouvrons les portillons et pénétrons à l’intérieur du transport. Nous nous asseyons au bout, où des sièges sont libres. Jusqu’à République, nous discutons toutes les deux des sorties possibles à faire à Rennes, comme la Fête de la Musique le 21 juin. J’en apprends alors un peu plus sur ses goûts comme son penchant pour les expositions. Elle aime beaucoup y aller pour découvrir de nouveaux artistes, de nouvelles pensées, de nouveaux univers auxquels elle n’a jamais été confrontée.
Arrivées à République, je lui propose de prendre le bus pour aller au marché, mais elle me rassure en me disant qu’il n’y avait pas besoin parce qu’elle aime se promener pour y aller. Alors je la suis en continuant de discuter avec elle.
— Et si vous m’appeliez Chantie plutôt que Madame, vous me vieillissez et je pense que nous nous connaissons assez pour ça !
— Avec plaisir, moi c’est Leslie, je pense que « très Chère » me vieillit aussi, lui réponds-je en riant.
— Vous n’avez pas tort, c’est tout à fait sordide alors que nous faire La Criée ensemble comme deux vieilles copines. Prenons donc nos aises, appelons-nous par nos prénoms et tutoyons-nous. Qu’en pensez-vous ?
— C’est parfait, si ça ne vous dérange pas.
— Si je te le propose, c’est qu’au contraire, j’apprécierai volontiers que l’on échange en tant qu’amies plutôt que nouvelles connaissances. Après tout, tu m’as bien promis que tu viendrais tous les mardis avec moi. Autant que l’on soit familière !
Je lui souris comme réponse et nous arrivons devant le marché. Il y a déjà plusieurs personnes âgées qui entrent et même quelques étudiants. Chantie me montre le tour qu’elle fait à son habitude. Elle me présente ses produits préférés, ses stands fétiches et surtout la très bonne relation qu’elle a avec chacun des marchands. Je n’ai pas besoin d’être très intelligente pour comprendre qu’elle est une habituée et qu’elle est très appréciée à ce marché couvert. Étant donné que Chantie achète pas mal de choses fraîches au marché, je l’aide à porter ses courses. Ce n’est vraiment pas très pratique d’utiliser des sacs de courses à son âge, surtout lorsqu’elle se déplace toujours à pied. L’idée me vient alors de lui faire un petit cadeau, je suis certaine qu’elle serait plus à l’aise avec un chariot de courses. Gardant l’idée dans un coin de ma tête, j’écoute attentivement toutes ses astuces sur le fromage à choisir, la viande la plus tendre ou encore quel jour de la semaine il y a les meilleures offres sur la volaille. C’est passionnant, j’ai l’impression qu’elle a tout analysé afin d’avoir les meilleurs produits et ce au meilleur prix possible. Lorsque je la regarde choisir ses fruits, elle demande toujours à pouvoir les toucher, elle sait exactement quel fruit acheter pour qu’il soit mûr, ou justement pas encore assez mûr afin de le cuisiner plus tard dans la semaine. Elle a comme une sorte de don sur comment choisir ses aliments. Elle doit tellement aimer cuisiner, et surtout, elle doit toujours être au fourneau, je ne pense pas qu’elle soit le genre de personnes à se faire chauffer une boîte de conserves.
Au moment, où l’on s’approche d’un autre marchand de fruits et légumes, mon regard croise celui de Thomas. Je ne sais pas comment il est possible de rencontrer la même personne par hasard autant de fois en si peu de temps.
— Et bien, salut. J’ai l’impression que nos rencontres sont le destin, m’interpelle-t-il.
— Salut. C’est vrai que c’est assez surprenant. Vous ne m’avez pas suivie par hasard ?
— Non, ne croyez pas cela, j’ai fait l’ouverture du marché et il me semble que vous n’étiez pas devant l’entée à ce moment-là. Je n’ai aucune raison de vous suivre partout. Mais dites-moi, ne serait-ce pas vous qui me suivez partout ?
— Non ! Bien sûr que non ! Je suis venue accompagner cette dame, lui réponds-je en la désignant du menton alors qu’elle regarde les tomates.
— Dites-moi, j’ai l’impression que l’univers essaie de m’envoyer un message en vous mettant à plusieurs reprises sur mon chemin. Que diriez-vous de sortir boire un verre, ou dîner, comme vous préférez.
— Je ne sais pas…
— Évidemment, vous n’êtes obligée en rien. Je proposais juste ça comme ça. Il n’y a aucun soucis si vous refusez, je ne m’offusquerai pas.
— Disons que je ne suis pas à l’aise avec ce genre de rendez-vous. Enfin… intéressé…
— Je vous le promets, ce n’est aucunement intéressé ! C’est plus pour faire plus ample connaissance. Je ne vous inviterai pas à prolonger la soirée chez moi ensuite, si cela peut vous rassurer et je peux aussi payer l’addition !
— Pourquoi pas si vous tenez bien votre parole et je souhaite payer ma part.
— Marché conclu ! Quand seriez-vous libre pour notre dîner ?
— Jeudi soir ?
— Jeudi soir… Je travaillerai jusqu’à très tard, je ne vais pas pouvoir, mais demain soir pourquoi pas !
— Parfait pour demain soir alors. Je note.
— Alors à demain ! Profitez bien du marché !
2 commentaires
Maese
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Il y a 2 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 2 ans