Fyctia
Chapitre 4-3
— Ça a continué ainsi durant un mois, mais j’arrivais encore à lui tenir tête. Puis, j’ai fini par me dire que j’étais peut-être, en effet, égoïste et qu’il n’était que stressé à l’idée de ne pas pouvoir avoir d’enfant biologique. Alors, je lui ai proposé de faire une FIV, mais il a insisté pour que j’arrête le travail si je souhaitais vraiment cet enfant et si je l’aimais vraiment. J’ai cédé à son chantage affectif, épuisée par nos disputes et par sa violence, en premier lieu verbale. J’ai réussi à obtenir un arrêt maladie de trois semaines auprès de mon médecin, afin de favoriser la fécondation grâce au repos. Toutefois, au bout d’un mois, il n’y avait toujours aucun signe de grossesse et j’avais déjà repris le travail. Il m’a bassiné que c’était de ma faute, car j’étais défectueuse et que j’étais repartie au travail. J’ai essayé de me défendre, en lui disant que je ne pouvais rien n’y faire et que mon travail n’était pas si fatigant, mais le ton est monté et il m’a frappé très fort au visage. Le lendemain matin, lorsque je me suis réveillée, j’avais un énorme bleu sur le haut de la joue gauche. Alors, il a fait un faux justificatif médical pour que je ne puisse pas aller au travail durant la semaine qui suivait. J’ai dû prétexter une vilaine grippe auprès de tous mes collègues et je n’ai pas eu le droit de sortir de chez nous, une seule fois. Il récupérait les clefs et m’enfermait à l’intérieur tous les jours. Il m’avait aussi pris mon téléphone et mon ordinateur pour que je ne puisse pas contacter qui que ce soit.
Je m’arrête, laissant à la gendarmette, le temps de noter tout ce que je viens de dire.
— D’accord, et suite à cette semaine de séquestration, puisque l’on pourrait presque utiliser le terme, qu’avez-vous fait ? Vous avez signaler les agissements de votre mari auprès de certains de vos proches ?
— Non, je n’en ai pas eu le courage. Il me menaçait, si j’osais en parler à qui que ce soit, il me pourrirait, il me retrouverait. J’avais peur de lui et à la fois je l’aimais. Je n’arrivais pas à vouloir faire le pas jusqu’au bout. Il m’a ensuite forcée à démissionner, ce que j’ai fait sous la menace de ses coups. Puis, ça a été au tour de couper les ponts avec toutes mes connaissances, mais pas en même temps, car ça devait rester naturel. Je devais redoubler d’efforts pour que ce soit crédible et que les raisons que j’invoquais ne soient pas les mêmes pour tous. Ma vie était devenue une pièce de théâtre montée de toute pièce. Mon meilleur ami, Donovan, avec qui je suis venue aujourd’hui, n’a pas vraiment compris mon geste de rupture d’amitié. Il avait compris qu’il y avait quelque chose, mais il n’arrivait pas à entrer en contact avec moi. Il n’a pu réussir qu’il y a un peu plus d’un an, vers février 2022. Il avait attendu que mon mari parte pour me glisser une lettre sous la porte après avoir toqué. Il ne savait pas qu’il y avait des caméras à l’intérieur de l’appartement, alors, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour agir ce jour-là. Je suis sortie par la fenêtre, alors que l’on était au quatrième étage, je me suis débrouillée pour m’aider grâce aux appuis fenêtres et aux balcons de mes voisins du dessous. Donovan m’a ensuite aidée à partir le plus rapidement possible et je me suis cachée chez lui.
— Pourquoi votre ami a-t-il mis autant de temps avant de venir vous aider ?
— On a en beaucoup discuté et il ne savait pas vraiment ce qui se passait. De plus, je ne répondais vraiment sur aucun réseau, ni par mail ou par voie postale, puisque c’était mon mari qui interceptait le courrier. Ce jour-là, ce 8 février 2022, il avait décidé d’en avoir le cœur net en réussissant à s’introduire dans la résidence grâce à un voisin qui lui a ouvert et il a glissé la lettre sous la porte. Cette lettre contenait un maximum de soutien et il émettait des hypothèses où j’étais battue et que si c’était le cas, il était là pour moi, pour m’aider à sortir de ses griffes. J’ai hésité quelques minutes, mais je ne pouvais pas laissé cette chance me passer sous le nez. Ça faisait déjà plusieurs années que j’étais coupée du monde, que je ne travaillais plus, que je n’avais plus de contact avec l’extérieur du tout, je ne sortais jamais. Il continuait à me frapper, tous les jours, dès que je faisais quelque chose qui n’allait pas dans son sens. Les insultes fusaient et j’ai fini par croire tout ce qu’il me disait. En sortant, en prenant mon courage à deux mains, j’ai pu lancer ma reconstruction. Donovan m’aide tous les jours à me sentir mieux, à tenter de ressortir un peu, mais ça reste toujours un peu difficile pour moi.
— Je comprends Madame, vous me parlez donc d’un traumatisme qui perdure encore aujourd’hui.
— Oui c’est ça. Je ne sors pas vraiment, c’est très rare, c’est un peu compliqué pour moi de revoir du monde, de la foule, alors que j’en ai été coupée pendant plusieurs années.
— C’est normal et il n’y a pas de honte à avoir. C’est un processus qui peut prendre du temps et vous devez y aller à votre rythme. Si vous voulez Madame Bertillon, vous n’êtes pas la première femme que j’entends avec ce genre d’histoire et vous n’êtes la seule pour qui c’est difficile de reprendre une vie tout à fait normal. Les traumatismes ne peuvent pas se guérir juste avec quelque médicaments, c’est psychologique et c’est un travail sur soi à faire. Par ailleurs, si cela vous intéresse, je peux vous donner le numéro d’une psychologue qui fait partie de la gendarmerie et qui est spécialisée dans votre type de traumatisme.
— Je veux bien.
— Avez-vous déjà vu des psychologues ?
— Non, pas vraiment, j’ai calculé combien ça pourrait me coûter à l’année si j’y allais deux fois par semaine, cela me coûterait 5 000 euros. Ce n’est pas remboursé et je ne travaille pas donc, je ne peux pas me permettre de flamber mes seules économies.
— Je vois, sachez que si vous allez chez le médecin, il peut vous prescrire une ordonnance afin d’avoir accès à huit séances de psychologue gratuite avec « monpsy ». Ça peut toujours être à prendre.
— D’accord, je vous remercie.
— Très bien. Avez-vous d’autres choses à me transmettre ?
— Euh oui. Mon mari ne voudra jamais accepter le divorce. J’aimerai pouvoir faire en sorte de le lui imposer, mais je ne sais pas comment faire, d’autant plus que j’ai peur qu’il s’en prenne à moi.
— Pour ça, il faudra vous tourner vers un avocat et il vous aidera à monter un dossier et avec ce que vous avez contre lui, le divorce pour faute pourrait être annoncé. L’avocat pourra également mettre en place une mesure d’éloignement si celle-ci est acceptée. Vous ne devez pas vous inquiéter de quelconques représailles, car vous n’êtes pas seule et on peut vous aider.
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Rose Foxx
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elia
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Shaddie.M Lynss
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Zoé Sonobe (zizogoto)
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