Fyctia
Azarth
Ils avaient parcouru la moitié du chemin qui menait à l’oasis dans un silence pesant lorsqu'ils aperçurent des cavaliers arriver au galop dans leur direction. À mesure que ces derniers s’approchaient d’eux, ils ralentirent leur allure. Quand ils furent assez proches, Merak baissa la tête en direction du plus âgé, signifiant qu’il lui était hiérarchiquement inférieur, et le respectait.
Et pour cause, l’homme portait le même habit que Zahrédine, signifiant sa position au sein de son clan : celui de chef. L’homme, dont le coin du regard criblé de rides de vieillesse, reçut la politesse d’un signe de tête au jeune guerrier, et porta immédiatement son attention sur son homologue. Il se toucha la bouche de la main droite et lui toucha le front, symbole d’égalité entre deux personnes.
Les étoffes blanches de son habit arboraient les mêmes broderies dorées que celles présentes sur celui Zahrédine. La seule différence était que dans les fils dorés s’entremêlaient des fils bleus.
Était-il même plus important que Zahrédine ?
« On va s'occuper de toi, Eldine ! » Annonça le vieil homme, qui se trouvait être lui aussi chef, tout comme l’homme blessé qui se reposait sur elle.
Eldine… Non, il ne l’était pas.
« Je n’en doute pas, Loeh. La loyauté de ton clan à l’égard du nôtre n’a jamais failli », articula Zahrédine, toujours soutenu par Kahina qui tenait le harnais de Zawar, son étalon.
L’homme afficha un sourire éclatant, malgré son âge, et fit un signe de tête aux quelques guerriers qui le suivaient. Ces derniers s'élancèrent alors en direction des ruines d’Urduni.
« Ils vont récupérer vos affaires et j’enverrai des hommes surveiller les lieux. Je vais vous escorter jusqu’au campement. Tu te souviens de Kissah, Eldine ? »
Eldine par-ci, Eldine par là…
Oui, c’était un héritier. Que les membres de son clan ne manquent pas de se le rappeler, passe encore. Mais l’homologue d’un autre clan ? Zahrédine est déjà assez arrogant comme ça… Nul besoin d’en rajouter, pensa-t-elle.
Zahrédine émit un grognement, et la jeune femme en déduisit que qui que soit ce Kissah, il s’en souvenait. Il s’exprima avec beaucoup d’effort :
« J’espère que la jeune novice que tu as là a correctement fait son travail…»
Le regard de Loeh se reporta sur Kahina, il s’approcha, huma les environs de la blessure de Zahrédine et son ton se fit sévère :
« Une novice qui joue avec de la sabarine ? En voilà une bonne idée ! Te voilà bien entouré. Un descendant de goule et une novice descendante… », il marqua un arrêt pour jauger un peu plus Kahina, puis posa son verdict : « de feu, je dirais ! »
Et il continua ainsi son analyse, faisant fi de la mine consternée qu’affichait l’intéressée : « Elle doit avoir le tempérament de ceux qui, une fois expérimentés et en fonction de leur lignée bien entendu, s’attirent la sympathie et le respect des élémentaires de feu ainsi que de leurs subordonnés. Mais, novice comme elle est … c’est juste assez pour affoler ces volages mal intentionnés enfouis dans les sab…
Mais de quoi parlait ce vieux fou aux enluminures dorées ? N’y en avait-il pas un pour rattraper l’autre, dans ce foutu désert ?
— Assez ! » Kahina se lança dans une diatribe des plus ardentes : « Premièrement et en ce qui concerne l’individu que je maintiens en selle, je me suis gracieusement proposée, car il m’a sauvé la vie ! » Zahrédine grogna. « Cesse de geindre, toi », le rappela-t-elle à là l'ordre devant les visages froissés du vieil homme et de Merak. « Deuxièmement, quelqu’un peut m’expliquer dans quel monde vous vivez, vous tous ? »
Le vieux Loeh, à la carrure massive, ouvrit la bouche pour interrompre Kahina dans son élan, mais un vent violent vint lui projeter du sable en plein visage, l’obligeant à sceller de nouveau ses lèvres et continuer d’écouter l’inconnue qui tenait les rênes de l’étalon de son supérieur en piteux état. La jeune historienne, dans sa colère passagère, et semblant satisfaite que les éléments soient de son côté, continua sans se poser plus de questions :
« Des guerriers, pâles comme la mort et couverts de peintures de guerre qui surgissent de nulle part, des goules qui se baladent en pleine nuit et qui emportent des cadavres, des élémentaires… d’ailleurs c’est quoi, un élémentaire ? Et puis des djinns des sables aussi ? Et les djinns des rivières, ils doivent être sacrément discrets, ceux-là : je n’en ai pas vu un seul, même quand ma sœur passait sa vie entière au bord des points d’eau que nous offraient les oasis !
— Justement…Oleg… », Zahrédine déglutit, « est-ce que tu veux mon histoire maintenant ?
— Non, je n’en veux pas de ton histoire. Je veux savoir ce qu’il vous prend à tous ! Je suis historienne, je suis censée être au courant de ces “petits” détails qui ajoutent un peu de piment dans vos vies…
— Oui, donc tu veux mon histoire alors…on va y aller par étapes. Kissah va terminer ce que tu as commencé et je promets, Kahina, que tu sauras tout pendant que je te ramène à Awsirat. On va commencer par les bases…
—Mais quelles bases ? Zahrédine, cette nuit, j’ai une horreur chauve et malingre qui a failli faire de moi son repas.»
Merak s’emballa et communiqua ce qui passait pour être de la frustration à sa monture, qui tapa du sabot.
« J’exige surtout de savoir ce qu’il se passe, maintenant ! » S’indigna Kahina en intimant l’ordre à Zawar de se mettre en route.
« Elle exige ? » La même voix rauque qu’elle avait entendue chez Rhija, mais sortie cette fois de la bouche de Loeh.
Zahrédine soupira :
« Tu connais l’histoire d’Azarth ?
— Le roi fou ?
— Mmh…
— Ah, désolée si dans votre écosystème c’est une sommité adulée…mais moi, j’ai appris que c’était un pyromane invétéré. Le genre de fou furieux qui faisait rôtir ses victimes. Et puis, ce fut la guerre, le peuple se souleva et celui qui le renversa prit le pouvoir, et c’est comme ça que le Conseil de la Citadelle est né !
— Mmh… pff…
— Zahrédine, tu m’as écoutée ?
— Oui, et on t’a menti… Azarth n’était pas fou, il est cruel. Et ce n’est pas un homme, non plus. »
Cette fois c’est Kahina qui soupira, non de lassitude, mais de nervosité :
« Il était roi, au moins ?
— Si on veut…
— Tu m’irrites ! Tu es nul pour raconter les histoires…
— Et toi tu me transmets tes ondes négatives, et ça me fait mal ! Pense à être bienveillante, tu veux ? Tu verras, j’irai mieux !
— Je ne sais pas si j’en ai envie…
— Je t’ai sauvé la vie, ingrate !
— C’est vrai, je vais faire un effort alors.
— Merci, l’ami de Rhija est déjà fatigué de m’aider. Il était attaché à Rhija, pas à moi…
— Pourquoi ?
3 commentaires
Gwenygwen
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Il y a 3 ans
Imos
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Il y a 3 ans
Mélodie.O
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Il y a 3 ans