Fyctia
La bataille d'Urduni 2/3
Kahina soupira et vit Devrim un peu plus loin. Le pauvre était de corvée de garde avec son frère depuis qu'ils avaient servi d'escorte aux sœurs, et disparus toute une journée avec elles sur une oasis. Depuis, et sur ordre de Zahrédine, il se relayaient pour monter la garde. Tous deux rêveurs et pas très regardants, Kahina trouvait que ni Devrim ni son jumeau n’était utile à ce poste.
Ils portaient volontiers leur attention sur autre chose que l'horizon qu'ils étaient censés scruter jour et nuit. Et pourquoi faire, d'ailleurs ? Qui serait assez téméraire pour venir défier des hommes du désert ? Kahina prit cela pour une vieille habitude de guerriers. Comme les deux gardes postés devant la maison d'Alim, qui n'avaient d'autre utilité, dans cette ville remplie d'artisans et d'érudits, que d'épater la galerie. Heureux étaient les mercenaires de Khizaan qui avaient trouvé cette mission. Il était rare d'être nourri, blanchi, et payé à ne rien faire.
Perdue dans ses pensées, elle n'en crut pas tout de suite ses yeux lorsqu'elle vit Devrim effectuer un pas en arrière, son corps effectuant ensuite un mouvement de balancier vers l'avant. Elle le vit plier les genoux, qui s'écrasèrent au sol. C'est alors que le jeune guerrier s'effondrait que Kahina réalisa qu'une flèche s'était logée dans son crâne.
Elle voulut crier, mais elle ne fit qu'avancer d'un pas désarticulé vers Zahrédine et Rhija qui la regardèrent, interloqués. Elle pointa son index en direction du cadavre de Devrim. Mais il était trop tard, un tourbillon de sable se forma au loin et des cavaliers en sortirent. Zahrédine sonna l'alerte de se diriger vers les ruines. Un cercle de protection se forma autour d'elle et d'Anna. Sam et Armel, qui en furent comme exclus, lâchèrent leurs pelles et s'enfuirent plus en avant dans la Cité délabrée d'Urduni.
Ari fut la première à perdre son duel, transpercée par la lame d'un de leurs assaillants. L'ennemi triomphant, couvert de peintures de guerre et plutôt que de s'en prendre aux sœurs, préféra choisir un adversaire à sa taille. Il voulut s'attaquer au jeune Namir, qui venait de tuer l'un des siens. Celui-ci lui offrait son dos, et sous les yeux de sa sœur, tétanisée par la peur, Anna s'empara de ce qui fut l'arme d'Ari et frappa à son tour l'homme en traître, le transperçant au niveau du cœur, sauvant Namir d’une mort dénuée de gloire.
Anna ?
Tout était flou, Kahina venait de voir sa sœur tuer un homme. Elle écarquilla les yeux quand elle vit la belle Ari qui gisait dans une mare constituée de son propre sang. Elle se retourna, avec l'espoir infime qu'une meilleure situation se dévoilerait à elle. Mais à la place, un sort plus funeste lui fut dévoilé. Un de leurs attaquants fonçait sur elle, imperturbable, l'air féroce et couvert de marques écarlates couchées sur sa peau qui contrastaient avec le teint grisâtre de celle-ci. Incapable de fermer les yeux, elle était persuadée de contempler sa propre mort qui arrivait.
Alors qu'il n'était plus très loin d'être enfin à portée de frappe, une masse sombre le projeta hors du champ de vision de la jeune femme qui, quand elle parvint à tourner la tête pour suivre le mouvement. Elle découvrit Zahrédine, qui dominait son ennemi. L'homme était plus imposant, mais Zahrédine gagna son duel grâce à l'effet de surprise qu'il avait provoqué. Victorieux et toujours juché sur le cadavre de l'infortuné combattant à qui il venait d'ôter la vie, il leva la tête comme pour évaluer la situation sur le champ de bataille, quand une flèche vint transpercer son omoplate.
La scène arracha un cri à Kahina. Elle aurait voulu porter secours à Zahrédine, le soutenir. Ce dernier attrapa la flèche et tenta de la briser dans un cri, mais Rhija intervint et interrompit son geste en passant le bras du blessé par-dessus son épaule pour l’aider à se relever. C’est alors qu’elle vit que le vieil homme était quant à lui touché à l’abdomen. Il épaula tout de même son chef jusqu'à atteindre une colonne en ruine effondrée, et le posa contre avant de se laisser tomber à son côté pour tenir sa propre blessure. Kahina parvint tant bien que mal à ordonner à ses jambes de la porter auprès d'eux, ne sachant pas vraiment où donner de la tête en premier.
« Moi je suis prêt à partir, mais laisse-le te sauver ! » Supplia dans un souffle le vieil homme qui venait de puiser dans ses dernières forces pour assurer un support à son commandant.
« Non, rends-lui sa liberté s'il te plaît... » , haleta Zahrédine, qui tentait à nouveau d’évaluer la situation malgré la douleur qui devait le lanciner.
Kahina ne comprenait rien à leur échange, mais éprouvait pour la première fois de la gratitude envers Zahrédine, et se devait de l'exprimer. Lui revint en mémoire son apprentissage de la flore
du Continent, que la vieille Asha l'avait encouragée à découvrir.
« Je peux t'aider ! »
Ça lui avait échappé, tout comme le demi-sourire de Zahrédine en entendant ses paroles. Mais elle avait passé beaucoup de temps dans la boutique de la vieille Asha. Conteuse hors pair, elle l'était. Mais cette vieille femme borgne n'était pas que ça. Elle avait encouragé Kahina à s'intéresser à la botanique, et avait appris à la petite curieuse qu'elle était les rudiments de préparations qui servaient à apaiser la douleur, soigner les blessures et éviter les infections.
N'ayant aucune vision du champ de bataille, Kahina ne se rendit pas compte que les belliqueux avaient pris la fuite, poursuivis par des guerriers survivants, prêts à venger ceux des leurs qui étaient tombés. Seuls étaient restés Elia, Merak et Zaliya, lesquels s'avançaient déjà vers eux.
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