Fyctia
Une nuit à Khizaan
Plus tard dans la nuit et le sommeil n’étant visiblement pas de son côté, Kahina décida d'aller prendre l’air. La manœuvre qui consistait à ouvrir la porte s’éternisa, car elle savait que le voyage du lendemain serait d’une pénibilité sans nom si Anna ne parvenait pas à faire sa nuit. Elle parvint à se faufiler dans l’ouverture qu'armée de toute sa patience, elle avait créée, puis sortit sans faire de bruit.
Fière de sa discrétion, elle en oublia que l’auberge était remplie de guerriers, dont certains montaient très certainement la garde. Et l'inévitable se produisit :
« Que fais-tu ? » Souffla une voix non identifiable dans son dos.
Kahina se figea sur place en laissant s'échapper un petit cri étouffé. Une pointe de frayeur naquit en son cœur et lui engourdit le haut du corps. Une fois calmée, elle fit volte-face pour découvrir Zahrédine, posté à l’entrée de leur chambre.
« Nom d’un djinn, Zahrédine ! Tu m’as fait peur ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? » Murmura-t-elle sur un ton de reproche à l’encontre du guerrier. .
La commissure des lèvres de ce dernier s'étira et il s'avança, laissant la pénombre du couloir derrière lui afin d’apparaître entièrement face à Kahina :
« Moi ? Je veille et empêche les petites souris de sortir de leur trou. Et toi ? »
C’était la première fois que Kahina prenait le temps de regarder Zahrédine pour ce qu’il était, et non pas pour ce qu’il représentait. Enfant, elle considérait celui qu’elle appelait Zahré comme son grand frère. Toujours là, à lui permettre de filer en douce hors des murs pour aller retrouver la vieille Asha et profiter tantôt de ses histoires, tantôt de ses enseignements.
Cela faisait deux jours qu’elle le percevait comme le guerrier et le chef qu’il devait être. Pourtant, sans son chèche et ses cheveux bouclés cerclant son visage au teint ambré, le charisme et l’air noble de cet homme se trouvaient être accentués. Elle ne le voyait plus avec la candeur de l’enfant qui a besoin de la protection d’un aîné. À son tour, et comme Anna avant elle, elle réalisait ce qu’il était : un homme, de prime abord séduisant, mais qui semblait abriter dans son cœur toute la noirceur dont ces derniers semblent être capables.
« Alors ? » S’impatienta Zahrédine de son accent chantant, tirant Kahina de sa rêverie.
« Je… vais retourner dormir » Balbutia-t-elle. Il était inutile de le défier, Layi avait bien insisté sur ce point. Le Zahrédine qu’elle avait connu lorsqu’elle n’était encore que haute comme trois pommes avait changé.
C’est sans ménagement cette fois que Kahina ouvrit grand la porte pour la refermer derrière elle, son dos la frôlant tandis qu’elle regardait sa sœur dormir du sommeil du juste.
J’ignore à quoi ressemble ton Robert, mais t'as vraiment raté quelque chose, frangine…
Kahina sourit en repensant à combien Anna avait pu être stupide et retourna dans son lit.
*
C'est après une courte nuit de repos pour Kahina, qu'elle et sa sœur furent toutes les deux réveillées par un tapage infernal venant du rez-de-chaussée. On pouvait distinguer des bruits de tables, des vociférations et des râles plaintifs d’hommes dont le corps était passé au fil de l’épée. Elles se préparèrent en toute hâte. Terrifiée, Anna se cacha sous sa couverture, tandis que Kahina essaya d’ouvrir la porte, tentative qui se révéla infructueuse. Elle se mit alors à tambouriner sur cette dernière, avant que sa sœur ne se mette à lui crier dessus :
« Es-tu folle, tu veux nous faire tuer ou quoi ? »
— La fenêtre ? » Elle avait pensé tout haut. Non, sa sœur ne la suivrait pas.
« Fais-toi embrocher si tu le souhaites, mais ce ne sera pas mon cas ! »
Puis, tout d’un coup, les bruits cessèrent, laissant place à un silence aussi pesant qu’angoissant. La poignée de la porte se mit alors à tourner et Kahina eut vite fait de saisir une orange en guise de projectile. Tandis que la porte s’ouvrait, elle la lança aussi fort qu’elle le pouvait. Le malheureux fruit effectua tout d’abord un rebond sur le front du jeune Merak, avant de terminer son aventure dans la paume de sa main. Il inspecta cette dernière et commença à la peler en déclarant :
« On m’envoie vous dire de vous préparer, mais décidément vous êtes alertes, pour les jolies fleurs que vous êtes ! »
Et devant la mine interdite de Kahina, il partit tout en savourant son orange.
« Il avait bien des taches de sang sur ses mains, tu l’as vu comme moi ? » Questionna Kahina, qui reçut pour seule réponse un gémissement provenant de sous la couverture.
Levant les yeux au ciel, elle décida d’aller voir d’elle-même ce qui s'était passé.
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Camille Jobert
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