Fyctia
Des plaisirs d'expatriés
Il décida de se rendre en premier lieu à la maison aux mille épices. Ce bordel faisait un tabac auprès des étrangers et des mercenaires. Au petit matin, bien souvent, beaucoup d'entre eux se retrouvaient détroussés, que ce soit par des locaux, ou par les filles elles-mêmes.
Flanqué de Hafsir et de Merak, il poussa la porte de l'établissement. Une dame séchée par les années et dont plus un seul doigt n’était libre de bagues se précipita à son encontre dès qu’elle le reconnut.
« Ah non ! J’en ai déjà deux comme vous qui scrutent tout ce qu’il se passe dans mon établissement ! C’en est assez, guerriers ! » Cria-t-elle d’une voix fluette, qui se voulait néanmoins assurée, afin de marquer l’autorité qu’elle possédait en ce lieu.
Cette dernière n’eut pas le temps d’approcher Zahrédine suffisamment pour le toucher et le retenir de poursuivre son chemin, que les deux jeunes guerriers s’interposèrent entre leur chef et elle, prêts à intervenir. La mère maquerelle pesta dans un sifflement :
« Vous faites peur à mes filles ! »
« Moi je n’ai pas peur, je savais qu’ils reviendraient... » Une ombre se laissait deviner, se faufilant entre les voilages du vestibule où patientaient d’ordinaire les clients. Une chevelure de feu et des courbes généreuses s'esquissaient çà et là entre les morceaux de tissus que ses mouvements déplaçaient.
« Je veux juste récupérer les étrangers qui sont sous notre protection, veux-tu ? » déclara Zahrédine en l'ignorant.
C'était la vérité, il ne désirait qu'une chose : la paix. En aucun cas il n'avait besoin de créer des problèmes à Khizaan, car le désert lui donnerait la satisfaction de pouvoir se débarrasser des étrangers à sa guise.
C’est alors qu'il fut bousculé vers l’avant, tout en étant retenu à la taille par les bras de la jolie furie rousse. La patronne de la demoiselle laissa échapper un hoquet de surprise. Le fait d'être enlacé de cette façon, une poitrine quasi nue plaquée contre son dos sembla, dans un premier temps du moins, avoir l'effet escompté puisque Zahrédine saisit les deux poignets de la jeune femme pour la retenir. Le geste lui arracha une remarque langoureuse :
« Ah… On ne me résiste jamais très longtemps, tu sais, guerrier ? »
Mais la faveur était trop inattendue de la part d'un Awsir, la jeune femme se mit à crier :
« Aïe, lâche-moi ! Tu me brûles, démon ! »
Il la relâcha alors de son emprise aussi brusquement qu’il l’y avait emprisonnée, et la toisa du regard tandis qu’elle le fixait de ses yeux surpris et inquiets en se massant les poignets, deux traces de brûlures avaient tatoué leur aspect laiteux. Elle leva ses yeux noisette vers Zahrédine, mais resta silencieuse.
Si ta mère a tout l’air d’avoir été touchée par un élémentaire de feu lorsqu’elle te portait, nous ne jouons cependant pas dans la même cour, catin.
« Ne me touche plus jamais » murmura-t-il, tandis qu’il reportait son attention sur la tenancière, qui avait quant à elle déjà reculé de deux bons pas. Ses yeux vairons accusateurs trouvèrent ceux de l’infortunée rouquine, elle la héla :
« Layla, va donc avertir ceux d’entre eux déjà à l’intérieur de récupérer les étrangers qui sont sous leur surveillance, au lieu de jouer avec le feu ! S’ils n’ont pas fini leurs affaires, c’est tant pis… »
L’aspect du sourire jonché de dents pourries et plombées de l’or de ses clients qui se découvrit alors en disait long sur l’avidité de cette dernière.
« C'est un de mes meilleurs éléments que tu viens de marquer au fer, descendant ! » Lança-t-elle, sur un air de défi assumé.
Rares étaient les fois où les siens étaient encore appelés « descendants », puisque tout aussi rares étaient ceux qui se souvenaient de ce qu'ils étaient. Cette vieille chouette devait être possédée, grand bien lui fasse !
À contrecœur et quelque peu perturbée par sa découverte, Layla se dirigea vers le couloir des multiples salles privées de la maison aux mille épices d’où s’élevaient des rires enjôleurs, des soupirs et des râles de plaisirs. Elle disparut alors, non sans tenter d’inviter d’un dernier coup d’œil Hafsir, sa précédente proie.
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Je voulais vous dire merci ! 🥰
J'en profite pour préciser que les deux prochains chapitres seront aussi du point de vue de Zahrédine. C'est un défi pour moi parce que c'est un perso qui n'a vraiment pas une position facile, et donc écrire son point de vue (bon ok pas pour ce chapitre-ci, mais pour les autres, oui), c'est un peu comme se retrouver dans la tête de qqn qui a h24 les fesses entre deux chaises, voyez ? Comment ça, non ? Vous allez voir alors ;)
58 commentaires
Camille Jobert
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Il y a 3 ans
Suelnna
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Il y a 3 ans
La Plume d'Ellen
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Il y a 3 ans