Fyctia
L'ermite
Le désert d’Awsirai était celui qui comptait le plus d’oasis et les Awsir le connaissaient aussi bien qu’un homme peut connaître sa propre maison. Il était aussi le plus clément des déserts que comptait le Continent. C’est précisément dans l’une de ses petites oasis qu’eux-mêmes et leurs montures prendraient du repos, avant de reprendre la route le lendemain. La nuit posait délicatement son voile sur l’horizon, recouvrant peu à peu le sable que foulaient les sabots de leurs chevaux, lorsqu’ils aperçurent une minuscule étendue d’eau auprès de laquelle était plantée une tente solitaire. Zahrédine leva la main, leur intimant de faire halte, il continua d’avancer et lança un appel en direction de la tente :
« Zam, mon ami ! Nous sommes de nouveau venus demander l’hospitalité de ton oasis pour la nuit. Le permets-tu ? »
Un pan de la tente entourée de bibelots, mais sobrement décorée se souleva, et il en sortit un vieil homme à la peau brûlée par le soleil. Il ne portait pas de chèche et était vêtu d’une longue tunique brune dépareillée, rapiécée de tous les côtés. Un sourire découvrit les dents qui lui restaient, il ouvrit les bras puis désigna l’étendue d’eau d’un geste ample et révérencieux :
« Ma terre est la tienne, guerrier. C’est un honneur pour moi de partager mon eau avec toi, ainsi que la nourriture que cette terre fertile veut bien m’offrir. »
Zahrédine descendit de son cheval, s’approcha de l’ermite, toucha ses lèvres de sa main droite et la déposa presque affectueusement sur le front du vieil homme. D’un signe de sa main gauche, il indiqua à ceux qui l’accompagnaient de s’installer tandis que lui suivit l'ermite dans sa modeste demeure encombrée. Ils mirent peu de temps à s’installer et après s’être posées sur leur paillasse, Kahina posa la première question :
« Qui est cet homme ? s'enquit-elle auprès de leurs compagnons de route.
C’est Zam , répondit le plus jeune.
— Ah oui ? » Eut tôt fait de s’étonner Anna, avant de poursuivre sur le même ton moqueur : « Nous étions tellement distraites par tant d’agitation en arrivant, que nous n’avons malheureusement pas eu l’opportunité d’entendre les propos de Zahrédine. Merci de nous renseigner à ce propos. »
Un éclair sembla traverser le regard du jeune guerrier et celui-ci ouvrit la bouche pour répliquer, mais le plus âgé posa la main sur son bras pour le retenir. Il ricana dans sa longue et fine barbe blanche tout en se penchant vers son frère d’armes.
« Afsir allons, une petite histoire de temps à autre n’a jamais fait de mal et a toujours diverti jusqu’au plus désintéressé des hommes. Il reprit sa posture initiale et entama un récit :
— Zam est l’ermite de cet oasis. Son âge ? Personne ne le connaît, mais il est respecté de tous dans le désert. Vous n’êtes pas censées ignorer qu’ici nous nous trouvons à mi-chemin entre Ifrin et Khizaan. Par conséquent, ce petit coin fertile tombe à point nommé pour toute caravane ou voyageurs désirant faire une halte afin de se reposer. Et bien, il est convenu que tous doivent demander l’autorisation de Zam ! Nombreuses sont les caravanes lui offrant des cadeaux en guise de remerciement pour son hospitalité. Il lui arrive de parler seul, mais ne nous permettons pas de juger un être en qui les souffrances de la solitude ont trouvé repère. »
Le conteur improvisé eut à peine achevé son court récit que Zahrédine sortit de la tente de l’hôte des lieux, cherchant les sœurs de ses prunelles sombres. Une fois ces dernières trouvées, il fit une annonce en direction du groupe :
« Kahina, je dois m’entretenir avec toi.»
Cette dernière se leva et son aînée s’apprêtait à en faire de même, mais Zahrédine l’interrompit dans son élan :
« Non, pas toi. Tu peux rester là. »
Anna se laissa retomber lourdement sur sa couche d’un air désabusé. Elle décida cependant de chercher misère au meneur de la troupe lui lançant, le sourire aux lèvres :
« Ah Zharédine ! C’est un très vilain défaut que la rancune… »
L'intéressé la toisa du regard, impassible, et s’en retourna à l'intérieur. Kahina jeta une œillade à sa sœur qui le remarqua et lui fit un clin d’œil complice en retour. Sa cadette leva les yeux au ciel et d’un pas hésitant, rejoignit Zahrédine dans la tente de l’ermite.
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Camille Jobert
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Il y a 3 ans
La Plume d'Ellen
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Suelnna
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