Hermine Ariane Tecg La Chasse Chapitre 2.1 : Arsène

Chapitre 2.1 : Arsène

Le trajet était — atrocement — long comme s'il n'allait jamais prendre fin. Les putains de mêmes étapes s'enchaînaient et se répétaient.

Arrêt. Appel d'un détenu. Retrait du bandeau, des menottes et du bâillon. Course. Mort. Toutes les proies avaient été abattues en quelques secondes. Un sulfureux mélange de peur et d'excitation ne me lâchait plus. Je n'avais pas envie qu'on appelle mon numéro, mais en même temps je désirais quitter cette – bétaillère – camionnette au plus vite pour tenter de retrouver ma liberté.


J'avais tendu l'oreille lors de chacune des exécutions pour analyser ce qui s'y déroulait. D'après mes estimations ils avaient tous commis la même erreur : courir tout droit sans prendre la peine de faire des changements de trajectoire inattendus et irréguliers. Ils étaient donc des cibles faciles à atteindre. Le bruit des balles traversant leur chair me revint brutalement aux oreilles et fit frissonner chaque morceau de ma peau. Pour éloigner la peur je décidai de me concentrer sur ma stratégie. J'allais courir en alternant les changements de direction au bout d'un nombre de pas toujours différent. Si je parvenais à rester assez imprévisible je pourrais me mettre à couvert avant de choisir une direction. J’étais prêt à courir jusqu’à en perdre haleine.


J'étais persuadé d'avoir toutes les capacités pour réussir. Je n'étais pas un élève sérieux, mais j'excellais en sport. C'était la seule matière où j'obtenais toujours d'excellents résultats. Finalement être un sportif capable de faire un sprint était bien plus utile pour survivre que d'être un intello des maths.


Nous n'étions plus que deux dans le véhicule. L'autre proie, assise en face de moi, était la femme au parfum gourmand. Au vu de la tournure des événements son odeur n'allait pas lui porter préjudice comme j’avais pu l’imaginer. Les chiens n'auraient pas besoin de la flairer pour la traquer car comme tous les autres elle allait sûrement tomber sous le feu des premières balles des chasseurs. Depuis la réunion de l'instructeur en chef mon égoïsme s'était – en partie – évaporé. J'avais pris pitié de cette femme dont je ne savais rien. Sans bâillon je lui aurais – peut-être – même donné des conseils pour qu'elle puisse s'en sortir. L'approche de la mort avait un effet positif sur moi. Elle semblait me rendre meilleur. Je me sentis même coupable d'avoir pensé que son erreur me serait profitable.


Une soudaine secousse me propulsa violemment sur le côté. Mon coude frappa un montant métallique de la banquette sur laquelle j'étais assis. Aussitôt une intense douleur irradia mon corps. Plus nous nous enfoncions dans la forêt plus le chemin devenait impraticable. Le conducteur, qui roulait à vive allure depuis le début, avait été obligé de ralentir. J'estimai avoir la chance de faire partie des derniers à être lâchés. J'avais ainsi eu le temps d'établir une stratégie, mais je savais surtout qu'on allait me lâcher dans une partie des bois où la végétation serait un – peu – plus dense. Plus il y avait d'arbres plus mes chances de survie augmentaient. Je pourrai me cacher derrière eux et les utiliser comme boucliers.

Tu as aimé ce chapitre ?

9

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.