Hermine Ariane Tecg La Chasse Chapitre 1.2 : Crystal

Chapitre 1.2 : Crystal

Je me sentis trahie et choquée comme un enfant qui venait de découvrir que le père Noël n'avait jamais existé. Ma propre nation venait de me tromper. Notre justice était corrompue. Elle n'était qu'un leurre, qu'une façade et je ne le réalisais que maintenant. La proie n'avait pas été traquée. Elle n'avait pas été chassée comme un animal sauvage dans la forêt. Elle avait été exécutée de sang-froid. Le détenu 42B87 venait d'être assassiné par un peloton d'exécution composé de pseudos chasseurs. Il ne pouvait pas s'échapper. Il ne pouvait pas fuir. Ils l'attendaient.


Des larmes inondèrent mes joues. Je ne pus pas les effacer car on m'avait menotté les bras dans le dos. Je sentis alors une main attraper maladroitement la mienne. Sa peau était douce et ses doigts si fins que j’en présumais alors qu’ils appartenaient à une femme. Elle serra fermement ma main comme pour essayer de trouver un peu de réconfort. J'étais incapable de dire si les tremblements provenaient de son corps ou du mien. Une partie de moi fut rassurée de voir que je n'étais pas la seule à être totalement effrayée. Peu importe la raison pour laquelle nous nous étions tous retrouvés ici nous restions des êtres humains. Aucun d'entre nous ne méritait d'être traité de cette façon.


Après un temps qui me parut terriblement long mais qui ne devait même pas l'être, le camion s'arrêta à nouveau. Cette fois nous savions tous ce qui nous attendait. Le seul espoir qui nous restait était d'espérer que ce ne serait pas notre numéro de détenu qui serait appelé.


— 69T47 debout !


La proie descendit. Dès qu'elle fut débarrassée de ses entraves elle se mit à courir sans se poser de questions. Elle avait compris que sa seule chance de survie résidait dans sa rapidité. Le peloton d'exécution l'attendait. Elle devait s'en éloigner le plus rapidement possible tout en évitant ses balles. Dès les premiers coups de feu nous reprîmes la route.


Le rituel se répéta une dizaine de fois. À chaque arrêt mon rythme cardiaque s'emballait car mon tour se rapprochait inéluctablement. Je me mis alors à regretter de ne pas avoir une meilleure condition physique. Je n'avais jamais aimé le sport et n'en avais donc jamais fait. Si par miracle j'échappais au peloton d'exécution, je ne pourrais pas courir ni assez vite ni assez longtemps pour fuir les chasseurs. Finalement je ferais peut-être partie de ceux qui se rendent d'eux-mêmes comme l'avait mentionné l'instructeur.


— 42H02 debout !


La femme qui me tenait la main la serra plus fermement avant de la lâcher. Une peine immense m'envahit. Je ne savais rien d'elle. Ni son prénom ni sa couleur de cheveux ni le moindre bout de son histoire. Malgré cette ignorance je me sentais liée à elle. Notre malheur nous avait rapprochées. Dans d'autres conditions nous aurions peut-être été amies. Je l'entendis descendre avec une lenteur extrême probablement due aux tremblements paralysants qui devaient parcourir ses jambes comme cela était le cas pour les miennes. L'instructeur s'énerva. Il lui demanda vulgairement de se dépêcher. Lorsque j'entendis le cliquetis de ses menottes elle se mit immédiatement à courir. Plusieurs balles furent tirées et nous repartîmes dans un silence de mort. Je priai alors pour la rédemption de son âme.

Tu as aimé ce chapitre ?

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.