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Partie II : Les animaux
L'Homme est un animal sociable. Il a besoin de se lier aux autres individus de son espèce pour pouvoir survivre. C'est uniquement pour cette raison que les premières sociétés vissent le jour. Au cours des siècles elles ont évolué afin de répondre à de nouveaux besoins et faire face à de nouvelles problématiques. Néanmoins, ces changements ont engendré un effet pervers qui ne pouvait être anticipé : l'Homme est devenu dangereux. Il est devenu le prédateur de ses congénères. Les guerres en sont le parfait exemple. Elles sont guidées par des instincts primitifs devenus inutiles et donc qui auraient dû s'estomper avec le temps. Par le combat les hommes montrent leur dominance et marquent leur territoire comme le ferait un loup.
Les premiers regroupements d'individus reposaient sur l'entraide car il était impossible de survivre seul. Cette valeur fondatrice a progressivement disparu au profit de l'égoïsme, de la jalousie et de tous les vices renvoyant à l'individualité. Prenons l'exemple des armes à feu. À partir du moment où chaque homme a pu en posséder une, il n'a plus eu besoin de l'aide de son voisin pour se nourrir. L'allié s'est transformé en concurrent avant de devenir un potentiel ennemi (celui qui pourrait s'emparer de toutes les ressources, celui qui pourrait tuer...). L'homme est devenu méfiant. Il s'est replié sur lui-même transformant ainsi une société construite sur la solidarité en une société reposant sur l’individualisme.
Ce bref, mais néanmoins révélateur point historique nous permet de dire que l'homme n'est pas foncièrement mauvais. Le mal ne provient pas de sa nature. Il s'introduit en lui par le biais de la société. C'est à partir de ce constat que nous nous sommes donc posés plusieurs questions sociologiques. Qu’adviendrait-il d'individus mis à l'écart de notre société ? L'homme redeviendrait-il bon pour pouvoir survivre ?
C'est sur la base de ces interrogations que nous avons mis au point l'expérience sociale de LaHaie. Nous avons réuni dix individus volontaires (cinq hommes et cinq femmes) en pleine forêt durant quatre semaines sans aucune ressource avec pour seul objectif de survivre. Ils avaient une liberté totale quant à la manière de le faire.
Après d’infructueuses tentatives en solitaire les participants ont fini par se réunir. Ils ont construit un abri et amassé des denrées alimentaires avant que les premières tensions n'apparaissent. Deux individus (un homme et une femme) ont alors décidé de quitter le groupe afin d'établir leur propre campement pour ne plus supporter les disputes de plus en plus fréquentes et violentes.
À la fin des quatre semaines de l'expérience le groupe de huit individus avait explosé. Les comportements malfaisants s'étaient multipliés : bagarres, insultes, vols, manipulations… Tous les membres étaient partiellement devenus mauvais. Nous fûmes surpris de constater que pour le groupe de deux personnes rien n’avait évolué de la même manière. Ils étaient encore plus soudés qu'au début et vivaient dans le calme et l'harmonie.
Cette expérience nous a donc permis de comprendre que c'est la société qui rend l'homme mauvais. Toutefois elle ne les rend mauvais que lorsque son nombre dépasse deux citoyens. Nous pouvons donc dire et affirmer que ce triste constat ne présage rien de bon pour notre avenir commun.
Roger LaHaie, « Compte-rendu sur l'expérience de LaHaie réalisée en juin 2022. »
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